Covid-19
Sud-Ouest du 8 août 2020
«Bordeaux devrait passer au masque généralisé
COVID-19 Selon Olivier Serre, directeur des Territoires pour l’Agence régionale de santé Nouvelle Aquitaine, la ville de Bordeaux a intérêt à passer au masque généralisé. Il établit un bilan de situation de la circulation du coronavirus sur la Gironde
Hier, rue Sainte-Catherine à Bordeaux, un des lieux stratégiques identifiés par l’ARS de Nouvelle-Aquitaine. PHOTO THIERRY DAVID
La ville de Bordeaux a été, ce jeudi, rattrapée par les bretelles. L’Agence régionale de santé de Nouvelle-Aquitaine a dû signifier à la nouvelle municipalité un rappel d’une consigne sanitaire sérieuse concernant les brumisateurs collectifs ascendants et latéraux. Ainsi, l’effet brume du miroir d’eau qui fonctionnait encore a-t-il interrompu dans l’urgence. Olivier Serre, directeur des territoires de l’ARS ne mâche pas ses mots. Ce «rappel à l’ordre» a concerné d’autres villes que Bordeaux, notamment Angoulême. Pour des raisons identiques.
«Sud Ouest» Pourquoi le brumisateur du miroir d’eau a-t-il été stoppé ce jeudi ? Quels sont les risques réels ?
Olivier Serre Simplement la vapeur d’eau peut contenir des gouttelettes contaminées et donc participer à l’expansion du virus. Surtout lorsque cette brumisation se fait de bas en haut, ou latéralement.
Nous avons fait savoir à toutes les villes de Nouvelle-Aquitaine que les préconisations de la Haute Autorité de santé et du Conseil scientifique allaient dans le sens d’une interdiction. Potentiellement, c’est risqué.
Qu’en est-il pour les restaurants et les cafés en terrasse qui offrent un espace de fraîcheur avec des brumisateurs descendants ?
Pour l’instant, aucune interdiction n’est à l’ordre du jour. Aucune préconisation. Les brumisateurs arrivent d’en haut, ils sont beaucoup moins risqués.
Le port du masque obligatoire, y compris dans l’espace public, se généralise de villes en villes. Et Bordeaux ?
Ils devraient le faire. Mais je sais qu’ils étudient la question. En effet, la rue Sainte-Catherine, très fréquentée est un lieu stratégique, ainsi que les quais à certaines heures de la journée… Mais pas seulement. À mon avis, ils ont tout intérêt à le faire.
Quelle est la situation aux Chartrons et au Grand-Parc où un cluster a été mis au jour récemment ?
La situation s’est nettement améliorée et ne suscite plus d’inquiétude. En effet, nous avons procédé à 900 tests avec seulement 10 personnes déclarées positives. C’est très faible. Ces personnes ont été placées en quatorzaine, ainsi que les cas contacts. Le suivi a été particulièrement efficace, puisque nous avons contenu la contagion.
Où en est-on de la politique de dépistage ?
On multiplie les lieux de dépistage et on les rend encore plus simples et accessibles au grand public. Plus besoin de prescription médicale, il suffit d’avoir sur soi, sa carte Vitale et sa carte d’identité. Et évidemment, il faut arriver masqué.
Dès lundi, nous allons commencer une nouvelle campagne de dépistage large sur les quais de Bordeaux, à hauteur des Quinconces. Nous avons fait appel à deux laboratoires privés pour assurer cette nouvelle campagne, avec l’appui de la Croix-Rouge. Les dépistages aux Chartrons vont se poursuivre jusqu’au 15 août et cesseront ensuite.
Quid des autres villes de la Gironde?
Toutes les villes s’y mettent et nous facilitons et aidons les démarches. La semaine prochaine on pourra sans doute se faire dépister dans toutes les grandes villes de Gironde, Libourne, Blaye, Langon, Lesparre, Arcachon – où ça marche fort, à la gare et sur la place du Petit Nice – à Lanton.
Où en est la circulation du coronavirus dans la Gironde aujourd’hui ? Ya-t-il une hausse des hospitalisations ?
Nous observons un frémissement à la hausse des entrées à l’hôpital. Mais rien à voir avec ce que nous avons connu durant les semaines précédentes et notamment pendant le confinement.
Le virus circule toujours à bas bruit, les foyers de contamination ont été contenus et le dépistage démultiplié permet d’identifier les endroits où le virus circule encore. Puis, nous pouvons ainsi casser la chaîne de transmission, comme aux Chartrons. La preuve ça a bien marché.
Quels sont les conseils à donner aujourd’hui ?
Nous sommes inquiets du comportement des personnes entre 15 – 44 ans, qui se croient à l’abri et oublient les gestes barrières. Il y a une forme de rejet, de ras-le-bol qui peut se révéler à terme ennuyeuse. Trop de groupes festifs, une absence de gestes barrières. Les conseils ? Porter le masque, partout. Se laver les mains toutes les deux heures, avoir du gel hydroalcoolique à portée de main, garder la distance avec les personnes qu’on ne connaît pas. Du bon sens.