Feux de forêt : Une catastrophe écologique qui deviendra de plus en plus commune
Ouest France du 13 août 2017
En 2050 il y aura des feux de forêt même en Bretagne
Un feu de forêt en Corse le 11 août 2017. | AFP
Le sud de la France et la Corse s’enflamment depuis plusieurs semaines, une catastrophe écologique d’une ampleur exceptionnelle mais qui deviendra de plus en plus commune, pas seulement dans ces régions. À cause du réchauffement climatique, en 2 050 ces incendies pourraient concerner la moitié des surfaces boisées hexagonales, dont la Bretagne.
« La moitié de la surface des landes et forêts métropolitaines pourrait être concernée par un niveau élevé de l’aléa feux de forêts »,c’est la conclusion alarmante du rapport interministériel intitulé Changement climatique et extension des zones sensibles aux feux de forêts publié en 2010. Cette situation serait provoquée par l’augmentation des températures qui attendraient alors des pics de chaleur de 44 à 46 degrés en Bretagne.
Des départements comme le Morbihan ou l’Ille-et-Vilaine connaîtront alors les mêmes risques d’incendies que le sud de la France d’aujourd’hui. « Le risque sera important dans les territoires où la végétation ressemble à celle de la zone méditerranéenne, c’est le cas de la Bretagne avec ses landes, ses broussailles, ses bruyères et ses forêts de résineux du Centre Ouest avec leur grande herbacée et leurs fougères », confirme au JDD le directeur adjoint Défense de la forêt contre les incendies à l’Office national des forêts, Rémi Savazzi.
Risque de disparition de certains massifs forestiers
Depuis le milieu du XIXe siècle, la surface de la forêt s’accroît en France. La forêt occupait 9 millions d’hectares en 1 850. Elle occupe 15,5 millions d’hectares en 2010. Cette tendance à la hausse s’explique par le remplacement du bois comme source d’énergie et l’augmentation des rendements agricoles.
Cependant la tendance pourrait bientôt s’inverser comme l’expliquent les auteurs du rapport : « le dépérissement de la végétation, les maladies nouvelles, et la forte fréquence de grands incendies auront sans doute raison d’une partie des massifs déjà à risque à risque élevé ».
Le chercheur Thomas Curt de l’Institut national de recherche en sciences et technologie pour l’environnement et l’agriculture (Irstea) soulève un autre point potentiellement catastrophique pour les forêts : l’allongement des périodes propices aux incendies. « Il faudra étendre les messages de prévention à des zones plus vastes et améliorer les dispositifs de lutte contre les incendies », explique-t-il au JDD.
Ces évolutions du risque d’incendies représentent bien sûr un surcoût important pour l’État qui lutte contre les feux de forêt et qui dépense déjà 500 millions d’euros tous les ans pour prévenir et lutter contre les feux.