Hôpital public
Sud-Ouest du 15 décembre 2019
Hôpital public : 660 médecins menacent de démissionner si des négociations ne sont pas ouvertes avec la ministre
Depuis neuf mois, le personnel hospitalier demande au gouvernement un plan d'investissements supplémentaires pour l'hôpital de 1,3 milliard d'euros par an. PHILIPPE HUGUEN / AFP
Dans leur tribune publiée par le Journal du Dimanche, les médecins hospitaliers dénoncent les coupes budgétaires réalisées par le gouvernement.
« L’hôpital public se meurt ». Quelque 660 médecins hospitaliers menacent de démissionner si le gouvernement « n’ouvre pas de réelles négociations pour desserrer la contrainte imposée à l’hôpital public ». « Les médecins hospitaliers ont eu beau sonner l’alarme, la rigueur est devenue austérité, puis l’austérité, pénurie », écrivent les signataires d’une tribune publiée par le JDD. Réunis dans le Collectif Inter-Hôpitaux, les professionnels de la santé dénoncent notamment la « contrainte » imposée à l’hôpital public et envisagent donc « un mouvement de désobéissance inédit ».
Les 660 médecins, issus de « toutes spécialités, tous hôpitaux, et toutes régions » appellent aussi à la mobilisation mardi prochain, jour de nouvelles manifestations interprofessionnelles contre la réforme des retraites.
« Le vrai ministère de la Santé est désormais à Bercy »
Les signataires estiment que les mesures annoncées fin novembre par le gouvernement sont loin de répondre aux besoins des hôpitaux publics. Édouard Philippe avait par exemple promis une reprise du tiers de la dette des établissements et un budget en hausse pour le secteur.
Pas assez pour les 660 médecins semble-t-il : « Ces mesures se résument pour 2020 à moins de 300 millions supplémentaires alors que de l’avis général il manque 1,3 milliard d’euros pour répondre à la seule augmentation des charges ». Les signataires demandent dès à présent l’ouverture d’un Grenelle de l’hôpital public avec la ministre de la Santé Agnès Buzyn.
9 mois de crise
Pour cela ils rappellent la « grève du codage » mise en place dans certains établissements il y a plusieurs mois pour bloquer « la facturation des séjours hospitaliers à la Sécurité sociale ». L’idée : stopper la transmission informatique des données permettant à l’Assurance maladie de facturer les actes qu’ils réalisent et ainsi taper au portefeuille l’administration hospitalière.
En colère, les signataires de la tribune adresseront leur « lettre à la ministre pour lui enjoindre d’ouvrir les négociations avec le collectif Inter-hôpitaux… ou de (les) rejoindre ». Après neuf mois de crise à l’hôpital public, médecins, soignants ou encore internes sont de nouveau appelés à se mobiliser partout en France mardi. De leur côté plusieurs médecins généralistes ont entamé une grève tous les samedis matin, à l’appel du syndicat MG France.
Le JDD du 14 décembre 2019
TRIBUNE. 660 médecins hospitaliers se disent "prêts à la démission"
Assurant que le gouvernement est sourd à leurs revendications, 660 chefs de service, responsables d'unités de soins et médecins hospitaliers menacent dans le JDD de "démissionner si la ministre [de la Santé, Agnès Buzyn] n'ouvre pas de réelles négociations".
"L'hôpital public se meurt, faute de moyens à même d'assurer la qualité des soins et de garantir la sécurité des patients. Les médecins hospitaliers ont eu beau sonner l'alarme, la rigueur est devenue austérité, puis l'austérité, pénurie. La ministre actuelle ne manque pas de témoigner sa compassion, mais le vrai ministère de la Santé est désormais à Bercy. Nous devons donc nous résoudre aujourd'hui à un mouvement de 'désobéissance' inédit.
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Comment forcer le gouvernement à ouvrir un Grenelle de l'hôpital public avec un vrai plan financé répondant aux besoins? Respectant leur éthique professionnelle, les médecins hospitaliers se refusent à la grève des soins. Il y a deux mois, à l'appel du Collectif Inter-Hôpitaux (CIH), rassemblant médecins, personnels non médicaux et représentants des usagers, s'est mise en place dans plusieurs établissements une 'grève du codage', c'est à-dire un blocage de la facturation des séjours hospitaliers à la Sécurité sociale. Le 14 novembre, les médecins ont manifesté dans la rue avec l'ensemble des personnels.
Las : les mesures gouvernementales se résument pour 2020 à moins de 300 millions supplémentaires, alors que de l'avis général il manque 1,3 milliard d'euros pour répondre à la seule augmentation programmée des charges. L'hôpital se meurt et la ministre ne lui administre que des soins palliatifs.
Afin de crier leur désespoir, des chefs de service, responsables d'unités de soins et médecins participant à la gestion des hôpitaux nommés ou élus, ne demandant rien pour eux-mêmes, s'engagent à démissionner si la ministre n'ouvre pas de réelles négociations pour desserrer la contrainte imposée à l'hôpital public. À ce jour, nous sommes plus de 660 signataires de toutes spécialités, de tous hôpitaux et de toutes régions. Lorsque nous serons 1.000, nous adresserons notre lettre à la ministre pour lui enjoindre d'ouvrir les négociations avec le CIH… ou de nous rejoindre."
Les premiers signataires, pour le Collectif Inter-Hôpitaux : André Grimaldi, professeur émérite, et les chefs de service André Baruchel (hôpital Robert-Debré), Stéphane Dauger (hôpital Robert-Debré), Jean-Luc Jouves (hôpital de la Timone), Philippe Lévy (hôpital Beaujon), Agnès Linglart et Xavier Mariette (hôpital Bicêtre), Gilles Montalescot (hôpital Pitié-Salpêtrière), Antoine Pelissolo (hôpital Henri-Mondor), Ronan Roussel (hôpital Bichat).
TRIBUNE. 660 médecins hospitaliers se disent "prêts à la démission" Assurant que le gouvernement est sourd à leurs revendications, 660 chefs de service, responsables d'unités de soins et médecins hospitaliers menacent de "démissionner si Agnès Buzyn n'ouvre pas de réelles négociations".
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