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6 août 2020

Covid-19

Sud-Ouest du 6 août 2020

2020 08 06 SO masque totem d'immunité

Sud-Ouest du 6 août 2020 

«On doit être collectivement vigilants… » 

EXCLUSIF Oliver Véran, ministre de la Santé, sera ce vendredi à Lanouaille, en Dordogne, pour inaugurer la maison médicale. En amont, il a répondu aux questions de « Sud Ouest »

2020 08 06 on doit

Il répond rarement oui. Non. Face à cette gestion de crise du coronavirus, le ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran, lui-même médecin neurologue, a accepté une interview exclusive avec « Sud Ouest ». Pas de langue de bois, certes, l’homme est réputé pour parler concret. S’il se dit franchement opposé à toute éventualité d’une immunité collective suscitée par les jeunes (lire par ailleurs), voire agacé par les déclarations dans les médias de quelques scientifiques, il ne tranche jamais sur la possibilité d’un second confinement, sur le changement de doctrine des masques et encore moins sur la fin annoncée de cette pandémie «fatigante ». 

«Sud Ouest» Quel état des lieux dressez-vous depuis le 11 mai, date de sortie de confinement, et après un mois de vacances estivales ? 

Olivier Véran Nous avons connu quinze semaines consécutives durant lesquelles la circulation du virus a baissé, les hôpitaux ont accueilli de moins en moins de patients Covid, mais la circulation virale, elle, n’a jamais cessé. Et depuis quelques semaines, les indicateurs que nous surveillons quotidiennement sont à la hausse, même si leurs taux sont encore inférieurs à ce que nous avons connu durant le confinement. Par ailleurs, notre capacité à tester, elle, augmente et nous devrions atteindre, cette semaine, les 600 000 tests hebdomadaires réalisés. 

Justement, cette augmentation du nombre de tests réalisés expliquerait-elle la croissance des diagnostics positifs ? 

Pas seulement. Le nombre de tests réalisés a augmenté de 15% par semaine. En revanche, celui des tests revenus positifs de 30%. Cela signifie que l’augmentation des tests ne suffit pas à expliquer l’augmentation du diagnostic positif. Cependant, comme on teste encore plus dans les endroits où le virus circule fortement, cela peut expliquer une partie de cette positivité croissante. 

Quelles sont, s’il y en a, les conséquences sur le terrain ? 

En effet, il y en a, puisqu’on constate une augmentation des appels aux urgences, des hospitalisations et même des hospitalisations en réanimation. Certes, des taux très faibles comparés au mois de février. Mais tous les indicateurs confirment que la circulation du virus augmente. Elle est liée à des clusters (foyers de contagion, NDLR) consécutifs à des rassemblements où les gens relâchent leur vigilance. On ne fait pas face à une vague, mais on sent nettement des frémissements et l’action de chacun d’entre nous est déterminante pour limiter au maximum cette évolution. 

Vous évoquez un certain relâchement de la vigilance vis-à-vis des gestes barrières. Pourtant de plus en plus de villes généralisent le port du masque obligatoire en milieu ouvert. La doctrine va-t-elle se généraliser ? 

J’ai effectivement signé un décret qui permet aux préfets de rendre obligatoire le port du masque, y compris à l’extérieur. Cette obligation vise les lieux où la dissémination du virus peut se faire facilement parce que beaucoup de personnes s’y croisent et que la distance sociale est difficile à maintenir : les marchés, les rues commerçantes bondées… C’est le cas en Nouvelle-Aquitaine où, dans plusieurs communes, le masque est rendu obligatoire en lieu ouvert. 

Pour autant, il ne faut surtout pas croire que le masque serait un «totem d’immunité ». Au Japon, où le port du masque est généralisé depuis longtemps, les contaminations progressent. C’est pourquoi nous maintenons les mêmes recommandations : la distanciation physique ou encore le lavage régulier des mains. Il faut continuer de renforcer les mesures de prévention. 

Les déclarations de scientifiques se multiplient, depuis le début du confinement, à propos de la gestion de cette crise sanitaire. La dernière discussion concerne la possibilité d’une immunité collective qui serait générée par les jeunes, à condition qu’ils vivent plus librement. Qu’en pensez-vous ? 

C’est contraire au message que nous envoyons. Les jeunes doivent être vigilants dans leurs comportements. Déjà, parce qu’ils ne sont pas à l’abri de formes graves. Ensuite, parce qu’ils peuvent être en contact avec des personnes fragiles et vulnérables, dans le cadre familial, pendant les vacances, le cadre professionnel, ou même en sortant faire leurs courses… 

La Suède a tenté l’immunité collective. Ça s’est mal passé : le pays a des taux de circulation et de mortalité plus élevés que nous. Donc je maintiens que ce n’est pas une bonne idée. J’appelle chacun, dans la communauté médicale et scientifique, à prendre en compte le poids des déclarations publiques de chacun. La gestion d’une crise est déjà très compliquée en soi, à comprendre, à expliquer, à mettre en œuvre. Je le dis avec force, depuis le début de la crise : pas de jugement ni de déclaration à l’emporte-pièce ! 

Vous comptez donc sur le respect des gestes barrières, du port généralisé du masque pour limiter la circulation du virus, ceci avant l’arrivée d’un vaccin. Pour quand ? 

Je ne désespère pas qu’on ait un vaccin à la fin de l’année, peut-être plus tard. Aujourd’hui, tous les chercheurs sont focalisés sur ce vaccin, et beaucoup de travaux avancent. Nous sommes complètement engagés dans cette mobilisation : la Commission européenne passe des pré-commandes de vaccin auprès des laboratoires les plus avancés pour qu’on soit sûrs d’en faire bénéficier les populations européennes, notamment françaises, dès qu’il en existera un de disponible. C’est pourquoi, en attendant qu’un vaccin arrive, nous devons tous être vigilants et responsables. 

Si la situation s’aggrave, un autre confinement serait-il envisageable ? 

Nous avons mis en place un plan de réponse dans les cas de reprise de l’épidémie, avec des mesures de confinement partiel, mais aussi un traçage des malades et des cas contact, de test massif des populations, d’isolement des malades et notamment des personnes porteuses du virus mais asymptomatiques. C’est un travail de longue haleine. Les Français sont fatigués, ils aimeraient retrouver une vie normale, plus libre, plus insouciante et je le comprends. Mais le virus, lui, est toujours là. 

Avant le vaccin, qui sera la seule arme définitive, nous tâchons de limiter au maximum la circulation de la Covid. Il y aura beaucoup de tests, beaucoup de quatorzaines, et une campagne de vaccination contre la grippe très appuyée à l’hiver pour éviter la confusion avec le coronavirus, les symptômes de ces deux maladies étant très proches. Nous ne baisserons pas la garde. 

Le Ségur de la santé, qui signe notamment une revalorisation des métiers de soignants dans les hôpitaux et les Ehpad, a été bouclé. Pourtant, nombre de professionnels de santé se sentent lésés. Y aura-til un Ségur 2 ? 

Les personnels des hôpitaux et des Ehpad verront leur salaire augmenter d’au moins 180 euros net par mois. Et encore davantage pour les soignants. Il s’agit de la plus forte hausse de salaire depuis trente ans. C’est aussi la plus forte réorganisation de notre système de santé, depuis des décennies, et elle a été pensée pour et par les soignants, avec 19 milliards d’euros d’investissement… 

Le Ségur a réuni les syndicats et les organisations professionnelles, les élus, qui ont débattu, négocié et discuté ces accords. Ceux-ci ont été signés à la majorité, c’est extrêmement rare à l’échelle nationale. C’est un effort sans précédent, juste, et je crois que tous les Français le voient. Mais il n’y aura pas de deuxième Ségur de l’hôpital. 

Quel est le calendrier des changements annoncés ? 

J’ai annoncé en juillet 33 propositions pour remettre notre système de santé sur de bons rails. Cela va de la revalorisation des salaires à l’investissement dans les locaux et le matériel pour les soignants, mais il est aussi question de mieux intégrer les territoires et les élus aux prises de décisions. Dès la rentrée, ces mesures se mettront en musique, et j’ouvrirai également un Ségur de la santé publique pour pouvoir avancer, avec une méthode comparable, sur les enjeux majeurs de santé publique, et notamment de prévention. 

Nous attendons un gros épisode de canicule. Sommes-nous prêts ? 

En effet, ce déplacement en Dordogne me permettra de mettre en garde face à cet épisode caniculaire, le premier de l’été. En Nouvelle-Aquitaine, il fera très chaud. Les Ehpad et les Villes ont mis en place des stratégies qui fonctionnent. Mais nous devons tous être vigilants : s’hydrater, éviter l’alcool, manger peu, chercher la fraîcheur à l’intérieur, éviter l’exercice. On déplore chaque année des drames parce que des personnes se croyaient à l’abri. Or la canicule n’oublie personne. Tout le monde doit faire attention. 

Les étudiants aux concerts, pas en cours 

Les universités s’apprêtent à rouvrir en septembre, mais la situation sanitaire va imposer un modus operandi particulier. Beaucoup vont remplacer leurs cours sur place par des leçons et devoirs en ligne. Cette pratique appliquée à la va-vite durant le confinement devrait se poursuivre. Les étudiants ne comprennent pas pourquoi ne pas revenir en «présentiel», comme les écoles, collèges et lycées. Réponse du ministre: «Parce que les étudiants sont des jeunes adultes avec plus de risques de contracter le virus avec des symptômes que les enfants. Et puis, ils sont autonomes, ils peuvent gérer l’enseignement à distance. On met tout en œuvre pour limiter les risques de circulation du virus.» 

Paradoxe: le ministère de la Culture accepte, à partir du 15 août, sur autorisation préfectorale, la tenue de spectacles de plus de 5 000 personnes. «Ces spectacles seront autorisés si les conditions de sécurité sanitaire sont strictement respectées », explicite Olivier Véran. «À savoir, la taille de la salle de spectacle avec une jauge évaluée en fonction qui permettra la distanciation physique indispensable, un siège sur deux etc. Les gens arrivés en groupe pourront rester ensemble, en se tenant à distance des autres personnes.» À compter du 1er septembre, les spectacles, festivals, concerts, ainsi que les foires et salons, pourront se tenir, sans jauge ni autorisation préfectorale.

2020 08 06 SO Les villes avancent masquées

2020 08 06 SO Les villes avancent masquées2

2020 08 06 SO Faut il laisser les jeunes se contaminer entre eux

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