Projet du champ captant
Sud-Ouest du 1er juillet 2017 par Julien Lestage
La situation se tend entre sylviculteurs et Métropole
Bruno Lafon, du Syndicat des sylviculteurs et Anne-Lyse Jacquet, vice-présidente de la Métropole. Photos Bernadette DUBOURG et Fabien COTTEREAU
Le Syndicat des sylviculteurs du Sud Ouest dénonce une rupture de concertation avec la Métropole sur le projet du captant en Médoc.
Sur le terrain, le dossier du champ captant de la lande du Médoc – un projet visant à trouver de nouveaux forages ayant pour objectif principal de fournir la zone urbaine de Bordeaux et alentours (lire ci-dessous) en eau potable – commence à sérieusement se tendre. Sur la finalité de ce dossier, les sylviculteurs du Sud Médoc, qui ont déjà eu l’occasion de faire entendre leur mécontentement à plusieurs reprises, craignent un abaissement des nappes d’eau de surface. Celles qui alimentent les pins.
Des sylviculteurs pas rassurés
Les forages, qui sont prévus sur les communes du Temple et de Saumos, doivent aller chercher de l’eau à environ 200 mètres de profondeur. Les premières données scientifiques, qui tendent à dire que l’impact serait très limité, ne rassurent pas pour autant les sylviculteurs. Les résultats d’une nouvelle étude de l’Institut national de la recherche agronomique, (Inra), demandée par le Syndicat des sylviculteurs du Sud-Ouest, sont d’ailleurs attendus dans les prochains mois. En parallèle, un premier forage d’essai, engagé sur un terrain du Département, commune du Temple, s’est effondré dans la nuit de lundi à mardi… Ce qui a provoqué la colère des riverains (lire « Sud Ouest » du 28 juin).
Le 23 juin, Bruno Lafon, le président du syndicat, a aussi adressé un courrier de mécontentement à Anne-Lise Jacquet, vice-présidente de Bordeaux Métropole en charge de l‘Eau et de l’Assainissement.
Le Syndicat court-circuité ?
Le patron des sylviculteurs, qui n’avait déjà pas eu de réponse à un premier courrier envoyé au mois de mai, s’inquiète d’une « rupture » de concertation de Bordeaux Métropole, maître d’ouvrage dans ce dossier du champ captant.
Il rappelle aussi que son syndicat « est toujours en attente de retours à propos des études et autres analyses à caractère scientifique sur l’impact du prélèvement et de la consommation de l‘eau pour alimenter Bordeaux Métropole, sur la croissance et la santé des milieux forestiers du Médoc ».
Dans son courrier du mois de mai adressé à Anne-Lise Jacquet, Bruno Lafon s’étonnait de la démarche de l’établissement public, qui avait directement pris contact avec les mairies de Saumos et du Temple pour présenter le positionnement de vingt sites de forages et une liste de propriétaires forestiers impactés. La démarche aurait visé à préparer un dossier d’acquisitions foncières.
Alors que le syndicat des sylviculteurs et Bordeaux Métropole avaient pris l’option de se concerter sur ce dossier sensible, Bruno Lafon a clairement le sentiment d’avoir été contourné… Contacté hier par « Sud Ouest », Anne-Lise Jacquet dément « toute rupture de concertation ».
La vice-présidente assure qu’un courrier de réponse est en cours de rédaction. Elle affirme aussi que les services de la Métropole sont toujours en relation avec les services du Syndicat des sylviculteurs du Sud-Ouest.
« C’est le projet phare »
Sur le fond du dossier, la vice-présidente rappelle que « ce projet autour de l‘eau est d’intérêt public et concerne tout le département, pas seulement la zone urbaine. »
Anne-Lyse Jacquet confirme aussi « que le projet de la lande du Médoc est le projet phare ». En clair, il n’y a aujourd’hui pas d’autre alternative à ce chantier pour aller chercher de l’eau potable.
Au final, si la concertation devait échouer, c’est le bras de fer assuré. Ce que veut à tout prix éviter l’élue.