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29 janvier 2020

Projet de parc éolien à Lesparre

Sud-Ouest du 29 janvier 2020 

Ce qui fait défaut au projet de parc éolien 

LESPARRE Dans les conclusions de l’enquête publique, le commissaire enquêteur constate l’absence du bilan de concertation

ce qui fait défaut

Si le dossier d’implantation du parc de 12 éoliennes à Lesparre n’est pas « complètement» enterré, il ne se présente pas sous les meilleurs auspices pour la société Valorem et la Caisse des dépôts et consignations, les porteurs de ce projet(1). Le commissaire enquêteur vient de donner un avis défavorable dans ce dossier, après une enquête publique qui s’est déroulée entre le 21octobre et le 6décembre 2019 (notre édition d’hier). 

La procédure prévoit, au mois de mars, la consultation de la Commission départementale de la nature des sites et des paysages. Il reviendra ensuite à la préfète de la Gironde de prendre un arrêté pour l’autorisation ou le refus d’exploitation du parc éolien. La décision pourrait intervenir dans trois mois. C’est-à-dire au lendemain des élections municipales. « Sud Ouest» a pu consulter le rapport et les conclusions de l’enquête publique. Quatre points en particulier fragilisent ce projet de parc éolien. 

1 Une implantation en milieu forestier contestée 

La Fédération girondine des associations de défense des forêts contre l’incendie (DFCI33) a émis un avis défavorable «au motif que les infrastructures du projet augmentent les enjeux au risque feu de forêt et créent une gêne pour l’intervention des moyens de lutte terrestre et aérien». La question du débroussaillement autour des éoliennes fait débat. Le Service départemental d’incendie et de secours (Sdis) préconise « un débroussaillement plus important que celui exigé par la réglementation ». Soit un rayon de 150 mètres contre 30 mètres. 

Il est également relevé que «la contrainte de zone d’exclusion pour les Canadair semble ne pas avoir été prise en compte pour la détermination de la distance minimale aux habitations ». Ce volet sécurité pourrait peser lourd dans la décision finale. 

2 Des éoliennes trop proches de la route départementale 

Le commissaire enquêteur relève « une distance des éoliennes à la route départementale RD4 insuffisante». La RD4 est un axe routier de deuxième catégorie qui traverse le site d’implantation selon un axe nord-est sud-ouest. Le flux, sur cette voie, est de 2 000 véhicules/jour. Dans le schéma du parc éolien de Lesparre, l’étude révèle que « cinq éoliennes présentent une surface exposée aux risques de projections de pales, de glace et d’effondrement». En clair, les éoliennes sont trop proches de la route. 

Sur ce volet, le commissaire enquêteur fait observer « que si la situation du dossier est conforme au règlement de la voirie du Département actuellement en vigueur, on peut toutefois s’étonner que le porteur de projet n’ait pas anticipé la contrainte, étant donné qu’il y est déjà soumis dans d’autres départements». Il poursuit: «Compte tenu des délais pour la construction du parc, la révision du règlement de voirie départemental étant prévue dès la prochaine séance, la localisation de quelques éoliennes en bordure de la RD4 risque vraisemblablement d’être frappée d’alignement ». Entre 2000 et 2012, 12 accidents ont été recensés en France. La distance maximale relevée pour une projection de pale est de 400 m. Les cinq éoliennes ciblées se trouvent à moins de 300 mètres de la RD4. 

3 Une action de concertation inexistante 

Sur un tel dossier, on peut s’attendre à ce que l’action de concertation soit poussée au maximum. Pourtant, dans les conclusions, «le commissaire enquêteur, constatant l’absence de bilan de concertation dans le dossier d’enquête publique, s’est rendu sur le terrain pour interroger les riverains proches du site prévu pour le parc éolien». 

Après avoir rencontré des personnes habitant à une distance variant entre 700 et 1 200 mètres, «il en ressort [qu’ils] n’ont bénéficié d’aucune visite de la part du porteur de projet durant la phase d’études, s’il est fait exception, pour certains, de la demande d’autorisation de mise en place de sonomètres par le bureau d’études Alyange ». Bref, « la prise de contact avec les riverains directement concernés ne semble pas avoir été faite. Seuls les propriétaires concernés par la zone d’implantation ont été contactés afin de donner un maximum d’options d’optimisation au projet lors de son développement». 

Le commissaire enquêteur fait aussi état «d’un ressentiment beaucoup plus fort à l’égard des élus qu’envers le porteur de projet qui, de fait, ne fait que son métier ». Cette défaillance dans la concertation en amont à des conséquences. «Elle porte atteinte à l’acceptabilité sociale du projet et explique les oppositions frontales observées en fin de l’enquête.» 

4 Pas le même «son» entre le PNR et le porteur du projet 

C’est le volet plus politique de ce dossier. Le commissaire enquêteur a noté « une différence d’interprétation de la stratégie énergétique territoriale entre le Parc naturel régional Médoc et le porteur de projet». Elle se résume en un point dans l’enquête publique relative au PNR. «Un seul point fait débat dans l’enquête : le développement des énergies éolienne et photovoltaïque. L’ambition du projet PNR paraît en retrait par rapport aux aspirations des filières (EnR). 

Cela nécessitera un travail complémentaire d’explication vis-à-vis de cette activité mais aussi une grande vigilance future sur l’émergence de polémiques à l’occasion de projets particuliers ». 

L’actualité met en lumière un antagonisme réel entre le PNR et les promoteurs de l’éolien. Henri Sabarot, le président du PNR Médoc, ne s’en est d’ailleurs jamais caché. 

ce qui fait défaut 2

  1. Contactée par «Sud Ouest», la société Valorem a indiqué ne pas vouloir réagir à chaud aux conclusions du commissaire enquêteur. 

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