Numéro unique
Sud-Ouest du 27 septembre 2015
Cazeneuve n’enterre pas encore les 17 et 18
Au congrès national des pompiers, hier, le ministre de l’Intérieur a approuvé le principe d’une expérimentation d’un numéro unique d’urgence.
À la tribune, hier, Bernard Cazeneuve s’est montré prudent sur la mise en place généralisée du 112.
Ne pas aller trop vite. Surtout pas. Il faut le temps de la réflexion et de l'expérimentation. À la tribune du 122e Congrès national des sapeurs-pompiers, le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a rappelé qu'il ne fallait pas confondre vitesse et précipitation, et qu'il serait suspect de s'engager sur l'aboutissement de telle ou telle proposition d'un congrès à l'autre. Comprendre par là qu'efficacité et rapidité ne vont pas forcément de pair. Cela augurait de la suite.
Pressé par le président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers, Éric Faure, à « s'engager dans la centralisation des appels 18 à l'échelle du département », le ministre d'État a certes fait un pas mais n'a pas franchi entièrement le seuil de la porte. Ce sera « oui » pour un test, une expérimentation au cours de laquelle le 112, numéro d'urgence valable pourtant déjà dans tous les pays de l'Union européenne, se substituera aux numéros 17 et 18. À l'instar de ce qui se fait aux États-Unis, avec un numéro d'urgence unique, le 911.
« Mutualiser les moyens »
« Aujourd'hui, a plaidé le colonel Éric Faure, face aux enjeux technologiques, aux attentes de la population, aux menaces et, bien sûr, à la contrainte économique, notre pays n'a plus les moyens de conserver une centaine de centres d'appels 18, une centaine de centres 15 et près de 300 pour le 17 de la police et de la gendarmerie. » Le représentant des sapeurs-pompiers y voit « un levier majeur pour mutualiser les moyens, intensifier la coopération entre les acteurs de l'urgence ». Et ce dernier d'en appeler donc « à ne pas retarder cette évolution » et à « ne plus hésiter ». Il devra composer avec la prudence de Bernard Cazeneuve. Si le locataire de la place Beauvau dit « oui à la mutualisation », il demande à juger sur pièces et à s'assurer de la bonne « interopérabilité » des services de secours.
« Sans rejeter l'idée, a-t-il insisté, je ne peux pas la prendre entièrement à mon compte sans faire l'inventaire précis des questions techniques que cela pose », a jugé le ministre, qui se prononce donc pour « une expérimentation » - mais hors Paris - concernant le 17 et le 18, qui, on l'aura bien compris, sont loin d'être définitivement raccrochés.
Effectif en hausse
Si le ministre de l'Intérieur était attendu sur le sujet du numéro unique, il l'était aussi sur celui des volontaires et des vocations à relancer. L'heure pour lui de faire un premier bilan du plan de 25 mesures lancé il y a deux ans. Un premier bilan heureux puisque, pour la première fois depuis onze ans, l'effectif des sapeurs-pompiers volontaires (193 000) a connu une hausse - de 1 442 personnes très exactement.
L'accès aux logements sociaux situés à proximité des casernes, les conventions de disponibilité avec des employeurs tels que la SNCF, l'Éducation nationale et les mairies, y seraient pour quelque chose. Bernard Cazeneuve a par ailleurs indiqué que des initiatives seraient prises afin d'obtenir une meilleure représentativité des volontaires dans la gouvernance des services départementaux d'incendie et de secours (Sdis).