Urgences : le personnel dénonce des conditions indignes
France Bleu du 30 juillet 2019
Urgences : un patient reste 120 heures sur un brancard à Saint-Étienne
Un patient a quitté le CHU de Saint-Étienne mardi 30 juillet après avoir passé 120 heures sur un brancard, soit cinq jours à l'hôpital sans chambre. Le personnel dénonce des conditions indignes, la direction ne souhaite pas s'exprimer.
Banderole affichée devant l'entrée des urgences du CHU de Saint-Étienne © Radio France - Alexandre Berthaud
"On commence à voir des gens qui repartent avec des débuts d'escarres, parce qu'ils restent trop longtemps sur des brancards. On fait ce qu'on peut pour les masser mais on n'est pas assez". Axelle, aide-soignante, vient de passer une journée de travail au service "G" (pour "grave") des urgences du CHU de Saint-Étienne. Lorsqu'elle est arrivée le matin, 38 patients étaient sur un brancard.
Sa collègue Valérie, au service "UF" ("urgences fonctionnelles) a elle vu un patient quitter son service dans la journée du mardi 30 juillet, après 120 heures passées sur un brancard. Il s'agit d'un homme de 72 ans. Selon le personnel, des patients restant plus de 70 heures sur des brancards ne sont pas rares, et la situation empire de jour en jour.
Malgré nos nombreuses alertes de ces dernières semaines, le constat est ce matin sans surprise dans notre service d'urgences.🚨🚨😤😤 #urgences #urgencesengreve #soutienalagrevedesurgences @InterUrg @cause_psy @ChuSaintEtienne pic.twitter.com/6xpc7fE026
— Sainté s'ins-URG (@ins_urg) July 30, 2019
Selon la charte du patient du CHU, un patient se voit garantir "la qualité de l'accueil, de traitement et des soins [...] pour assurer à chacun une vie digne (article 2)", et se voit garantir "le respect de la vie privée". Tout de suite quand on évoque cette charte, Axelle réagit : "Non ce n'est pas respecté. Faire des toilettes dans un couloir parce qu'on n'a plus de place dans les box, au niveau de l'intimité du patient, il n'y en a pas. On a des paravents, mais ils ne cachent pas tout."
La direction n'a pas répondu à nos sollicitations concernant cette situation. À la fin de la journée de mardi, il ne restait que quelques patients donc le temps de brancard excédait 70 heures. Le personnel des urgences est en grève depuis près de deux mois.