Réchauffement climatique

Sud-Ouest du 15 septembre 2020 

Encore un soleil de plomb fondu 

MÉTÉO Après une journée étouffante, dimanche, dans le Pays basque intérieur, des températures record ont été relevées hier. C’est surtout la fréquence des vagues de chaleur qui interroge

Le ciel a de nouveau branché le sèche-cheveux. S’il est encore un peu tôt pour analyser les données, il est probable que les températures maximales relevées hier dans l’Hexagone forment une moyenne égale ou supérieure à 33°C. Ce n’est jamais arrivé au mois de septembre. Le record en la matière datait du 5 septembre 1949, avec 32,6°C. 

Il faudra donc confirmer qu’il a été battu à l’échelle nationale. Localement, de nombreux records sont tombés, avec parfois une grosse marge. En Île-de-France, on a ainsi dépassé 34 °C. À Roissy, au nord de Paris, le précédent record a été dépassé d’1,5 °C. Même constat dans la direction opposée, à Orly. 

En revanche, la chaleur étouffante qui a enveloppé la NouvelleAquitaine ne s’est pas forcément traduite par des records mensuels. Les vagues de chaleur de septembre 2005 et de septembre 2016 y ont laissé des marques durables (voir l’infographie). 

C’est à Cognac, en Charente, que la température maximale s’est rapprochée de la plus haute jamais enregistrée en septembre : 36,3 °C contre 36,4°C le 17 septembre 1945. Arrêtée à 17 heures, la valeur est provisoire. Elle pourrait être légèrement corrigée. Pour le reste, il a fait 36,4°C à Mont-de-Marsan, 36°C à Pau, 35,9 °C à Bordeaux, 35,8 °C à Biarritz, 35,2° à Agen et 35,1 °C à Bergerac. Il a fait presque frais à La Rochelle, avec un petit 31,4 °C sous influence maritime. 

Plus largement, la chaleur a été accablante sur une large diagonale qui, partant du Sud-Ouest, s’est évasée vers le centre et l’est de la France. La sécheresse impitoyable qui y sévit depuis des semaines a eu pour effet corollaire d’y doper l’envolée du thermomètre. Des températures inédites pour cette période de l’année ont ainsi été notées dans de nombreuses villes, dans la vallée de la Loire (Orléans, Tours, Blois), à Poitiers avec 34,9 °C ou dans l’est, à Troyes (Aube) et à Saint-Dizier (HauteMarne). Le thermomètre a même affiché 32,2°C à Brest, cité bretonne peu réputée pour sa touffeur insoutenable. Selon Météo France, c’est tout le Nord-Finistère qui a connu sa journée la plus chaude de l’année. 

La fréquence s’accélère 

Comme l’indiquait hier Météo France sur son fil Twitter, ce ne sont pas les records d’un jour qui sont les plus significatifs. « Si ce type d’épisodes s’est déjà produit par le passé, on constate avec le changement climatique que ces derniers se répètent de plus en plus souvent.» Ainsi, la chronique a retenu sept journées du mois de septembre dont la température moyenne (minimales et maximales sur l’ensemble du territoire) a été égale ou supérieure à 23 °C entre 1948 et 2000. Depuis, en l’espace de vingt ans seulement, l’événement s’est déjà répété à neuf reprises. 

La succession des vagues de chaleur du mois de septembre dans le Sud-Ouest illustre cette tendance avérée. On étouffait il y a quatre ans, en 2016. En 2011, une vague de chaleur exceptionnellement tardive avait frappé la région pendant quelques jours à la charnière des mois de septembre et d’octobre. Il avait notamment fait 31,4°C à Bergerac le 30 septembre. 

Le souvenir de septembre 1987 

Avant septembre 2005, qui a laissé de nombreux records dans son sillage, il faut remonter à la mi-septembre 1987 pour retrouver de tels niveaux de température. C’est à cette vague de chaleur, qui a duré quatre jours, que Bordeaux doit encore son record mensuel. Plus loin dans le temps, des épisodes aussi singuliers ont déboulé en 1970, avec un record mensuel qui tient toujours à Pau, en 1961 (34,1°C à Bordeaux le 1er septembre) ou en 1945. Au vu de l’accélération de l’histoire climatique, il est raisonnable de penser que les records du siècle dernier ne passeront pas les décennies à venir.