Manque de pluies
Sud-Ouest du 29 août 2019
Un an de pluies trop faibles
MÉTÉO Sur une partie du pays, le déficit des précipitations dure depuis septembre 2018. Les chaleurs n’arrangent rien
Le 26 août, le site ministériel Propluvia recensait 86 départements concernés par des mesures de restrictions d’eau, parmi lesquels 41 en situation de crise, soumis à une interdiction de l’irrigation sur tout ou partie de leur territoire. C’est le cas de la Creuse, de la Haute-Vienne et, plus généralement, d’une large bande qui traverse la partie centrale de l’Hexagone, de la Bourgogne-Franche-Comté à l’est aux Pays de la Loire à l’ouest. L’Est de la France et la région Auvergne-Rhônes-Alpes sont eux aussi impactés par de lourdes restrictions.
En revanche, les zones épargnées par la soif ne sont pas légion. L’arc alpin est en situation de simple vigilance. Outre quelques départements de Bretagne et de Normandie, c’est le piémont pyrénéen qui s’en sort le mieux.
Dans ce tableau morose, certains territoires font face à des situations de pénurie très inquiétantes. C’est le cas du Limousin (lire ci-contre) mais aussi d’une bonne partie du pourtour méditerranéen.
Il y a quelques jours, la préfecture du Gard a ainsi qualifié d’exceptionnelle la sécheresse qui affecte le département. Le Gard et son voisin l’Hérault ont connu, cet été, une canicule remarquable par son intensité et sa longévité. C’est à la rencontre des deux départements, à Vérargues dans l’Hérault, que le record absolu de température en France a été battu le 28 juin. Le thermomètre avait affiché 46 °C ce jour-là. Si la chaleur n’explique pas à elle seule la sécheresse, elle l’aggrave. Maximaux durant l’été, les besoins de la végétation sont dopés par l’évapotranspiration, c’est-à-dire les pertes en eau au niveau des feuilles. La « sueur des végétaux » est compensée par un pompage accru des racines dans le sol, lequel éradique l’humidité superficielle.
Cette année, les deux canicules hors du commun, qui ont frappé le pays à la fin du mois de juin puis dans la deuxième quinzaine de juillet, ont entretenu le phénomène. Cette semaine encore, des températures remarquables ont été enregistrées. Elles ont fréquemment dépassé 35 °C, le 26 août, au centre de la France, avec un étouffant 36,9 °C relevé à Limoges.
Un déficit de pluie marqué
Mais le problème vient de plus loin. D’une période, l’automne et l’hiver, où chacun se félicite souvent d’un ciel sans nuage. C’est pourtant durant ces mois de sommeil végétatif que les pluies sont «utiles », dans le sens où elles s’infiltrent dans le sol, rechargent les nappes phréatiques et épaississent le matelas aquatique qui permettra de passer l’été sans encombres. Dans son bulletin hydrologique publié en début de semaine, Météo France a souligné l’anomalie. «Depuis septembre 2018, le déficit de pluie perdure et reste en moyenne proche de 20 % sur le pays. Tous les mois, décembre 2018 excepté, ont connu des cumuls de pluie inférieurs à la normale», a indiqué l’établissement public.
Si des précipitations plus conformes aux moyennes sont revenues de la Bretagne au bassin parisien, la sécheresse a persisté en août au centre géographique de l’Hexagone et sur les régions méditerranéennes. Excepté sur la façade atlantique, les sols sont secs à très secs en surface. Corollaire, les feux de forêt prospèrent. Dans le Gard, par exemple, où plus de mille hectares ont été dévorés par les flammes cet été, le plus lourd bilan depuis vingt-neuf ans.
La relative humidité des sols a, au contraire, préservé jusqu’ici le massif forestier des Landes de Gascogne d’un incendie catastrophique