Coronavirus
Sud-Ouest du 18 mai 2020
Sud-Ouest du 18 mai 2020
Ailleurs, un déconfinement à géométrie variable
DANS LE MONDE L’Afrique, le Japon, la Russie, l’Europe... Partout les signes d’un retour à la normale clignotent. Mais l’alerte demeure et dans certains pays, elle est rouge vif
Hier, devant la cathédrale Saint Basile de Moscou, où les restrictions sont maintenues jusqu’au 31 mai. PHOTO YURI KADOBNOV/AFP
Après l’Asie, l’Europe a connu le pic de l’épidémie et entamé son déconfinement. Mais là où l’on doute encore d’avoir passé le plus dur – en Afrique, au Brésil, aux EtatsUnis, en Russie – la volonté d’empêcher des dégâts économiques irréparables pousse à rouvrir les usines, les magasins, et à desserrer les contraintes de la vie sociale. Pourquoi prolonger trop longtemps la mise sous cloche des populations, alors que le Covid-19 pourrait « ne jamais disparaître», dixit l’Organisation mondiale de la santé, y compris lorsqu’un vaccin sera disponible et généralisé?
1 L’Afrique espère rester relativement épargnée
On leur promettait l’enfer. Les Africains sont au purgatoire. En confinant dès l’apparition des premiers cas, la plupart des pays ont visiblement limité les dégâts: 2500 décès et 75 000 cas déclarés à ce jour sont peu à l’aune du continent. Et face au coût du blocage des économies où des millions de gens vivent du secteur informel et doivent sortir de chez eux pour vivre, nombre d’États ont commencé il y a quinze jours à alléger les mesures les plus drastiques. Même l’Afrique du Sud, pays le plus touché, le président Ramaphosa a ordonné la levée d’écrou par paliers en prévenant ses citoyens qu’il leur fallait s’attendre « à une augmentation des cas avec le retour au travail».
La résilience des Africains est un sujet qui intrigue et intéresse. La jeunesse de la population est un facteur positif, disent les scientifiques, qui soulignent aussi la précocité des mesures-barrière sur un continent habitué à voir circuler des épidémies.
Autre explication avancée par des chercheurs : un effet d’immunité dû «à la pression infectieuse globale». En clair: la compétition entre pathogènes pourrait entraîner ici ou là le blocage du nouveau virus. La faible densité d’un continent encore rural freinerait aussi la diffusion du Covid-19. Pourtant, l’Afrique n’est pas tirée d’affaire.
2 La Russie confiante dans ses tests malgré l’envolée des cas
C’est un des pays où la propagation du virus reste la plus forte avec 10 000 nouveaux cas déclarés par jour. La Russie a pourtant débuté le 12 mai un déconfinement régionalisé. Sauf à Moscou, épicentre de l’épidémie: dans la capitale, les restrictions sont maintenues jusqu’au 31 mai. Pour expliquer la hausse des cas et leur relative confiance, les autorités vantent leur campagne de tests : 6,4 millions ont déjà été pratiqués. Et à partir du 15 mai , tous les trois jours, 70000 Russes vont être tirés au sort pour des prélèvements sanguins, nasaux et buccaux. Une campagne de dépistage « unique au monde », affirme le Kremlin. En signe de confiance, il a été décidé de redémarrer dès la fin juin le championnat russe de football.
3 Un monde qui se remet à respirer, mais à petites doses
Des restaurants qui rouvrent à Berlin et à Sydney, la petite Slovénie qui rouvre ses frontières, le Festival de Salzbourg qui aura bien lieu au mois d’août dans une Autriche qui déconfine déjà par paliers depuis la mi-avril: les signaux d’un retour à la normale clignotent. À Helsinki, les enfants sont tous retournés à l’école, et l’état d’urgence a été levé dans la majorité des régions du Japon, sauf à Tokyo et à Osaka. Mais le processus est partout très progressif, peut-être réversible. Et l’inquiétude reste de mise. Comme au Brésil, où l’ex-président Lula dit redouter un « génocide » imputable à l’attitude de déni de l’actuel président Jaïr Bolsonaro. Ou au Bangladesh, où l’apparition d’un premier cas dans un camp de réfugiés rohingyas fait craindre «un scénario cauchemar».