Covid-19
Sud-Ouest du 26 mars 2021
Sud-Ouest du 26 mars 2021
La circulation du virus augmente brutalement dans la région
Les derniers chiffres de Santé publique France Nouvelle-Aquitaine sont alarmants. Le taux de circulation du virus frôle désormais les 200 pour 100 000 habitants
La cellule régionale Nouvelle-Aquitaine de Santé Publique France va présenter des chiffres inquiétants pour la région. « Une augmentation brutale sur la dernière semaine, un taux d’incidence qui frôle les 200/100 000 habitants, très exactement 185/ 100 000 », remarque l’épidémiologiste, Laurent Filleul. « La Gironde est le département le plus impacté, mais globalement tous les départements de la Nouvelle-Aquitaine subissent cette poussée de fièvre, même les Pyrénées-Atlantiques, jusque-là épargnées. »
Mauvaise nouvelle donc, même si on voit dans la région de Lyon que ce taux dépasse les 400/100 000 et dans l’Île-de-France jusqu’à 560 actuellement. Il faut rappeler que le gouvernement considère un taux d’incidence comme « l’alerte maximale » à partir de 250 dans un département. Dès lors, il peut faire l’objet de l’élargissement des mesures de restriction, comme actuellement les huit départements d’Île-de-France, les cinq de Hauts-de-France, l’Eure, la Seine-Maritime, et les Alpes-Maritimes. Une liste qui n’est pas prête de s’arrêter en chemin.
Au CHU de Bordeaux, les signaux sont également au rouge cette semaine. La dernière cellule de crise qui s’est tenue mardi a fait état de la présence de 140 patients Covid hospitalisés dont 46 en réanimation. Il y a quinze jours, 100 patients Covid étaient hospitalisés dont 30 en réa. « L’augmentation brutale a été observée cette semaine », précise le directeur général du CHU de Bordeaux, Yann Bubien. « Et nous devons déjà passer au stade supérieur en termes d’organisation, à commencer par augmenter la capacité de lits d’hospitalisation et de lits en réa. Pour cela, nous allons initier une déprogrammation d’interventions, dès la semaine prochaine, des opérations non urgentes, sans toucher aux greffes, aux cancers bien entendu. Je suis très inquiet pour les quinze jours à venir, au regard des résultats des tests PCR qui arrivent de plus en plus positifs. »
La bronchiolite repart
Le CHU de Bordeaux réalise près de 1 000 vaccinations quotidiennes (Pfizer) et le directeur général estime qu’un nouvel élan vaccinal est en marche, ce qui est encourageant pour la suite. « Tant mieux, nous allons monter en puissance côté vaccination, parce que compte tenu du retour de tests PCR positifs, nous savons qu’avec une semaine ou deux de décalages, les patients affluent derrière, d’où notre inquiétude pour les semaines à venir. La prise en charge en réanimation a certes fait d’énormes progrès, mais en l’absence de thérapie antiCovid, le meilleur médicament reste la prévention et en l’occurrence la vaccination. »
Sans oublier les gestes barrières. Laurent Filleul, patron de Santé publique France à Bordeaux, soupçonne un sérieux lâcher-prise autour des fameux gestes de protection : lavage des mains régulier, gel hydroalcoolique, distanciation et port du masque. En effet, Santé Publique France signale une épidémie inédite de bronchiolite chez les nourrissons dans la région. Jamais une épidémie de bronchiolite n’a lieu si tard dans l’année : « En 2020, il n’y a pas eu d’épidémie de grippe, ni de gastro, ni de bronchiolite », remarque Laurent Filleul. Et pour cause, les gens observaient de façon sérieuse les gestes barrières. Le virus responsable de la bronchiolite (VRS, virus respiratoire syncytial) se transmet facilement d’une personne à une autre par la salive, la toux et les éternuements. Il peut aussi rester sur les mains et les objets. Les adultes et les grands enfants qui sont porteurs du VRS n’ont habituellement aucun signe ou ont un simple rhume. Ainsi, beaucoup de personnes transportent le virus et sont contagieuses sans le savoir. « Ces virus se transmettent par les postillons, les mains notamment, exactement, comme le Covid. Ces maladies ont été contenues en 2020. Aujourd’hui, l’épidémie de bronchiolite est sans doute le signe que les gens ont baissé la garde. C’est une hypothèse, mais cela pourrait aussi expliquer la poussée brutale des taux d’incidence, taux de positivité et hospitalisations de Covid actuellement. »
Vaccination : effet positif
On ne serait pas exhaustif si on omettait une petite lueur d’espoir dans ce tableau déprimant. Les dernières statistiques de Santé publique France pour la Nouvelle-Aquitaine expriment un taux d’incidence du Covid très ralenti chez les personnes âgées. Et cela pourrait être un des premiers effets positifs liés à la vaccination. Car ce jour, selon l’Agence régionale de santé de Nouvelle-Aquitaine, 95 % des personnes âgées vivant en Ehpad ont reçu au moins leur première dose de vaccin. Plus de vaccins, des gestes barrières à nouveau contrôlés, beaucoup de patience et peut-être retrouverons-nous une vie sociale digne de ce nom, sans passer par la case néo-confinement ?