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23 décembre 2019

Tempête Fabien

tempête Fabien

tempête Fabien 2

Sud-Ouest du 23 décembre 2019 

«Les orages ont été un facteur aggravant» 

TEMPÊTE FABIEN L’épisode a causé quelques dégâts et des coupures de courant. Un homme a été grièvement blessé. Mais on est loin des tempêtes Martin (1999) et Klaus (2009)

les orages 23À Bordeaux, les bureaux flottants en bois de la société Carmo France étaient en construction et n’ont pas résisté. PHOTO F. C./ « SO »

Dans la nuit de samedi à dimanche, la tempête Fabien a traversé le Sud-Ouest, blessant grièvement un jeune homme, privant d’électricité jusqu’à 95 000 foyers en Nouvelle-Aquitaine, provoquant des dégâts matériels, en particulier en Gironde, et entraînant des interruptions du trafic SNCF. Des rafales à plus de 140 km/h ont balayé la région. 148km/h ont même été relevés à Socoa (Pays basque) et au cap Ferret (Gironde). Si pour ce dernier, on est loin du record du 7 février 1996 (176km/h), à Socoa, le vent a soufflé aussi fort que lors de la tempête Martin (décembre 1999), et à peine moins fort que lors du passage de Klaus, en janvier 2009 (151km/h). 

À Bordeaux, les rafales ont atteint 141 km/h, relativement loin des 160km/de Klaus, mais assez proches des valeurs maximales enregistrées lors de la tempête de 1999 (144 km/h). Sur la Corse, le vent a soufflé à plus de 200 km/h. 207 et 205 km/h ont notamment été relevés respectivement au Cap Sagro et Cagnano ou encore 170 km/h à Bastia. Ces très fortes bourrasques sont dues à des orages qui se sont développés plus au sud de la tempête et l’ont précédée, explique Emmanuel Demaël, prévisionniste chez Météo France. «Ils sont évidemment liés à la dépression, mais ils ont agi comme un facteur aggravant.» Alors que la tempête Fabien n’était attendue que dans la nuit, les premiers orages se sont soudainement développés au large du Pays basque, samedi, en milieu d’aprèsmidi. C’est lorsque ces orages ont traversé la région de Saint-Jean-de-Luz que des rafales à 148 km/h, les plus fortes de l’épisode, ont été enregistrées à Socoa. 

En Gironde, département le plus touché par la tempête, les rafales les plus fortes ont été enregistrées aux alentours de 23 heures. Si par endroits, comme à Bordeaux, elles ont approché les valeurs des tempêtes historiques Martin et Klaus, «la tempête Fabien est sans commune mesure avec elles », selon Emmanuel Demaël. 

«C’est incomparable» 

En décembre 1999 et en janvier 2009, les vents tempétueux s’étaient déchaînés en continu pendant des heures dans le Sud-Ouest. Alors que dans la nuit de samedi à dimanche, les très fortes rafales étaient liées à un front orageux. Elles étaient donc très localisées et les plus furieuses n’ont pas duré plus d’une quinzaine de minutes. « En termes de dégâts c’est incomparable», souligne le prévisionniste. Fabien poursuivait, hier, son chemin vers l’Allemagne et le Sud-Ouest n’était plus en vigilance aux vents violents. Les vents devaient à nouveau se renforcer, hier soir, avec des rafales pouvant atteindre 70 à 90km/dans les terres et 100 à 120km/h sur le littoral, «mais sans les orages et de manière plus localisée», précise Emmanuel Demaël. Ce temps agité s’inscrit dans la continuité des dernières semaines, marquées par une succession de perturbations très actives accompagnées de vents violents et de pluies intenses, qui ont déjà provoqué de nombreuses inondations, notamment dans le Sud-Ouest, où trois personnes sont mortes, la semaine dernière.

non les tempêtes

CLIMAT Une idée reçue voudrait que les hivers soient plus tempétueux sur nos côtes en raison du réchauffement global. Aucun élément sérieux n’accrédite cette croyance 

Les tempêtes nous cernent. Nos hivers sont parsemés de jaune, d’orange et de rouge, au gré des pigments utilisés pour les cartes de vigilance de Météo France. Lothar et Martin, en décembre 1999, Klaus en janvier 2009 et Xynthia en février 2010 sont autant de blessures à vif dans nos mémoires. Ce sinistre cortège figure-t-il une sorte de punition qui procéderait du réchauffement climatique, une punition qui promettrait de s’amplifier ? 

La réponse est non. Les tempêtes hivernales ne se renforcent pas dans nos contrées. « Aucune tendance climatique ne peut être établie sur l’évolution de l’intensité des tempêtes. L’état actuel des connaissances ne permet pas d’affirmer que les tempêtes seront sensiblement plus nombreuses ou plus violentes en France métropolitaine au cours du XXIe siècle », relève ainsi Météo France. 

Cinq siècles de tempêtes 

L’établissement public renvoie au rapport « Le climat de la France au XXIe siècle », commandé par l’État et coordonné par le climatologue Jean Jouzel en 2014. L’analyse « ne permet pas de tirer de conclusions sur la fréquence et l’intensité des tempêtes hivernales », indique le document. 

Véritable bible sur la question à l’échelle du Sud-Ouest, le rapport Acclimaterra, sorti l’année dernière, enfonce le clou. « La profondeur historique contribue à relativiser la notion « d’événements inédits », assez systématiquement mise en avant à chaque nouvelle catastrophe depuis une décennie », est-il écrit dans cet épais document. Il est le fruit d’une commande de la région Nouvelle-Aquitaine coordonnée par le climatologue Hervé Le Treut. 

Emmanuel Garnier, directeur de recherche CNRS, coordinateur du chapitre d’Acclimaterra sur le climat régional d’antan, livre les données disponibles dans la revue « Risques » de septembre 2018 : « En matière de tempêtes continentales du type Lothar-Martin (1999) et Klaus (2009), l’Europe de l’ouest a subi 39 aléas éoliens compris entre les forces 10 et 12 de l’échelle de Beaufort depuis 1500, soit une période de retour d’environ treize ans », y détaille-t-il. 

Invité cette année par le Disaster Prevention Research Institute, de l’université de Kyoto, au Japon, l’historien du climat confirme en termes clairs ses conclusions : « Si on raisonne à l’échelle des côtes atlantiques de la France, non, il n’y a pas de signe de multiplication des tempêtes », souligne-t-il. Sans chercher bien loin, la tempête de novembre 1982 et «l’ouragan» d’octobre 1987 avaient malmené la façade ouest du pays. Mais leur souvenir s’est estompé. 

La vulnérabilité augmente 

« C’est surtout la vulnérabilité de nos sociétés qui augmente. Les alertes se multiplient mais rien ne freine ce mouvement. On en a un bon exemple avec le massif forestier. Les anciennes forêts landaises étaient bien plus diversifiées. On sait que les plantations de pin de type industriel ne sont guère résilientes. Pourtant, après Martin et après Klaus, on a recommencé à l’identique. De la même manière, le nombre d’habitants en bord de mer ne cesse de grimper. Nous sommes plus vulnérables aux submersions, dont les épisodes ont également été nombreux par le passé », analyse Emmanuel Garnier.

Non les tempêtes 2

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