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GIRONDE VIGILANTE
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31 janvier 2018

Le sort de nos anciens

Fin 2012, une jeune étudiante, Alma Adilon Leonardi, a remporté le concours de plaidoirie organisé par le Mémorial de Caen. Elle avait choisi pour thème le bout du bout de la vie, celui que nous redoutons tous. On constate aujourd'hui qu'en cinq ans rien a changé mais écoutez plutôt sa plaidoirie à l'époque.

Sud-Ouest du 31 janvier 2018 

Édito : le sort de nos anciens

édito

Bruno Dive. THEILLET LAURENT 

De même qu’elle ne veut plus affronter la mort en face, notre société moderne ferme pudiquement les yeux sur le sort des plus anciens. 

Le mouvement d’une ampleur sans précédent qui a touché hier les maisons de retraite – terme que l’on préférera au sigle barbare d’Ehpad – pose à notre pays plusieurs questions essentielles. La première est d’ordre moral : comment traiter nos aînés dans une société par ailleurs vieillissante, mais où le jeunisme ne s’est jamais aussi bien porté ? Quels efforts sommes nous collectivement disposés à faire, quand certain(e) s dépensent par ailleurs de fortes sommes pour donner l’impression de ne pas vieillir ? Le constat est unanime : dans ces maisons de retraite publiques, et donc réservées aux plus modestes, l’accueil, les soins, la disponibilité de personnels dévoués mais débordés, aboutit à des situations scandaleuses. Mais de même qu’elle ne veut plus affronter la mort en face, notre société moderne ferme pudiquement les yeux sur le sort des plus anciens. 

Il fut un temps où l’on mourrait chez soi, après y avoir vieilli. Ce temps-là n’est plus, et l’on meurt de plus en plus à l’hôpital après s’être vu confier par les familles (quand il y en a) à des établissements spécialisés.

Pour faire face à ce double phénomène, l’allongement de la durée de vie et le placement croissant des aïeux en maisons de retraite, les moyens manquent, à commencer par le personnel. Se pose alors l’autre question. Celle d’un État désargenté, qui voit ici et là surgir en ce début d’année des conflits qui témoignent d’une misère sociale et qui, tous, sont liés à un défaut d’argent. Ce sont les prisons, où il manque au moins 10 000 places, dont le délabrement et la surpopulation constituent une autre honte pour notre société. Ce sont les hôpitaux, dépassés eux aussi par l’explosion des urgences et par le manque de personnel. Ce sont les universités qui saturent face au nombre croissant d’étudiants et qui doivent mettre en place un système d’orientation, que d’aucuns, par souci polémique, ont rebaptisé du mot horrible (à leurs yeux) de « sélection ». 

Le nouveau gouvernement n’est pas responsable de cette situation, dont il a hérité après des années d’immobilisme ou de réformes toujours remises à plus tard. Mais il serait temps qu’un président, jeune, pose clairement les termes de l’alternative : voulons-nous une société solidaire ou la compétition à tout prix ? Et que des ministres, souvent compétents mais pas toujours suffisamment « politiques », mettent en place des mesures fortes.

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