Sécheresse
Sud-Ouest du 13 août 2020
Les orages arrivent, entre crainte et espoir
MÉTÉO De fortes pluies ont arrosé Gironde et Charente-Maritime dans la nuit de mardi à mercredi et devaient s’étendre dès hier soir à toute la région. Un épisode aussi attendu que redouté
À Bordeaux, mardi soir, il est tombé 26mm . PHOTO T. DAVID/«SUD OUEST »
Tout le monde n’a pas été servi, loin de là. En Nouvelle-Aquitaine comme ailleurs en France, des orages éclatent ponctuellement depuis le début de la semaine mais sont loin d’arroser l’intégralité du territoire. Mardi en fin d’après-midi, la dégradation orageuse dans la région a surtout traversé la Gironde. Arrivée de l’océan sur une trajectoire sud-ouest/nord-est, une ligne d’orages a abordé le bassin d’Arcachon vers 18 h 30. Elle s’est propagée vers l’agglomération bordelaise deux heures après. Des cellules se sont formées un peu plus tard dans la nuit sur la frange côtière de la Charente-Maritime. Une nouvelle vague pluvieuse a touché le nord des Landes, une partie de la Gironde et de la Charente-Maritime en fin de nuit et s’est évacuée par le nord.
Plus de 26 mm à Bordeaux
Hormis quelques dégâts très localisés sous les rafales, les fortes averses ont fait un bien fou à la végétation qui criait grâce. À Bordeaux, avant l’orage de mardi soir, il était royalement tombé 3 millimètres d’eau depuis le 1 er juillet. Pour le seul mois de juillet, la normale pluviométrique y est de 50mm. L’orage a déversé plus de 26mm dans la nuit.
La sécheresse frappe l’ensemble de la région avec peu ou prou la même intensité depuis le début de l’été. Du 1er juillet au 10 août, la station Météo France de La Rochelle/île de Ré a enregistré 2,4mm de pluie. Sur la même période, on a relevé 6,7 mm à Agen/La Garenne et 4,4 mm à Mont-de-Marsan, c’est-à-dire quasiment rien. Seul le littoral basque a bénéficié de quelques pluies au cours des premiers jours de juillet.
Le fourrage vient à manquer
La sécheresse historique des sols superficiels sur une large partie de l’Hexagone fait peser de lourdes menaces sur l’élevage, privé de ressources fourragères. Hier, le ministère de l’Agriculture a étendu à quinze nouveaux départements l’autorisation donnée aux exploitants de valoriser leurs jachères et d’y prélever les végétaux nécessaires à l’alimentation de leurs troupeaux. En Nouvelle-Aquitaine, la Corrèze, la Dordogne et le Lot-et-Garonne sont éligibles.
S’il est sans doute trop tard pour la repousse des prairies, les orages qui devaient éclater hier soir sur une large partie ouest de la France pourront au moins renvoyer un peu d’eau de ruissellement dans le chevelu des cours d’eau, où les assecs se multiplient. Hier, 75 départements étaient concernés par des arrêtés de réduction des prélèvements en eau. Dans la région, la Charente, la Dordogne et le Lot-et-Garonne sont les départements les plus touchés.
Sud-Ouest du 13 août 2020
Les nappes phréatiques résistent
HIVER/PRINTEMPS Les pluies abondantes avant l’été garantissent un niveau satisfaisant
En période de sécheresse et de canicule, l’eau se stocke très mal en surface, où elle s’évapore. Elle résiste en revanche très bien dans les aquifères souterrains, qui alimentent les rivières et fournissent la manne des prélèvements en eau potable et agricole. C’est la démonstration qu’apportent les sols français cette année. Alors que le déficit pluviométrique est criant depuis le début de l’été (lire ci-contre), les nappes phréatiques peuvent continuer à jouer leur rôle sur une bonne partie du territoire grâce à des précipitations très soutenues en hiver et au printemps derniers.
Publié hier, le bulletin de situation au 1er août du BRGM (Bureau de recherche géologique et minière) atteste la situation plutôt favorable de la ressource sur le quart Sud-Ouest de la France, du Massif central aux Pyrénées. « Les nappes alluviales, du plio-quaternaire, des calcaires de Vendée et du bassin Adour-Garonne ont bénéficié d’une recharge hivernale abondante et d’apports exceptionnels en mai et en juin», note le BRGM.
Si leur niveau s’est orienté à la baisse en juillet, il reste globalement «au-dessus, voire très au-dessus dans le bassin aquitain, de ceux constatés l’année précédente à la même époque», ajoutent les spécialistes. Ceci n’a pu empêcher le tarissement de ruisseaux et de rivières sous la double pression de la sécheresse impitoyable et des prélèvements agricoles.
Sur toute la frange orientale de l’Hexagone (en Alsace et dans le couloir rhodanien), la situation s’avère nettement plus sombre. Les nappes affichent des niveaux bas alors que les cieux se montrent exceptionnellement chiches en pluie. Double peine.