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22 mars 2020

Coronavirus

Sud-Ouest du 21 mars 2020

2020 03 21 SO Le mal ancré en Nouvelle-Aquitaine

Sud-Ouest du 21 mars 2020 

« Pour soulager les hôpitaux publics débordés » 

Les cliniques privées ont chamboulé leur mode de fonctionnement et se sont mises à la disposition des besoins sanitaires les plus urgents. Toutes les interventions non impératives sont déprogrammées

2020 03 21 SO pour soulager

Le groupe Bordeaux-Nord compte sept établissements en Gironde et assure 100 000 opérations chirurgicales chaque année. Outre la clinique Bordeaux-Nord, il y a la clinique Bel-Air, celle des Pins-Francs, la polyclinique Bordeaux rive droite, la clinique ophtalmologique Thiers, la clinique d’Arcachon et un Ehpad à Talence. 

«Il y a une semaine très exactement, commence Philippe Cruette, directeur de la clinique BordeauxNord et directeur adjoint du groupe, l’Agence régionale de santé nous a, ainsi qu’à toutes les cliniques privées, demandé d’annuler toutes les hospitalisations programmées non urgentes. Nous avons répondu aussitôt, alerté nos patients. Tout ce qui ne porte pas préjudice au patient a été déplacé à une date ultérieure. Nous avons fermé la clinique Thiers, à l’exception d’une demi-journée, le jeudi matin, qui assurer le suivi des patients pour des cancers, ou une urgence ophtalmique.» 

Les deux établissements généralistes, que sont la clinique BordeauxNord et la clinique Bordeaux rive droite, ont mis en place des mesures spéciales Covid-19. Les autres établissements se sont mis à la disposition des deux cliniques généralistes.

Cinq missions sanitaires sont maintenues. Elles concernent l’insuffisance rénale, la maternité (les deux sites assurent 4 500 accouchements par an), la cancérologie et les urgences et réanimation hors Covid-19. 

4 000 lits de réa en France 

Toutes les cliniques privées de Gironde ont répondu à la sommation de l’ARS. Mais toutes ne disposent pas d’un service de réanimation, avec possibilité d’assurer de la ventilation chez un patient en détresse respiratoire, ou même une intubation. La clinique Bordeaux-Nord, l’une des plus grandes de la région, et la clinique Jean-Vilar, qui compte six lits de réanimation notamment, sont en revanche en mesure de le faire. 

Lamine Gharbi, président de la Fédération de l’hospitalisation privée, a annoncé que 4 000 lits de réanimation serait mis à disposition des malades du coronavirus dans toute la France. «Pour soulager les hôpitaux publics, dont beaucoup sont débordés, les établissements privés proposent désormais leurs services pour accueillir des malades du coronavirus», a-t-il déclaré. 

Philippe Cruette se bat quotidiennement pour obtenir davantage de masques. Même s’il admet peu dormir ces derniers jours, il estime que la Nouvelle-Aquitaine a bénéficié de temps pour se préparer. «Nous ne sommes pas pris dans l’avalanche comme dans le Grand Est. Et peut-être pouvons nous espérer que les mesures de confinement, qui sont ici dans un bon timing, vont nous éviter le tsunami que nous redoutons tous

Sud-Ouest du 21 mars 2020 

Les cliniques font face au Covid-19 

CRISE SANITAIRE Hier, aux urgences de la clinique Bordeaux-Nord, deux personnes en détresse respiratoire ont intégré le service réanimation Covid-19. On y était

2020 03 21 SO les cliniques 2Un patient en détresse respiratoire, présentant les symptômes du Covid-19, arrive aux urgences de la clinique Bordeaux-Nord. La prise en charge est adaptée. PHOTO FABIEN COTTEREAU 

Une tente blanche a été dressée devant l’entrée des urgences de la polyclinique Bordeaux-Nord, à deux pas des boulevards bordelais. Il fait soleil, ce matin, et l’équipe placée devant ce poste médical avancé se félicite. Le dispositif Covid-19 est opérationnel. Tahar Saghi et Thomas Laterrade, médecins réanimateurs, Fabrice Donck, médecin urgentiste, papotent. Ils sont désormais prêts à accueillir les patients souffrant du coronavirus : «On travaille main dans la main avec l’équipe du CHU de Bordeaux. Cette tente de tri est le même modèle qu’à Pellegrin, copié sur la médecine de guerre…» Un camion de pompiers les interrompt. 

Changement de rythme. Chacun file à son poste, les infirmières sont déjà habillées : charlotte, gants, masque, combinaison, surchaussures, tablier. Le patient est en souffrance respiratoire, il a tous les symptômes du Covid-19. 

Un premier, puis un second 

Placé sur un autre brancard, le voilà masqué. Prise de température, questionnaire rapide. Évaluation de la gravité de son état. Installée dans un box sous la tente, une infirmière se charge d’assurer un prélèvement en enfonçant un goupillon dans sa narine. L’échantillon partira dans la foulée vers le service de virologie du CHU de Bordeaux. Puis, le patient sera conduit via un sous-sol vers un ascenseur dédié pour monter au service réanimation, sans jamais croiser un autre brancard, ni même un visiteur en goguette.«Le centre de tri» sous la tente, comme le qualifient trivialement les soignants de la clinique, a pour vocation d’éviter toute possibilité de contamination du virus aux autres patients des urgences. Un circuit est donc prévu. Il écarte du patient Covid toute autre personne non préparée. Là-haut, en réa, une autre équipe médicale attend le malade. Ses membres ont pris le temps de s’habiller, en respectant à la lettre le protocole REB (Risque épidémique et biologique). Le patient, éveillé et serein, sera glissé dans une chambre de soins, où il va enfin être placé sous oxygène. Soulagement. 

Mais en bas, c’est une femme, également en détresse respiratoire, présentant les symptômes du Covid-19, qui vient d’être conduite au poste médical avancé des urgences. Même prise en charge. «On commence doucement à entrer dans le vif du sujet, note le docteur Wilfried Pujol, médecin réanimateur. « À ce jour, nous soignons deux patients Covid-19 en réa. Nous avons bouclé cette semaine une ultime formation pour se préparer à l’épidémie. Il a été décidé en cellule de crise – en accord avec le Samu, le CHU et l’Agence régionale de santé – que, dorénavant, le Samu répartirait les malades Covid-19 entre les urgences de Pellegrin et nous, pour éviter l’engorgement brutal sur un seul site.» 

Au poste médical avancé sous la tente, en plus de l’équipe des urgences de la clinique, intervient un chirurgien orthopédique, le professeur Le Huec, dont toutes les interventions chirurgicales non urgentes ont été déprogrammées. 

Décloisonner et être solidaires 

« La solidarité est incroyable », se félicite Philippe Cruette, directeur du site. « Tout se passe sans contrainte, grâce à la seule force du volontariat. On voit revenir spontanément des soignants qui avaient quitté le navire.» La clinique Bordeaux-Nord est désormais forte de 30 lits de réanimation et 15 lits de surveillance continue. « On pourra aller jusqu’à 60 lits en cas de besoin, remarque Philippe Cruette. La déprogrammation en amont de toutes les interventions non urgentes a généré la libération de lits, de personnels soignants.» Les pratiques pour la gestion du Covid-19 sont harmonisées entre les cliniques privées et le CHU qui fait référence. Des réunions en ligne se tiennent plusieurs fois par jour, d’une part pour faire le point mais aussi pour échanger les expériences. « Les stratégies de prise en charge sont évolutives, admet le docteur Donck urgentiste. Toutes les idées sont bonnes à partager.» 

«Pour l’instant, on n’est pas dans l’effervescence, mais plutôt dans les starting-blocks, remarque de son côté le médecin réanimateur Wilfried Pujol. Le décloisonnement entre les établissements privé et public pour répondre à cette crise était indispensable. Il n’y a pas de compétition entre nous. On travaille ici dans les mêmes conditions et les patients ne payent rien, la réa, c’est notre côté service public. On est le petit CHU de Bordeaux en quelque sorte.» 

La semaine prochaine, le laboratoire médical de la clinique Bordeaux-Nord sera en mesure de réaliser ses premiers tests coronavirus, ce qui permettra à la fois un gain de temps, mais aussi un appui au CHU qui assure toutes les analyses à ce jour. 

Sud-Ouest du 21 mars 2020 

2020 03 21 SO Echos du bassin

 

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