Coronavirus
Sud-Ouest du 30 avril 2020
Du vert et du rouge sur la carte quotidienne
DÉCONFINEMENT Le 11 mai, il sera différencié entre départements, où il prendra des formes plus ou moins strictes. Explications
Les départements de Nouvelle-Aquitaine, région relativement épargnée par l’épidémie, seront-ils de couleur verte sur la carte ? PHOTO ARCHIVES XAVIER LEOTY/« SUD OUEST »
Le déconfinement ne sera pas le même pour tout le monde. Comme l’a dévoilé Édouard Philippe mardi devant l’Assemblée nationale, celui-ci sera plus ou moins strict selon les territoires, le virus ne circulant pas de la même façon partout en France.
Dès aujourd’hui, une carte classant les départements en catégorie «verte» ou «rouge» sera dévoilée chaque soir par le Directeur général de la santé afin de préparer l’après-11 mai. Explications.
À quoi va servir cette carte ?
Si des zones sont peu affectées par l’épidémie, d’autres, comme le Grand-Est ou encore l’Île-de-France sont sous tension depuis de nombreuses semaines.
Ainsi, dès aujourd’hui, le directeur général de la santé Jérôme Salomon présentera chaque jour, lors de son point quotidien, une carte de France distinguant les départements «verts», peu touchés par l’épidémie, et les départements «rouges » dans lesquels le déconfinement prendra une forme plus stricte.
Chaque jour, cette carte dévoilera comment évolue le virus dans chaque département. Une carte définitive sera ensuite rendue le 7 mai et différents degrés de déconfinement seront appliqués à chaque zone à compter du 11 mai.
«Cette carte guidera chaque département dans la préparation du 11 mai pour faire baisser la circulation du virus, mais aussi dans le besoin de remettre sur pied le système hospitalier, et de mettre en place un système de tests et de détection des cas contacts efficaces», a expliqué le Premier ministre.
Trois critères de classification
Mais sur quels critères le gouvernement va-t-il se baser pour déterminer la couleur d’un département?
«La direction générale de la Santé et Santé publique France ont établi trois ensembles de critères permettant d’identifier les départements où le déconfinement doit prendre une forme plus stricte », a indiqué Édouard Philippe.
Le premier critère pris en compte est le nombre de nouveaux cas dans la population sur une période de sept jours. S’il demeure élevé, le département concerné sera alors considéré comme «une zone de transmission active». Le R0 ou «taux de reproduction de base» du virus, sera ainsi scruté par les autorités sanitaires.
Le second critère à prendre en compte est l’état des capacités hospitalières dans chaque région. Depuis le début de l’épidémie en France, la question du nombre de lits disponibles pour les malades du Covid dans les services de réanimation, est en effet l’une des principales inquiétudes du gouvernement. Et sur ce point précisément, les départements sont loin d’être au même niveau.
Enfin, le dernier critère est le système local de test et de détection des cas contacts. C’est-à-dire, est-ce que l’on pourra se faire dépister rapidement dans chaque département ? Ce dernier point est l’un des plus compliqués à estimer aujourd’hui. Édouard Philippe a indiqué mardi devant l’Assemblée nationale, que 700000 tests hebdomadaires seraient déployés sur tout le territoire. Reste donc à voir comment cela se met en place dans chaque département.
Encore des interrogations
La carte définitive des départements verts et rouges sera dévoilée le jeudi 7 mai. Les départements classés en rouge à cette date devront se résoudre à un déconfinement « plus strict», a prévenu le Premier ministre sans toutefois préciser les restrictions.
Autre point qui n’a pas été précisé mardi : la durée pendant laquelle les départements seront placés soit « vert», soit en «rouge ». Le classement sera-t-il réévalué au 2 juin, lors de la «deuxième phase du déconfinement», ou chaque semaine ou autre?
Des précisions devront être apportées par le gouvernement dans les prochains jours.
Sud-Ouest du 30 avril 2020
Transports : tout un train d’interrogations
DÉPLACEMENTS Comment appliquer les règles sanitaires dans tous les transports ? Quelle sera l’affluence de reprise ? Nombreuses sont les questions après les déclarations d’Édouard Philippe
Dans les villes, vélo et marche à pied pourraient avoir les faveurs des travailleurs au lieu des transports en commun. V. C./«SO»
"1 Masques et distanciation: double peine pour l’usager?
Entre le port obligatoire du masque dans les transports en commun et le respect de la distanciation physique à bord des rames et sur les quais, Édouard Philippe a donc choisi : ce sera les deux. Quitte à donner le vertige aux opérateurs qui réclamaient à cor et à cri la première solution (le masque), plus facile à mettre en œuvre, pour mieux éviter la seconde (la distanciation) qui peut tourner au casse-tête."...
..."2 Marche et vélo favorisés par le déconfinement?
Expert des transports, Yves Crozet (lire ci-contre) considère que les Français vont retrouver un comportement de temps de grève lorsque les transports collectifs circulent au compte-gouttes, voire pas du tout. On se souvient que la pratique du vélo, notamment à Bordeaux, avait grimpé en flèche pendant les longues grèves de la réforme Juppé en 1995."...
..."3 Comment faire pour dépasser le rayon de 100 kilomètres?
Nous n’en sommes heureusement pas encore à un monde imaginé par George Orwell où votre smartphone se mettrait à striduler dès que vous franchissez le rayon de 100 kilomètres délimité par le gouvernement."...
2020_04_30_SO_Transports_tout_un_train_d'interrogations
Sud-Ouest du 30 avril 2020
À Rostock, le modèle du dépistage préventif
ALLEMAGNE Si le pays a misé très tôt sur les tests, et organisé sa production en conséquence, la municipalité de Rostock va plus loin, en partenariat avec une entreprise locale de biotechnologie
..."Le centre de dépistage est installé sous une grande tente à proximité de la vieille ville, où les badauds circulent à nouveau, depuis que l’Allemagne a autorisé la réouverture des commerces la semaine dernière. Dans les rues de Rostock, la vie semble avoir repris son cours habituel, si ce n’était l’absence de touristes, d’ordinaire nombreux en cette saison dans le premier port de croisière du pays.
Sous le regard attentif d’une laborantine en tenue de protection, Henry Laaser effectue lui-même le prélèvement dans le fond de sa gorge, à l’aide d’un long cotontige, appelé écouvillon. L’échantillon est ensuite analysé sur place, en quatre heures.
L’Allemand de 32 ans est convaincu par la méthode. « Tester ceux qui, comme moi, n’ont pas l’impression d’être contaminés, c’est le moyen le plus efficace pour maîtriser l’épidémie, assure-t-il. Si j’étais déclaré positif, je me comporterais différemment. Je ne sortirais plus du tout, ou s’il le faut, uniquement avec un masque.»"...
2020_04_30_SO_A_Rostock_le_modèle_du_dépistage_préventif