Coronavirus
Sud-Ouest du 27 avril 2020
Bilan : nette baisse hier avec 242 décès
FRANCE En réanimation, le nombre de patients diminue depuis dix-huit jours avec 4 682 personnes
L’épidémie a fait 22 856 morts en France depuis début mars mais le bilan des dernières 24 heures est en nette baisse, avec 242 nouveaux décès, contre 369 sur la journée précédente, a annoncé hier la Direction générale de la santé. Le coronavirus a tué 14 202 personnes dans les hôpitaux, soit 152 décès de plus en 24 heures, le bilan quotidien le plus faible depuis cinq semaines, et 8 654 dans les maisons de retraite et autres établissements médico-sociaux (+90), a précisé la DGS.
En réanimation, le nombre de patients baisse maintenant depuis dix-huit jours de suite avec 4 682 personnes admises pour le Covid-19, 43 en moins depuis samedi. Mais davantage de personnes ont été hospitalisées en réanimation/soins intensifs pour d’autres pathologies, pour un total de 7 553 patients.
Actuellement, 28 217 personnes sont hospitalisées pour le Covid-19, soit 5 personnes de moins que samedi. Depuis le début de l’épidémie, 87 985 personnes ont été hospitalisées et 44 903 sont rentrées à domicile, sans compter les dizaines de milliers de personnes guéries en ville, rappellent les autorités.
34 cas en Nouvelle-Aquitaine
C’est le chiffre le plus bas depuis le confinement dans la région : hier, l’ARS a enregistré 34 nouveaux cas en 24 heures. Ce qui porte le total à 4 537 depuis le début de l’épidémie. La diminution du nombre de cas en Nouvelle-Aquitaine depuis plusieurs jours se poursuit enregistrant sept décès hier dans la région, deux dans les Ehpad et cinq dans les hôpitaux. Les hospitalisations repartent cependant légèrement à la hausse, de même que les patients en réanimation.
En Europe, plusieurs pays parmi les plus touchés affichaient également des bilans quotidiens en nette baisse, au moment où l’on commence à sortir du confinement face à une épidémie qui a déjà tué plus de 200 000 personnes dans le monde.
L’Espagne, l’Italie et le Royaume-Uni ont annoncé hier les plus bas bilans, en termes de décès, depuis mars. En Espagne, la pandémie a fait 288 décès au cours des dernières 24 heures, le chiffre le plus bas depuis le 20 mars. Seuls 1 729 nouveaux cas avaient été confirmés au cours des dernières 24 heures – « moins qu’en Allemagne », selon les autorités –, ce qui ramène la progression de l’épidémie à 0,8 % en un jour contre 35% lorsque le confinement a été imposé le 14 mars.
Des chiffres «encourageants»
Au Royaume-Uni, le bilan ne prend en compte que les hôpitaux. Le pays a enregistré 413 morts supplémentaires à l’hôpital. Ce chiffre, le plus bas depuis la fin du mois de mars, marque une spectaculaire diminution depuis la veille, où 813 décès avaient été enregistrés. Mais les chiffres communiqués sont parfois volatils et prenant en compte des décès parfois survenus bien avant.
Pour l’Italie, les chiffres sont «encourageants» avec 260 décès en 24 heures, le plus bas bilan depuis le 14 mars. Depuis ce jour-là, la péninsule a enregistré chaque jour plus de 300 morts avec des pics s’approchant de 1 000 morts. Le nombre de personnes actuellement positives au coronavirus a en revanche augmenté, après six jours consécutifs de baisse, atteignant désormais 106 103, soit 256 de plus que samedi.
Sud-Ouest du 27 avril 2020
Le déconfinement, un travail de dentellière
L’APRÈS-11 MAI La semaine qui s’ouvre verra Édouard Philippe présenter mardi son plan à l’Assemblée, et le mettre au vote. Avant de le décliner sur le terrain avec les préfets, les élus et les maires
Écoles, entreprises, magasins, transports, rassemblements : des chapitres qui seront au menu de la déclaration du Premier ministre demain à 15 heures. PHOTO XAVIER LEOTY/« SUD OUEST »
"Emmanuel Macron, dans son allocution du 13 avril, voulait un plan sous les quinze jours pour le déconfinement prévu le 11 mai. Vu la complexité de la tâche, Édouard Philippe se serait bien adjugé une semaine supplémentaire de réflexion et de consultation avant de présenter la feuille de route. Mais à la vérité, rien ne sera intangible mardi soir après le débat et le vote à l’Assemblée. Car la suite de la semaine sera consacrée à la «co-construction» de la mise en œuvre avec les élus locaux, sans lesquels les directives nationales pourraient rester lettre morte.
Santé publique, écoles, entreprises et fonction publique, magasins, transports, rassemblements : ces six chapitres sont au menu de la déclaration du Premier ministre demain à 15 heures au Palais Bourbon. Édouard Philippe abordera aussi la délicate question du traçage avec le projet d’une application StopCovid censée retrouver les contacts des porteurs de virus, complétant ainsi l’arsenal pour que la reprise économique et sociale ne rime pas avec reprise de l’épidémie."
2020_04_27_SO_Le_déconfinement_un_travail_de_dentellière
Sud-Ouest du 27 avril 2020
Pas de limites aux transports interrégionaux?
NOUVELLE-AQUITAINE L’épidémie est de faible ampleur dans la région. Cette situation n’est pas censée lui octroyer une protection particulière le 11 mai
Dans un pays où il faut signer un papier pour aller chercher le pain, on pourrait penser à des mesures restrictives sur les échanges interrégionaux en période de déconfinement, après le 11 mai. Car l’emballement épidémique est très variable d’une région à l’autre.
La Nouvelle-Aquitaine est la moins touchée par le Covid-19. Ses services de réanimation n’ont jamais été débordés, loin de là. Ils ont même accueilli les patients des régions en tension. La courbe de la surmortalité est plate selon l’Insee.
Si l’on en croit les projections des chercheurs de l’Institut Pasteur, de l’Inserm et de Santé publique France, la proportion de Néo-Aquitains qui aura été exposée au virus le 11 mai sera de 1,4 %. Deux fois moindre que celle de l’Occitanie voisine, dix fois inférieure au taux qui prévaudra en Ile-de-France et dans le Grand Est à cette date. Sur la carte hexagonale de l’infection, on distingue même trois zones homogènes : la façade atlantique, la mieux préservée, une zone Centre/Sud, moyennement touchée, et le Nord/Nord-Est, très atteint.
Le Conseil scientifique Covid-19 n’en fait pas un argument pour isoler des «casiers» géographiques où la vie reprendrait en limitant les échanges avec d’autres régions - ils resteraient possibles pour motif professionnel ou familial, par exemple.
Expédié en quatre lignes
Dans son avis du 20 avril, le Conseil scientifique expédie en quatre lignes le sujet de la reprise du trafic. «Il est proposé de permettre à nouveau les déplacements interrégionaux par transports en commun dès lors que sont respectées les mesures barrières et les règles de distanciation sociale. La survenue d’un foyer épidémique régional peut amener à une reprise des règles du confinement à l’échelle locale et à la suspension des transports interrégionaux », nuance-t-il toutefois.
À ce stade, la vérité n’est pas gravée dans le marbre. Le gouvernement est libre de suivre (ou pas) les préconisations du Conseil scientifique. Il ne l’a pas fait pour l’école (lire ci-dessus).
Le déconfinement national
Le Conseil scientifique est cohérent avec lui-même puisqu’il place au centre de sa stratégie un déconfinement national. « Une sortie de confinement par régions n’apparaît pas réaliste comme instrument de contrôle de l’épidémie », est-il écrit dans l’avis du 20 avril. «Ceci n’exclut pas des déclinaisons régionales, voire départementales en fonction du niveau de circulation du virus», ajoute le document.
Les opérateurs de transports sont tout prêts à se conformer au credo de la reprise. Le site Internet d’Air France porte la trace d’un aller-retour Paris/Bordeaux programmé le 11 mai. Sur celui de la SNCF, on trouve dix horaires de départ de Paris-Montparnasse à Bordeaux Saint-Jean et neuf dans le sens inverse pour ce même jour.
La semaine dernière, la question faisait débat. Au-delà du transport interrégional, elle portait sur le risque d’un bond épidémique en Nouvelle-Aquitaine avec l’arrivée de forts contingents de touristes – nationaux et étrangers – cet été. Conseiller médical du directeur de l’Agence régionale de santé, Patrick Dehail évoquait dans nos colonnes «une allumette dans un champ de blé». Pour sa part, Jérôme Salomon, le directeur général de la santé disait jeudi qu’il faudrait à l’avenir éviter «les échanges de population entre des zones massivement touchées et des zones peu touchées »…