Coronavirus
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Sud-Ouest du 21 avril 2020
Sud-Ouest du 21 avril 2020
Les tests, l’autre course contre la montre
DÉCONFINEMENT Au-delà des masques, l’après 11 mai reposera aussi sur le dépistage massif des cas symptomatiques. Malgré les zones d’ombre, les commandes se multiplient
Les tests sérologiques permettent, via un prélèvement sanguin de savoir si une personne a été infectée par le Covid-19 grâce à la présence d’anticorps dans son sang. Deux millions ont été commandés. PHOTO AFP
L’engagement pris par Emmanuel Macron, le 13 avril, est clair : dès le 11 mai, chaque personne présentant les symptômes du coronavirus devra pouvoir être testée. Et isolée, si positive, de manière à rompre la chaîne de contamination, et laisser les autres reprendre une vie «normale». Le déconfinement, qui débutera de manière progressive à partir de cette date, dépendra en grande partie de la capacité à tenir cette promesse présidentielle. Celle-ci faisant écho à l’appel de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui, dès le 16 mars, a exhorté les dirigeants du monde à «tester, tester et tester». Or, jusque-là, la France réservait ces tests aux cas les plus graves.
Stocks faibles
Toutefois, si la doctrine a évolué au fil des semaines, comme pour les masques, la France s’est rapidement retrouvée confrontée à la faiblesse de ses stocks pour les deux modes de dépistage du Covid: le test sérologique, une analyse sanguine qui détecte les anticorps (et donc, établit si l’infection a eu lieu), et le test PCR, qui met évidence la présence du virus à l’instant du prélèvement (voir l’infographie).
Les soucis de stocks concernent en particulier les tests de diagnostic PCR, dont les prélèvements se font à l’aide d’un grand coton-tige. Un mode opératoire parfaitement éprouvé comme l’explique Bernard Binetruy, directeur de recherches à l’Inserm (1) à Marseille: «C’est le seul test dont on dispose aujourd’hui. Et celui-ci répond à une question essentielle : le patient est-il infecté oui ou non ? C’est très précis. Il n’y aucun problème de fiabilité. Grâce à lui, on peut détecter la présence du génome viral. » Une information d’autant plus capitale que nous ne disposons, à ce jour, ni de traitement, ni de vaccin.
Kits et cotons-tiges manquent
Seulement réaliser ces tests dans la quiétude d’un laboratoire de recherches à raison d’une dizaine par jour est une chose, passer à l’échelle industrielle en est une autre. Et c’est précisément là où le bât blesse: «Ce n’est pas un problème de machines, ni de personnes », souligne Bernard Binetruy. Et ce d’autant moins que pour augmenter les capacités, le gouvernement a autorisé les laboratoires vétérinaires et départementaux à prêter main-forte. « Ce qui coince, poursuit le directeur de recherche de l’Inserm, c’est de fournir suffisamment de cotons-tiges et de kits réactifs.»
Or, comme pour les masques, ces kits et ces cotons-tiges ne sont pas fabriqués en France… « Pour réaliser des milliers de tests par jour, il faut les standardiser, relève Bernard Binetruy. Aujourd’hui, nous sommes face à un problème de logistique. Tous les ingrédients doivent être disponibles.»
Précisément l’écueil que cherche à surmonter le gouvernement. Le 28 mars, Olivier Véran, le ministre de la Santé, a fixé la feuille de route pour les semaines à venir. Annonçant quelque 50 000 tests par jour pour la fin avril, contre 25 000 aujourd’hui. Et ce grâce au déploiement de plusieurs machines « à haut débit» sur l’ensemble du territoire, précisément pour réaliser ces analyses en grande quantité. La Nouvelle-Aquitaine a reçu deux de ces automates capables de réaliser 2 000 tests par jour (lire ci-dessous).
Des tests rapides à l’horizon
Toutefois, le déconfinement ne dépendra pas uniquement de la seule montée en puissance des tests PCR. Mais aussi de l’arrivée de tests dits « rapides ». Lesquels sont censés confirmer la contamination ou pas du patient dans un délai très court: entre quinze et trente minutes.
Pour l’heure, des entreprises françaises, japonaises, sud-coréennes et américaines achèvent de mettre au point ces nouveaux procédés. Mais d’ores et déjà le ministère de la Santé en a commandé près de 5 millions. Ils viendront augmenter les capacités des tests PCR. Et même démultiplier la force de frappe française. Dimanche soir, Olivier Véran a annoncé un objectif de 500 000 tests par semaine d’ici au 11 mai.
Immunisation
Enfin, la levée du confinement reposera aussi sur une autre innovation dont les États attendent beaucoup : les tests sérologiques. « Par rapport au test PCR, le sérologique répond à une question différente, analyse Bernard Binetruy. Ce test signe le contact de la personne avec le virus.» Une précision capitale pour l’avenir: « Cela va nous permettre de mieux connaître la pathologie du Covid-19, mais aussi le taux d’immunisation de la population. » Comme le rappelle le directeur de recherche de l’Inserm: «On estime que lorsque la population est immunisée à 60%, l’épidémie s’arrête.»
Mais là aussi, la recherche doit encore travailler. En particulier, sur la question cruciale des anticorps (lire en page4) qui est loin d’être réglée. Et sur la mise au point de ces tests. « Le principe est relativement simple mais toute la difficulté est d’obtenir un test fiable», insiste-t-il. L’Espagne a en fait les frais. Fin mars, le gouvernement de Pedro Sanchez a commandé 640 000 tests rapides en Chine. Or, ceux-ci étaient défectueux. L’entreprise chinoise n’était pas homologuée…
Fiabilité?
Côté français, cette exigence de fiabilité est au cœur des recommandations de la Haute autorité de santé. Cette dernière a d’ores et déjà établi un cahier des charges, fixant les critères de qualité, à destination des fabricants. Comme l’écrit cette instance : «Il est primordial que les tests sérologiques puissent être validés sur leurs premières performances analytiques et cliniques avant leur achat.»
À ce stade, Olivier Véran a commandé deux millions de tests sérologiques.
(1) Institut national de la santé et de la recherche médicale.
Sud-Ouest du 21 avril 2020
Le grand flou de l’immunité
APRÈS L’INFECTION On espérait les malades du Covid-19 immunisés pour l’avenir. Les scientifiques mettent en garde
Il y a quelques semaines encore, la mise en place de tests sérologiques à grande échelle était considérée incontournable dans l’optique du déconfinement de la population. Ce n’est plus aussi évident. Le discours politique porte la marque de cette incertitude. Explications.
1 Les anticorps, les marqueurs du passage de la maladie
Un test sérologique, qui prend la forme d’une prise de sang, traque les anticorps qui y sont présents. Ces protéines complexes, produites par une catégorie de globules blancs (les lymphocytes B), portent la marque de la réponse immunitaire d’un individu à un agent pathogène donné, ici le coronavirus SARS-CoV-2 responsable du Covid19 (la maladie).
Trouver chez une personne des anticorps dirigés contre le SARSCoV-2 prouve qu’elle a été infectée, même si elle n’a pas développé de symptômes. Ceci est d’une importance cruciale pour l’étude de l’épidémie en cours. En dépistant massivement, on saurait ainsi quelle proportion de la population française a déjà rencontré le virus.
Deuxième avantage, avoir des anticorps pourrait immuniser contre un retour de la maladie. C’était l’espoir de la communauté scientifique et des politiques qu’elle conseille. Lors de sa conférence de presse du 28 mars, Olivier Véran le ministre de la Santé, procédait à ce raccourci. Il y a trois semaines, le test sérologique était à ses yeux le moyen «de savoir si une personne a été immunisée ou non contre le virus ».
2 Le gros point d’interrogation sur l’immunité acquise
Depuis lors, le discours s’est habillé de nuances. Dimanche lors de sa nouvelle conférence de presse en compagnie d’Édouard Philippe, Olivier Véran s’est montré beaucoup plus circonspect sur la pertinence d’un déploiement des tests sérologiques. « Au bout de combien de temps les anticorps apparaissent-ils ? Vont-ils rester (NDLR : dans le sang au bout de quelques semaines) ? Leur présence indique-t-elle qu’on est protégé ou non ? » s’est interrogé le ministre de la Santé. En clair, les tests sérologiques présentent-ils une réelle utilité ?
Ces doutes font écho à ceux qu’a formulés Jean-François Delfraissy, le président du Conseil scientifique Covid-19, lors de son audition par les députés le 15 avril dernier. Les tests sérologiques « ont peut-être moins d’intérêt qu’on le pensait», a-t-il lâché. «Jusqu’à il y a une quinzaine de jours, je vivais avec l’idée qu’on était protégé si on avait eu le Covid. C’est plus compliqué que cela. C’est un vrai sujet sur lequel il faut que la recherche avance », a poursuivi ce spécialiste en immunologie et en infectiologie.
Comme l’a rappelé Édouard Philippe dimanche, on ne connaît pas, en France, de patients qui seraient malades une deuxième fois du Covid-19. Ceci ne prouve rien : d’une part l’épidémie est récente, d’autre part sa prévalence reste trop faible pour qu’un échantillon significatif de malades ait été une deuxième fois au contact du coronavirus. Mais l’hypothèse est discutée au sein de la communauté scientifique. « La maladie n’est peut-être pas immunisante », a risqué Florence Ader, l’infectiologue de l’hôpital lyonnais de la Croix-Rousse qui est intervenue dimanche lors du point presse gouvernemental. Tout est dans le «peut-être ».
3 La question non résolue des «réservoirs à virus»
Comme souvent dans le domaine scientifique, plus on avance et plus le brouillard est épais (avant dissipation). Un autre écueil se dresse sur la route des solutions simples. Est-on guéri une bonne fois pour toutes du Covid-19 ? Infectiologue à l’hôpital Cochin à Paris, Odile Launay est intervenue dans les médias pour esquisser les incertitudes qui entourent le sujet. Selon elle, des patients guéris en apparence pourraient néanmoins abriter des «réservoirs » indétectables du virus. « Le virus resterait caché, bloqué, dans certaines cellules de l’organisme ou certains tissus et pourrait réémerger», a-t-elle indiqué.
Dans un tel cas de figure, une personne au test sérologique négatif un jour pourrait devenir positive le lendemain sans avoir été contaminée dans l’intervalle. Ce qui ruinerait l’utilité d’un « passeport sérologique » pensé pour séparer la population française en deux classes : les anciens malades (peut-être) immunisés et les non-immunisés.
Autre difficulté, le temps de fabrication des anticorps contre le Covid-19. Ils apparaîtraient environ deux semaines après l’infection. Mais chez certains patients sans symptôme, le délai pourrait s’allonger jusqu’à trente jours. De quoi relativiser un peu plus l’importance des tests sérologiques. Et devenir chèvre à l’heure des grandes décisions à prendre sur le déconfinement.
Sud-Ouest du 21 avril 2020
Commerces « non essentiels » : le casse-tête de la réouverture
À partir du 11 mai, ils devront respecter gestes barrières et mesures de distanciation. Un défi compliqué à relever
"Les commerces actuellement fermés en raison de la crise sanitaire ne pourront rouvrir à partir du 11 mai que s’ils font respecter les « gestes barrières» et prennent «des mesures de distanciation sociale». Entre les enseignes de l’habillement et de la chaussure, celles qui proposent des soins esthétiques ou les salons de coiffure, c’est tout le problème du contact entre le commerçant et son client qui se pose."...
2020_04_21_SO_Commerces_non_essentiels_le_casse_tête_de_la_réouverture