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21 février 2021

Covid-19

Sud-Ouest du 21 février 2021 

Bras de fer sur la stratégie 

Le président s’est affranchi des avis des scientifiques en refusant le reconfinement. Mais ceux-ci l’attendent au tournant

2021 02 21 brasPour le moment, le président et son Premier ministre gagnent leur pari : ne pas reconfiner, en évitant l’explosion des cas de Covid dans le pays. AFP 

Le Conseil scientifique s’est enrichi cette semaine de quatre nouveaux membres. Il comptera désormais, entre autres, un vétérinaire, une pédopsychiatre et un gériatre. De quoi aider cette instance à prendre en compte les dégâts collatéraux des confinements et autres mesures restrictives, elle qui, dominée jusqu’à présent par les infectiologues, n’a eu de cesse de plaider l’enfermement des Français, jusqu’à inventer un nouveau concept : le confinement préventif. 

«Il faut faire confiance à ceux qui savent », expliquait il y a un an Emmanuel Macron, quand l’épidémie prenait tout le monde de court et que les médecins remplaçaient les politiques sur les plateaux de télévision. Cette confiance s’est beaucoup érodée. Elle s’est muée au fil des mois en agacement, même si le président continue à consulter et à écouter tout le monde. Fin janvier, son entourage fustigeait ces « Cassandre qui décaissent sur les plateaux de télévision » et qui « paniquent » les Français en essayant de « préparer les mentalités » à un nouveau confinement. 

Le 29 janvier, jour où Emmanuel Macron a pris la décision de ne pas reconfiner, restera sans doute comme une date essentielle du quinquennat, celle d’une émancipation vis-à-vis du corps médical et scientifique. Un peu comme ces journées de 2016 au cours desquelles le jeune ministre de l’Économie s’était affranchi de la tutelle de François Hollande. 

Le pari des écoles 

Le président a aussi une force, que soulignent à l’envi ses proches : « Lui, au moins, il travaille ». Sous-entendu : au contraire de ces scientifiques qui passent le plus clair de leur temps sur les plateaux télé. « Il les challenge tous, au Conseil scientifique, s’esbaudit l’un de ses visiteurs. S’il passait demain son diplôme d’immunologie, il arriverait premier à l’agrégation ! » 

Le chef de l’État a beaucoup consulté avant de renverser la table. Ses amis l’ont mis en garde : « L’axe que tu as pris, c’est celui de sauver des vies quoi qu’il en coûte », lui a rappelé l’un d’eux. Réponse du président : « C’est vrai, mais il faut voir la question sous tous ses aspects, regarder la souffrance de manière globale. Je ne suis pas sûr que la pire souffrance soit immédiate. » Macron aime à dire qu’il a « pris son risque ». « Il a plutôt eu de la chance », corrige cet ami. 

Le pari est pour l’heure en voie d’être gagné, même si au sein de l’exécutif, on reconnaît volontiers « naviguer à vue ». « Chaque jour gagné est important », souffle-t-on à Matignon, où l’on se félicite surtout de ne pas avoir fermé les écoles depuis le mois de juin, alors que les petits Italiens en sont privés depuis un an. 

Des médecins désavoués 

L’a-t-on remarqué ? Le gouvernement n’a publié aucun avis du Conseil scientifique depuis… le 13 janvier. Son président, Jean-François Delfraissy, se fait plus discret et épouse avec pragmatisme les évolutions du pouvoir exécutif. Seul Arnaud Fontanet continue de nous promettre des mois de mars et avril « très durs », après avoir dit la même chose pour les mois de janvier et février… Une manière de prendre date, pour ces grands médecins qui se sont sentis désavoués, ce dont ils n’ont guère l’habitude dans l’exercice de leur profession ? 

« Les scientifiques ont une joie maligne, analyse un proche du président. Ils se disent que les politiques ont fait les malins mais qu’ils seront obligés de venir à résipiscence. » 

Mars « compliqué » 

Le pouvoir exécutif ne veut pas pour autant laisser s’ancrer l’idée qu’il aurait été sous la coupe des scientifiques et qu’aujourd’hui les considérations sanitaires ne primeraient plus. « Le politique n’a jamais perdu sa prééminence », assure-t-on à Matignon. « Le Premier ministre n’a jamais eu le sentiment d’avoir été aux ordres des scientifiques. » Jean Castex le martèle volontiers : « Le critère sanitaire sera toujours en tête, mais il ne sera jamais le seul ». 

Alors que le pouvoir s’attend lui aussi à un mois de mars « compliqué », Jean Castex (qui passait pour avoir prôné un reconfinement, ce qu’il dément) se félicite, chaque jour, de ne pas avoir recouru à une telle extrémité, alors que la situation ne l’exigeait pas. On récuse en haut lieu toute idée de stratégie « zéro Covid » qui passerait par un confinement strict et préventif – une obsession. « On ne peut plus dire aux Français : confinons-nous une fois pour toutes et ce sera la dernière. Avec les variants, on n’en finirait pas. Et les expériences à l’étranger devraient nous inciter à être prudents ». 

Le bras de fer entre scientifiques et politiques n’en finit pas de muter, lui aussi. Et il est parti pour durer.

2021 02 21 SO Nice sous la menace d'un confinement partiel

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2021 02 21 SO En bref

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