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GIRONDE VIGILANTE
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14 juillet 2022

La Gironde s'embrase

Sud-Ouest du 14 juillet 2022

2022 07 14 SO Incendies en Gironde Face aux flammes

 

Sud-Ouest du 14 juillet 2022 

Cerné par les flammes, le Sud-Gironde dans l’incertitude 

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En proie à un incendie depuis deux jours, Guillos a été évacué dans la nuit de mardi à mercredi. Reportage dans ce village au cœur des flammes qui embrasent le Sud-Gironde

2022 07 14 cernéPlusieurs routes du département ont dû être fermées. LAURENT THEILLET / « SUD OUEST » 

Il est un peu plus de 9 heures à Guillos. Le village de 430 habitants est désert, noyé sous les fumées, dans lesquelles se perd la petite départementale reliant Guillos à Landiras. À quelques mètres d’une pancarte marquant l’entrée, l’herbe est encore fumante. Et le long du mur du cimetière, en lisière de forêt, des fumerolles attestent de la violence de l’incendie qui, sans l’intervention des pompiers, aurait sans nul doute englouti le bourg. Jean-Marie Bagur, l’adjoint au maire fume une cigarette devant la mairie. Une voiture de pompiers stoppe. Un soldat du feu descend, les traits tirés et demande un sandwich. Jean-Marie glisse une baguette et un pot de rillettes par la fenêtre du véhicule. Le pompier salue et repart en direction du panache de fumée. 

« Maisons sauves » 

À Guillos, l’ordre d’évacuer a été donné la veille à 18 heures. Le genre d’évènement, qui, pour un élu local d’une bourgade de cette taille équivaut à un cycle long dans le tambour d’une machine à laver, essorage compris. « Cela fait bien 30 heures sans dormir » glisse Mylène Doreau, la maire du village. Il a d’abord fallu évacuer le hameau de Brot. Les flammes léchaient les volets de certaines maisons. Puis ceux de Lahon et Saint-Michel. « Ensuite, on a évacué le reste du village, rue par rue. On a dû finir vers 3 heures du matin » explique l’adjoint au maire. Pendant ce temps, les pompiers luttaient pour protéger les maisons. 

Plusieurs mairies se sont portées volontaires pour ouvrir en urgence une salle polyvalente. Les habitants ont été répartis entre La Bréde et Louchats. Dans la mairie, Marie-Laure, la secrétaire de mairie entame une longue journée au téléphone sans jamais faire montre du moindre agacement. « Pour l’instant, le village est inaccessible. On ne sait pas comment le feu va se comporter. Mais vos maisons sont sauves. On surveille » explique-t-elle à un habitant inquiet. « La route que j’empruntais pour aller travailler était si belle. Elle est dévastée » soupire-t-elle devant un café. 

Moment suspendu. La chaleur n’écrase pas encore les rues. Les panaches se sont mués en nuages diffus après le passage matinal des dash et canadairs. Dehors, on entend parfois des arbres tomber. « C’est pas terminé » prophétise Christophe, l’agent municipal en se couvrant le nez avec un mouchoir. Sur la façade de la mairie, les drapeaux commencent à s’agiter. Signe que le vent se lève. « C’est le mauvais sens » maugrée Christophe. 

Derrière le stade, la fumée se fait plus dense. Un rapide tour du village permet à Jean-Marie d’identifier plusieurs points de départ. « C’est la merde ». Les pompiers se massent au carrefour du village. À chaque départ, une équipe se rue pour le stopper. À la mairie, on a amassé les victuailles pour les soldats du feu. « Ça fait une semaine qu’on les a avec nous ! » glisse Mylène Doreau. Un premier départ de feu avait eu lieu il y a une semaine. Presque au même endroit. De quoi laisser planer l’idée chez certains habitants que ce feu géant qui embrase le Sud-Gironde n’est peutêtre pas accidentel. 

« On va être encerclés » 

Sur la place un officier du Sdis hurle : « Les gars, faut y aller, il y a 1 hectare qui brûle ». Cinq camions démarrent en trombe. Il est midi. Les panaches ont repris de plus belle. Devant, derrière, à gauche, à droite. « On va être encerclés », pense Christophe. À l’intérieur de la mairie, on improvise un point de situation. « Il ne reste plus que la route de Louchats pour sortir », relève Florence, une adjointe en croquant nerveusement dans un sandwich. Jean-Marie confirme : « Ça prend des deux côtés. C’est parti aussi à Balizac ». 

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À Louchats, Mylène Doreau retrouve les habitants réfugiés autour de la salle polyvalente. Une épaisse colonne noire en toile de fond. « C’est centré où ? », s’enquiert un habitant. « Partout, tout le tour de Guillos » rétorque l’édile. « Ça va durer combien de temps ? », questionne un autre. « On ne sait pas. Mais vos maisons sont protégées, c’est pas pire qu’hier ». « Il y a beaucoup de fumée ? », demande une habitante. « Oui, beaucoup » confirme la maire. « Alors mes poules ne vont pas résister », dit la jeune femme en haussant les épaules. 

À Guillos, un homme âgé vivant dans un hameau refusait de partir. En fin d’après-midi, la maire, aidée par quelques gendarmes, a pu le convaincre. Quelques heures plus tard, le feu qui repartait de plus belle se dirigeait dans la direction du lieu-dit. À 20 heures, Florence, Jean-Marie, Mylène et son mari s’apprêtaient à passer une seconde nuit dans le village avec les pompiers pour garder Guillos.

2022 07 14 SO Près d'un millier de pompiers luttent de toutes leurs forces

2022 07 14 SO Près d'un millier de pompiers luttent de toutes leurs forces2

2022 07 14 SO On a pris nos affaires et on est partis des évacués témoignent

2022 07 14 SO On a pris nos affaires et on est partis des évacués témoignent2

2022 07 14 SO Visite éclair de Gérald Darmanain à la Teste-de-Buch

2022 07 14 SO le coup de crayon d'Urbs

Sud-Ouest du 14 juillet 2022 

Incendies : Depuis la dune, une vue aux premières loges 

Accessible côté Bassin hier dans la matinée, la dune du Pilat offrait un triste panorama sur la forêt en feu

2022 07 14 depuis la dune

 Tout est en place. Le petit réchaud à gaz devant une tente igloo, les mobil-homes où sèchent ici et là des serviettes. Mais, exception faite de quelques vigiles, pas l’ombre d’un vacancier dans les allées du camping des Flots bleus, au pied de la dune du Pilat, à La Teste-de-Buch, qui affichait pourtant complet. Dans la nuit de mardi à mercredi, 6 000 personnes ont été évacuées des cinq campings qui bordent la dune, dont l’emblématique Flots bleus. Toujours sous la menace du feu qui ravage la forêt usagère, il se retrouve soudain figé, tel, ironie du sort, un décor de cinéma qui n’attendrait plus que « moteur ! » pour s’animer enfin. 

« Je n’ai jamais vu ça, on dirait que le feu va tout prendre », redoute Pascal, du haut de la dune, l’œil sur la ligne d’incendie qui trace une diagonale Nord-Est Sud-Ouest, à quelques kilomètres. Ce quinqua bourguignon, en vacances au camping du Teich, a pris son vélo, tôt ce matin, pour « le pèlerinage » qu’il accomplit chaque été sur la dune du Pilat, avec randonnée sur les 3 kilomètres de crête et baignade au retour. « Quand j’ai vu la fumée en arrivant, je me suis demandé ce que j’allais trouver… » Car si, côté forêt, l’entrée qui mène à l’escalier de la dune était inaccessible, rien n’interdisait de faire un détour par la corniche, avant que l’accès ne soit fermé peu après midi. 

« Vous entendez le feu ? » 

« On a traversé le quartier résidentiel, on s’est garé et on a pique-niqué sur la plage. À 9 heures, il n’y avait pas grand monde », confirme Jessy, de Narbonne, venu en famille. Il a planté l’abri de plage des enfants au sommet de la dune, côté nord. « On repart demain et le programme, c’était de voir la dune ce matin », glisse sa compagne Céline. Il faudra faire une croix sur les retrouvailles avec « notre cousin » prévues plus tard : « Il est sur le front », poursuit Jessy, désignant le panache de fumée au loin. « C’est un pompier. » Ils ont beau loger à Gujan-Mestras, Éva, leur aînée, n’est pas rassurée pour autant : « J’espère que notre camping ne va pas brûler. » 

En fin de matinée, ils étaient une cinquantaine à s’offrir ainsi l’ascension de la dune. Tout T out est en place. Le petit réchaud à gaz devant une tente igloo, les mobil-homes où sèchent ici et là des serviettes. Mais, exception faite de quelques vigiles, pas l’ombre d’un vacancier dans les allées du camping des Flots bleus, au pied de la dune du Pilat, à La Teste-de-Buch, qui affichait pourtant complet. Dans la nuit de mardi à mercredi, 6 000 personnes ont été évacuées des cinq campings qui bordent la dune, dont l’emblématique Flots bleus. Toujours sous la menace du feu qui ravage la forêt usagère, il se retrouve soudain figé, tel, ironie du sort, un décor de cinéma qui n’attendrait plus que « moteur ! » pour s’animer enfin. « Je n’ai jamais vu ça, on dirait que le feu va tout prendre », redoute Pascal, du haut de la dune, l’œil sur la ligne d’incendie qui trace une diagonale Nord-Est Sud-Ouest, à quelques kilomètres. Ce quinqua bourguignon, en vacances en haut, le panorama est saisissant, avec vue sur la forêt qui brûle à l’horizon et la quiétude du Bassin, où se croisent d’imperturbables chalands et voiliers. Si loin, si proche. Morceaux choisis : « Hier soir, on était juste en face, au Cap Ferret, on a vu le départ d’incendie », raconte une dame à une autre. « Bravo mon chou, tu as monté toute la montagne ! » félicite une maman tout juste arrivée au sommet. Photos, vidéos, selfie de rigueur chez les plus jeunes, avec cette fois l’incendie dans le dos. Pascal, le touriste bourguignon, n’a pas renoncé à son traditionnel périple. Tout au bout de la dune, le voilà qui surplombe les campings désertés « depuis une heure », sans pouvoir s’arracher au triste spectacle de l’incendie. « J’adore cet endroit, c’est le paradis. » Il s’interrompt : « Vous entendez le feu ? Quand on n’a pas le vent dans les oreilles, on distingue le crépitement. » Retour sur terre.

2022 07 14 SO Il faut faire demi-tour Le feu nous prend en tenaille Ca commence à ronfler

2022 07 14 SO Il faut faire demi-tour Le feu nous prend en tenaille Ca commence à ronfler2

Sud-Ouest du 14 juillet 2022 

Entre Landiras et Guillos, les villages s’organisent pour aider les déplacés 

Plusieurs communes se sont organisées pour accueillir les centaines de personnes déplacées dans la nuit de mardi à mercredi. À Louchats, dans le sud du département, les habitants se serraient les coudes

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Le premier incendie de l’été en Sud-Gironde s’est finalement déclenché mardi, à deux jours de la Fête nationale. En milieu d’après-midi, de grandes traînées de fumée étaient visibles à plusieurs kilomètres à la ronde. Le feu a rapidement progressé vers le sud où il a fini par se rapprocher dangereusement des habitations commune de Guillos et d’une vingtaine de lieux-dits. Aux alentours de 20 heures, l’ordre a été donné d’évacuer les résidents de la zone. Une décision prise par précaution. « Notre objectif principal est de protéger les maisons et les populations. Nous préférons déplacer les gens maintenant plutôt qu’en urgence à 4 heures du matin », insiste le sous-préfet de l’arrondissement de Langon, Vincent Ferrier 

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Dès lors, les deux salles des fêtes de Landiras ont été mises à disposition pour l’accueil des habitants et des pompiers venus en renfort. Trois internats à La Brède et la salle communale de Louchats sont venus s’ajouter au dispositif peu avant minuit. Au petit matin, bonne nouvelle pour ces réfugiés du feu, les efforts sur le terrain ont permis d’épargner les bourgs 

Incertitude 

Sur le parking de la salle communale de Louchats, l’incertitude persiste. « Le plus compliqué, c’est qu’on ne sait pas combien de temps ça va durer », explique Coralie Califourg, une habitante de Guillos. Les informations parviennent au compte-gouttes par l’intermédiaire des élus présents sur le front. « On reçoit des vidéos d’amis pompiers, il y a beaucoup de bouche-à-oreille aussi. On n’est jamais sûr de rien, peut-être qu’on devra encore changer d’endroit ce soir », ajoute Florent Potter. Vers midi hier, des particules de cendres tombaient en continu sur le parking alors que la fumée persistante tapait davantage sur le crâne que la chaleur caniculaire. 

Le bar en renfort 

La fatigue, physique et mentale, prédomine après cette longue nuit. « On n’a pas dormi. Entre l’inquiétude et l’inconfort, c’était très difficile de trouver le sommeil », confie Emmanuelle Lacave qui a passé la nuit dans sa voiture comme beaucoup d’autres. Une soixantaine d’habitants ont trouvé refuge à Louchats. La salle est climatisée toute la journée pour permettre à tout le monde de se rafraîchir et des lits ont permis à certains de faire un petit plongeon dans les bras de Morphée. Des habitants de la commune viennent également prêter main-forte à ceux déjà sur place pour aider. « S’ils ont besoin de quelque chose, on leur donne, on essaie de parler avec eux, de leur remonter le moral », raconte Mme Bergey, la gérante du bar de la place de Louchats qui a fermé spécialement à 3 h 30 dans la nuit de mardi à mercredi. L’épicerie d’en face est aussi restée ouverte en cas de besoin. Un peu plus loin, Claude Monseau, adjoint au maire du village, remplit d’eau la gamelle d’un chien. 

Nombre de déplacés sont retournés dans leur maison nourrir leurs animaux, ou les récupérer tout simplement. On retrouve des chiens, des chats, des hamsters, des chèvres ou même des serpents. Un réflexe qui inquiète les autorités. « Nous demandons à la population de ne pas revenir à la maison », insiste le sous-préfet Vincent Ferrier.

2022 07 14 SO Incendie dans une forêt peu entretenue

2022 07 14 SO En images Les incendies de Landiras et de la Teste-de-Buch

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2022 07 14 SO Soussans Une ligen éléectrique à l'origine de l'incendie

Sud-Ouest du 13 juillet 2022

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