Covid-19
Sud-Ouest du 28 février 2021
Confinement : « S’il faut en passer par là »
Nice et Dunkerque ont inauguré le confinement des samedi et dimanche, qui guette d’autres grandes villes et départements. Jean Castex appelle à renforcer les contrôles
Contrôle de police sur la plage de Nice, samedi, lors de ce premier week-end de confinement. PHOTO AFP
Nice avait de nouveau une allure de ville fantôme, samedi, avec une promenade des Anglais et des rues désertées. Ses habitants ont accueilli avec résignation leur premier week-end de reconfinement pour endiguer l’épidémie de Covid-19. « Il faut faire quelque chose, ça augmente dans la région, le Covid » , admet Charlie Kentish, venu rapidement au petit matin humer l’air de la mer Méditerranée. Cet Anglais installé dans la cinquième ville de France depuis trente ans s’apprête ce week-end, à « jouer beaucoup de Playstation » avec ses trois garçons de 15 à 19 ans, confinés à domicile avec des sorties limitées.
« Cela ne me dérange pas »
Face à la flambée de l’épidémie dans certaines régions de France, un reconfinement partiel le week-end, en vigueur depuis ce samedi, 6 heures du matin, a été décidé pour Nice et les habitants de la Côte d’Azur, de Menton à Théoule-sur-Mer, ainsi que pour Dunkerque et son agglomération.
« S’il faut en passer par là pour qu’on puisse avoir un peu plus de libertés par la suite, pourquoi pas ? », commente Frédérique Duval, designer de vêtements. « Cela ne me dérange pas d’être confinée à partir du moment où il y a les résultats », ajoute cette femme de 51 ans.
« Beaucoup de gens sont partis dans l’arrière-pays pour échapper à ce confinement. Il n’y a personne dehors. C’est peut-être pire que le premier confinement », constate également Joseph Scriva, fleuriste, gérant d’une jardinerie dans le quartier du Vieux-Nice.
Place Masséna, le commissaire de police Olivier Malaver fait le point sur les contrôles en cours. « Fini la pédagogie, répression pour les personnes qui seraient en infraction, promet-il. Mais pour l’instant, le confinement est très bien respecté à Nice », se félicite-t-il, alors que la grande avenue Jean-Médecin voisine est quasiment vide.
Irréductibles du carnaval
Place Garibaldi, quelques irréductibles ont toutefois décidé de fêter Carnaval, une tradition bien ancrée à Nice. « On a décidé de le déclarer en tant que manifestation revendicative, pour alerter sur les personnes en détresse psychologique à cause de la crise actuelle », explique l’un des organisateurs.
« Les gens ont besoin de se changer les idées, de retrouver le sourire, de fêter quelque chose », se justifie-t-il. Mais une escouade de policiers débarque pour verbaliser tout ce petit monde, en leur expliquant que la manifestation n’est pas autorisée.
Ce week-end, sur tout le littoral des Alpes-Maritimes et, à l’autre bout du pays, dans toute la communauté urbaine de Dunkerque, les déplacements non justifiés par un motif dérogatoire sont donc interdits. Il faut à nouveau se munir d’une attestation pour se promener une heure, dans un rayon maximal de 5 km. Seuls sont ouverts les commerces dits essentiels, dont font désormais partie les librairies.
Ce nouveau tour de vis local a été décidé après un fort rebond de l’épidémie dans ces zones, qui a mis les hôpitaux sous haute tension. À l’hôpital de Dunkerque, l’ensemble des lits de réanimation était occupé jeudi, avec 70 % de patients Covid et plus de 60 transferts de patients en réanimation ont déjà été organisés ces derniers jours vers d’autres hôpitaux de la région, selon la préfecture du Nord et l’Agence régionale de santé (ARS).
Les confinements sont en vigueur pour au moins deux week-ends à Nice et Dunkerque. D’autres territoires pourraient suivre la semaine prochaine, car l’épidémie gagne à nouveau du terrain, renforcée par les variants du coronavirus, dont le variant anglais, considéré comme plus contagieux et qui représentait 49 % des nouveaux cas de contamination la semaine du 15 février, selon Santé publique France.
Contrôles renforcés
Ce samedi matin, une réunion en visioconférence entre Jean Castex, les ministres de la Santé et de l’Intérieur, les préfets des 20 départements où l’épidémie de Covid-19 menace de flamber et les directeurs généraux des Agences régionales de santé des zones concernées, avait précisément pour objet de donner le cadre des concertations qui seront ensuite menées avec les élus de ces territoires, couvrant notamment les Bouches-duRhône et le Rhône, ainsi que les huit départements de la région parisienne.
Le Premier ministre a demandé aux préfets de renforcer les contrôles des mesures en vigueur, dont les couvre-feux, en rappelant que l’objectif est de « tout faire pour éviter un confinement national ».