Covid-19
Sud-ouest du 10 août 2020
Sud-Ouest du 10 août 2020
Il y a le ciel, le soleil et… le masque
Rues bondées, parcs, jardins, plages, marchés ou sites touristiques : il était déjà obligatoire dans des dizaines de villes du pays, dont La Rochelle, Bayonne, Biarritz, Anglet (64), Hossegor, Biscarrosse ou Mimizan (40) dans notre région. Ainsi que sur la dune du Pilat et probablement Bordeaux, d’ici quelques jours. La liste n’a pas cessé de s’allonger toute la semaine dernière. Depuis ce matin, 8 heures, la capitale a rejoint le peloton où figurent déjà Marseille, Lille, Nice ou Toulouse, sans oublier Laval, la préfecture de la Mayenne, département durement touché par une reprise du Covid-19, en attendant sans doute une extension à l’ensemble du pays.
À la demande d’Anne Hidalgo, le préfet de police Didier Lallement rend donc le masque obligatoire dans de nombreuses artères ou places de Paris, ainsi que le long du canal Saint-Martin, soit les sites les plus fréquentés et les plus touristiques, à l’exception cependant des Champs-Élysées en raison de leur longueur et de leur largeur. La même mesure est mise en place dans certaines communes des Hauts-de-Seine et du Val-de-Marne. L’Ile-de-France affiche un taux de tests positifs de 2,4 %, supérieur à la moyenne nationale de 1,6 %. Comme ailleurs, les amendes de 135 euros ne tomberont pas tout de suite sur la tête des récalcitrants ou des distraits avec une période «pédagogique » de quinze jours.
Hausse des tests positifs
Le port du masque dans un lieu public « clos » est déjà obligatoire sur tout le territoire national depuis le 20 juillet, décision prise par le Premier ministre Jean Castex. Mais l’état des lieux sanitaire dans le pays reste préoccupant avec des augmentations de tests positifs de plus de 30 % chaque semaine (2 288 cas ont été annoncés vendredi, une progression inédite depuis mai), particulièrement chez les jeunes, âgés de moins de 30 ans, à l’image de ces milliers de fêtards, rassemblés, hier, sur un causse de Lozère – un public difficile à convaincre (lire par ailleurs). Le nombre des hospitalisations ne s’affole pas, mais les foyers de cas regroupés (« clusters »), même sous contrôle, se multiplient. «La situation paraît contenue mais elle reste très fragile», a résumé le professeur Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique, hier dans le «Journal du Dimanche ». Selon lui, « l’obligation du port du masque à l’extérieur simplifierait le message gouvernemental et va s’imposer naturellement». Un sondage Ifop révèle que 64 % des Français souhaitent que le port du masque devienne obligatoire dans un lieu public ouvert. À la mi-juillet, ils n’étaient que 44 % à réclamer une telle mesure, selon un autre sondage Ifop.
Éviter une reprise incontrôlée
Il n’est donc pas exclu que le Conseil de défense qui doit se réunir cette semaine (comme Emmanuel Macron l’a annoncé le 6 août) étendre la mesure à l’ensemble du pays alors qu’elle est encore la prérogative des préfets, en concertation avec les maires.
L’enjeu : éviter que la situation bascule vers une reprise «incontrôlée », selon un avis du Conseil scientifique rendu la semaine dernière. Même si le masque n’est pas un «totem d’immunité » comme disait le ministre de la santé Olivier Véran à «Sud Ouest», et que le gouvernement insiste sur le besoin de respecter les gestes barrières, se couvrir la bouche et le nez permet de contenir la diffusion d’un virus dont on connaît aujourd’hui l’aspect aéroporté.
La canicule actuelle ne rend pas le masque très populaire. Mais le mouvement anti-masques n’a pas, en France, les répercussions que souhaitent ses adeptes. L’hostilité est plus répandue aux États-Unis où elle comptait Donald Trump parmi ses porte-paroles avant que le président se résigne à en porter un. Les rebelles du masque se souviennent des déclarations de responsables politiques, comme Édouard Philippe, qui, le 13 mars, assurait que « porter un masque, en population générale dans la rue, ça ne sert à rien.» Et le message de l’Organisation mondiale de la Santé n’était pas non plus dénué d’ambiguïté. Désormais, aucune autorité ne remet en cause l’usage du masque pour freiner la circulation du virus. Autant le porter avec le sourire, même si ça ne se voit pas.
Sud-Ouest du 10 août 2020
«Le Covid n’a rien changé»
BORDEAUX Malgré le rebond du coronavirus, les soirées au miroir d’eau sont toujours aussi bondées. Rencontre avec ces habitués des quais
"Il est 22 heures samedi soir, le miroir d’eau ne se vide pas. Au contraire, il se remplit davantage. Comme dans de nombreuses villes de France, les quais sont un incontournable lieu de sortie pour la jeunesse bordelaise. Et Bordeaux ne déroge pas à la règle. Chartrons, Saint-Michel, Platanes, miroir d’eau, le choix est large. «C’est une habitude que l’on a depuis le lycée, soit 2013 ou 2014 », explique Pierre."...
..."Il y a tout de même un détail qui pourrait ne pas en être un: les personnes qui portent un masque se comptent sur les doigts d’une main. «On ne vient pas là pour devoir porter un masque», s’exclame Hugo. «Il y a clairement de l’inconscience. Quand on est entre nous, on ne fait pas attention », avoue Pierre. « On évite de se mélanger aux autres groupes, confie Mathilde. On reste entre nous.» Unique mesure barrière qui sera prise ce soir."...