Baïnes et vagues de bord sont un véritable danger
Sud-Ouest du 22 août 2020
Sud-Ouest du 22 août 2020
«C’est toujours l’océan qui commande»
LITTORAL Baïnes et vagues de bord sont un véritable danger. Jeudi, un père et sa fille de 17 ans se sont noyés en Gironde. Les CRS-nageurs sauveteurs rappellent les consignes de sécurité
En dehors de la surveillance, les sauveteurs multiplient les exercices (photo de gauche). PHOTOS ARC. « SO » ET SICOP
C’est une journée de vacances qui a tourné au cauchemar. Jeudi après-midi, endeuillant une famille de vacanciers de Saôneet-Loire qui séjournait dans le Médoc. Le père, âgé de 46 ans et sa fille de 17 ans se sont noyés, emportés par un courant de baïne.
Un second enfant de 13 ans de cette même famille a aussi disparu dans l’océan. Hier, les recherches des gendarmes de la compagnie de Lesparre ont repris sur la plage de Carcans et l’hélicoptère de la section aérienne de la gendarmerie de Mérignac a survolé la zone, en vain. Le bilan est très lourd. Seuls rescapés : la mère et son autre garçon de 10 ans, restés sur le sable.
«C’est un drame, nos sauveteurs sont sous le choc », confie le capitaine Pascal Gensous, chef du bureau des missions spécialisées à la direction zonale des CRS sud-ouest à Bordeaux.
Comme de nombreux estivants ne connaissant pas les dangers du littoral atlantique, cette famille de Mâcon a été piégée par un courant de baïne contre lequel, même les meilleurs nageurs ne peuvent pas lutter. Le père et ses enfants ont été aspirés vers le large, probablement à très grande vitesse. Ils ont vraisemblablement paniqué et quand des surfeurs qui pratiquaient sur le secteur les ont vus, il était trop tard. À l’image d’une majeure partie de vacanciers, les parents et leurs enfants avaient posé leurs serviettes sur une plage tranquille où il y avait peu de monde. Mais l’endroit était non surveillé. « Cette catastrophe est la conséquence d’une méconnaissance de la réalité », poursuit le capitaine Gensous. «Les dangers ne sont pas toujours visibles car les estivants n’ont pas la capacité de lire l’océan.»
Se laisser emporter
Jeudi, le soleil était au zénith et la température de l’air caniculaire. Les conditions anticycloniques étaient accompagnées d’une forte houle. La plage du Crohot-des-Cavales au nord de Carcans paraissait semble-t-il plus abritée. Le père et ses deux enfants ont vu une eau plus calme en apparence qu’ailleurs et l’absence de grosses vagues en bordure les a probablement attirés. Mais le piège s’est refermé sur eux. Car la baïne qui signifie bassine ou cuvette en patois local, évolue au gré de la marée. Et lorsque cette dernière est haute, quand le niveau de l’eau devient supérieur à celui de l’océan, la cuvette se vide soudainement en créant un courant qui attire le baigneur vers le large. « Plus on a de grosses vagues et un coefficient élevé, plus les baïnes sont dangereuses, explique le major Dominique Hazera, CRS-nageur sauveteur (CRS-NS) qui supervise les onze postes de secours du littoral girondin. Il est alors très difficile de rejoindre le bord sans risquer de s’épuiser voire de se noyer si l’on tente de lutter. Il faut savoir que les baïnes sont surtout dangereuses aux trois premières heures de la marée montante et aux trois dernières de la marée descendante. Quand on est pris dans un courant, il ne faut pas craindre de se laisser emporter pour sortir de la zone dangereuse plusieurs centaines de mètres plus loin en la contournant.»
Jusqu’à jeudi, les CRS-NS ne déploraient aucune noyade sur le littoral girondin. En une journée, le bilan a, hélas, rattrapé celui de la saison dernière. «Il ne faut pas oublier que c’est toujours l’océan qui commande», rappelle le capitaine Gensous. « On ne le répétera jamais assez mais pour être en sécurité, il est impératif de se baigner dans les zones surveillées matérialisées par des flammes bleues. En règle générale les nageurs sauveteurs sont présents à leur poste de 11 heures à 19 heures.»
Le danger des vagues de bord
Les baïnes ne constituent cependant pas les seuls dangers de l’océan. Les vagues de bord ou shore break peuvent être aussi redoutables. Si celles de faible amplitude peuvent être amusantes, lorsque l’on plonge dedans, en revanche des vagues plus fortes sont susceptibles de blesser gravement en raison de leur sommet puissant. Le shore break est redouté car il frappe dans peu d’eau et projette très lourdement sur le sol les personnes qui se retrouvent dedans. Les blessures sont souvent extrêmement graves et touchent en particulier la colonne vertébrale et les cervicales. « Les victimes peuvent se retrouver tétraplégiques », prévient le major Hazera.
La vague de bord qui déferle et éclate près de la plage est l’une des principales causes d’accidents à l’océan.