Covid-19
Sud-Ouest du 2 décembre 2020
Un plan de vaccination en deux temps
COVID-19 Le Premier ministre doit présenter demain la stratégie vaccinale pour enrayer l’épidémie. Mais dès hier, le chef de l’État en a dévoilé les grandes lignes
Emmanuel Macron a tenu, hier,une conférence de presse avec le Premier ministre belge Alexander De Croo. PHOTO AFP
Alors que le Premier ministre présentera demain sa stratégie de vaccination contre le Covid19, Emmanuel Macron en a dévoilé, hier, les grandes lignes, à l’occasion de sa rencontre, à l’Élysée, avec le Premier ministre belge Alexander De Croo. Interrogé sur ce point, lors d’une conférence de presse donnée à l’issue de leur entretien, le chef de l’État a déroulé un scénario en deux temps.
«Il y aura une première phase qui commencera dès que possible, c’est-à-dire dès qu’il y aura eu homologation des autorités sanitaires européennes et la fourniture des doses », a-t-il expliqué, soulignant que cet acteI débutera «vraisemblablement entre fin décembre et début janvier» Conformément, donc, aux prévisions de la recherche mondiale.
Ces dernières semaines, en effet, les principaux laboratoires ont multiplié les annonces prometteuses concernant l’arrivée imminente de ces précieux vaccins. Hier, l’Agence européenne des médicaments (EMA) a ainsi annoncé qu’elle organisera une réunion extraordinaire « au plus tard » le 29 décembre pour donner, ou pas, son feu vert à la commercialisation du vaccin développé par l’allemand BioNTech et l’américain Pfizer. Par ailleurs, une réunion se tiendra également d’ici le 12 janvier pour examiner une autre demande de mise sur le marché : celle déposée par le laboratoire américain Moderna.
Les plus fragiles d’abord...
En France, comme l’a indiqué Emmanuel Macron, cette première phase de vaccination sera «très ciblée ». Et menée principalement en direction des « publics les plus sensibles». Comme l’a précisé, Jean Castex, hier, à l’Assemblée nationale, les personnes âgées résidant en Ehpad seront vaccinées en priorité. Précisément ce qu’a recommandé, lundi, la Haute autorité de santé (lire notre édition d’hier). L’objectif est limpide : éviter toute nouvelle menace de saturation des services de réanimation des hôpitaux. Ces derniers mois l’ont montré : face au Covid, l’âge, le diabète, le surpoids ou encore l’hypertension artérielle sont autant de facteurs aggravants.
Dans le détail, ce public ciblé bénéficiera des vaccins dits de « première génération» sur lesquels, le chef de l’État ne l’a pas caché, « on a peu de recul». À ce stade, ces derniers demandent des conditions de conservation et de logistique particulières : « De -80°C à -20°C », a-t-il précisé. Au-delà, le locataire de l’Élysée a été clair : «Ce ne sera pas une politique vaccinale grand public.» Comme l’expliquera le Premier ministre demain, la priorité ne sera alors pas là.
... le grand public ensuite
Une fois les plus fragiles vaccinés, s’ouvrira alors la deuxième étape. Et celle-ci devrait s’étendre d’avril à juin. Soit du printemps au début de l’été. Et, contrairement à la première, cette séquence promet d’être «plus large et plus grand public », pour reprendre les mots d’Emmanuel Macron.
Toutefois, alors que ce sujet nourrit des doutes et une certaine inquiétude dans l’opinion, le chef de l’État l’a rappelé hier : « Nous n’aurons pas une stratégie de vaccination obligatoire. Mais, a-t-il poursuivi, on cherchera à vacciner le plus grand nombre par une stratégie de conviction et de transparence.»
À cet égard, demain, le Premier ministre en dira certainement plus sur le comité scientifique qui doit être mis en place pour assurer le suivi de cette campagne de vaccination. Il sera aussi attendu sur la création d’un collectif citoyen dont le but sera « d’associer plus largement la population », comme l’a indiqué Emmanuel Macron, le 28 novembre, lors de la présentation du plan de déconfinement.
Enfin, hier, le chef de l’État l’a souligné : les commandes de vaccins ont été assurées au niveau de l’Union européenne. Et ce, afin d’éviter toute concurrence interne en termes d’approvisionnement. « Nous avons agi en Européens pour réserver les doses et les produire en Europe.»