Grippe aviaire
Sud-Ouest du 21 février 2021
Transmission de grippe aviaire : « Il faut rester très prudent »
Samedi, la Russie a annoncé avoir détecté le premier cas de transmission du virus à l’homme. Dans le Sud-Ouest, les autorités sont sur le qui-vive
L’information a fait le tour du monde : de nombreux pays, dont la France et son Sud-Ouest, sont touchés par cet autre virus. La Russie a annoncé avoir détecté le premier cas au monde de transmission à l’être humain de la souche H5N8 de la grippe aviaire, en précisant que les sept personnes « contaminées dans une usine de volaille se sentent bien ». Si la souche H5N8 a « franchi la barrière inter-espèce » en se transmettant de l’oiseau à l’homme, « ce variant du virus ne se transmet pas d’une personne à l’autre à l’heure actuelle », a précisé Anna Popova, à la tête de l’agence sanitaire russe. Et d’estimer que cette détection « donne au monde entier le temps de se préparer » en créant des tests et un vaccin, « dans le cas où ce virus deviendrait plus pathogène et plus dangereux pour l’homme ».
Dans les Landes, où le virus a obligé les autorités à euthanasier plus de 2 millions de palmipèdes depuis décembre, pour enrayer la progression du virus, cette annonce a fait grand bruit. Mais les autorités se veulent rassurantes : samedi soir, les ministres de l’agriculture et de la santé ont rappelé qu’en France, « aucune des analyses n’a montré de propriétés laissant craindre un risque de transmission à l’homme du virus ».
Analyse attendue en France
L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) va étudier et comparer ce virus russe. En attendant, la « stratégie de dépeuplement continuera d’être appliquée sur toute nouvelle suspicion dans le Sud-Ouest » pour juguler le risque de dissémination du virus.
Joint par « Sud Ouest », Jean-Luc Guérin, professeur à l’École nationale vétérinaire de Toulouse (ENVT), estime que les données sont encore trop parcellaires. « Il faut qu’on reste très prudents. Trouver du matériel génétique dans les voies respiratoires quand on travaille avec des volailles infectées, c’est une chose. Démontrer qu’il s’agit d’une infection, c’en est une autre. » L’enjeu est de savoir si on trouve des charges virales significatives chez les malades, et des anticorps, par exemple. « J’attends d’avoir d’autres éléments pour qu’on puisse évaluer s’il y a franchissement de la barrière d’espèce ou pas. On ne peut pas dire : ça y est, le virus se transmet à l’homme, sur la base de d’éléments aussi fragiles. » L’OMS doit encore se positionner sur cette annonce.