Des urgences à l'agonie
Sud-Ouest du 7 juin 2019
Partout, des services d’urgences à l’agonie
SANTÉ À Libourne, en Gironde, comme ailleurs, médecins et soignants dénoncent le manque d’effectif et la mise en danger des patients. Certains sont déjà partis, d’autres déconseillent la carrière. Ceux qui restent sont toujours passionnés mais épuisés
200 urgentistes se sont mobilisés, hier, à Paris. Parmi eux, une délégation girondine, composée entre autres de salariés de l’hôpital Robert-Boulin de Libourne. PH. AFP
Dans les services d’urgence, un peu partout en France, on ne parle plus de malaise mais de véritable burn-out. Une situation dénoncée depuis bientôt trois mois, et de nouveau mise en lumière, hier, par la manifestation d’environ 200 urgentistes à Paris, suite à l’appel du collectif Inter-Urgences, soutenu par les syndicats CGT, SUD et FO et l’Association des médecins urgentistes de France (Amuf). Parmi eux, une délégation girondine, composée entre autres de salariés de l’hôpital Robert-Boulin de Libourne.
« Nos équipes désertent »
À Libourne, comme ailleurs, le personnel est à bout et les effectifs déjà au minimum. «Nos équipes désertent. Sur 27 postes de médecins urgentistes, nous sommes 18. Et 13 à partir de septembre », se désole Juliane Bosc, médecin urgentiste qui, de vendredi 8h30 à lundi 8h30, a assuré cinquante-quatre heures de présence.
Côté infirmiers, ils sont de plus en plus nombreux à opter pour le libéral. «Pas pour des raisons financières mais pour travailler sereinement, selon leurs valeurs», nous assure-t-on lors du court débrayage organisé hier, à 12h50.La direction, elle, n’a pas souhaité s’exprimer.
Pour assurer l’été, période critique pour les urgences, des spécialistes d’autres services auraient d’ores et déjà accepté de renforcer les effectifs. Les soignants, eux, enchaînent les heures supplémentaires.
Pourtant, au service des urgences de Libourne, le personnel aurait augmenté ces dernières années. Mais, selon les dires des équipes concernées, pas suffisamment pour absorber le flux de malades. Partout en France, les hôpitaux sont contraints de fermer des lits. Les patients restent donc plus longtemps aux urgences, parfois sur de simples brancards», indique l’urgentiste. De fait, les délais d’attente augmentent. L’agressivité aussi.
À Libourne, le soir et le week-end, une partie de la «bobologie » peut être orientée vers la Maison médicale de garde, située au même endroit. «Ça soulage un peu mais si les gens ne veulent pas y aller, pour ne pas payer la consultation par exemple, on ne peut pas les contraindre.»Une solution initiée par l’hôpital avec des médecins de ville, qui s’avère insuffisante."...