Europe1 du 31 mars 2022
Hausse des cas de Covid-19 en France : nouvelle vague ou nouvelle épidémie ?
Depuis plusieurs semaines, la France fait face à une flambée des cas de Covid-19, en raison de la montée du variant BA.2. Mercredi, la barre des 200.000 cas a même été franchi. Mais pourtant, plusieurs spécialistes s'accordent pour réfuter l'idée d'une sixième vague, mais parlent plutôt d'une vague de réinfection.
Depuis plusieurs jours, la France fait face à la poussée du sous-variant BA.2, le petit frère d’Omicron qui représente en effet plus de 73% des contaminations actuellement. Depuis, de nombreux spécialistes émettent une nouvelle hypothèse. Et si cette nouvelle vague était celle de la réinfection ?
Entre 35 et 40 millions de Français ont déjà été contaminés au moins une fois. On sait aussi qu'après une contamination par Omicron, la réponse immunitaire générée est plus faible. La conséquence, c'est que nos anticorps sont moins résistants pour lutter contre cette vague de réinfection face au variant BA.2, qui est 30 fois plus contagieux. "Ça touche des populations un peu plus jeunes", explique Frédéric Blancheotte, président du syndicat des biologistes. "Ça donne effectivement la possibilité à un certain nombre de jeunes d'être des réservoirs de virus. Et surtout, on a un virus qui circule activement, sans forcément que la vaccination qu'on a eue déjà il y a plusieurs mois puisse nous permettre de nous y défendre", explique-t-il au micro d'Europe 1.
Des cas de variant BA.3 identifiés en France
Une version confirmée par Bernard Jomier, médecin, sénateur et président de la mission d’information contre le Covid-19. Selon lui, ces 200.000 cas ne suscitent pas plus d'inquiétudes que cela et il refuse de parler de sixième vague, mais plutôt d'une nouvelle épidémie à laquelle il faut s'adapter : "Le virus, ce n'est plus le même. Il faut adapter nos réactions et donc il est logique qu'on n'arrête pas la vie de la société et qu'on ne prenne pas de mesures strictes", détaille-t-il, avant de mettre en avant les effets positifs de la vaccination, qui a permis d'éviter "une nouvelle vague dans les hôpitaux".
Alors, forcément, la circulation du virus est facilitée par la levée des restrictions et le relâchement des gestes barrières. Il y a aussi des cas de réinfection rapide, seulement quatre à six semaines entre deux contaminations, mais ce phénomène reste pour le moment minoritaire. Enfin, selon les informations d'Europe 1, des cas de sous variants BA.3 ont été identifiés récemment.
Sud-Ouest du 31 mars 2022
Ouest-France du 30 mars 2022
Covid-19. Pourquoi peut-on être infecté malgré 4 doses de vaccin et le respect des gestes barrières?
Il est possible d’être infecté au Covid-19 malgré un schéma vaccinal complet et une application rigoureuse des mesures de protection. Comment l’expliquer ? « Ouest-France » vous répond.
Une injection de vaccin Pfizer. Photo d’illustration. | EDDY LEMAISTRE / OUEST-FRANCE
« Comment ai-je pu être contaminée par le Covid après avoir bien observé toutes les mesures d’hygiène préconisées et après avoir fait quatre vaccins ? », s’interroge Simone, de Plouescat (Finistère).
En effet, Simone, sur le papier, vous pouviez légitimement penser que vous étiez à l’abri d’une infection au coronavirus. Toutefois, ni les vaccins ni un respect scrupuleux des gestes barrières ne suffisent à éviter de tomber malade. Comment l’expliquer ? Une question que beaucoup se posent alors que le nombre de cas de Covid est en hausse.
Certes, « la vaccination réduit le risque d’infection et donc de transmission du virus à vos proches », comme le rappelle le site MesConseilsCovid. Mais « les vaccins ne sont jamais efficaces à 100 %, et il reste donc possible d’attraper le Covid et de le transmettre ».
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Un déclin de l’immunité post-vaccin
De surcroît, la protection immunitaire conférée par le vaccin décline à mesure que le temps passe. « L’immunité contre l’infection, principalement liée à la production d’anticorps, diminue progressivement au cours du temps, ce qui augmente les risques d’infection », nous explique Yannick Simonin, virologiste à Montpellier (Hérault).
« L’immunité protectrice contre l’infection conférée par une troisième dose de rappel et/ou une infection par Omicron commence à baisser et sera probablement transitoire - comprendre non définitive –, en particulier chez les personnes âgées », abonde le Conseil scientifique dans une note parue le 11 mars 2022 concluant que la 5e vague n’est « pas terminée ».
Une immunité en baisse
S’il est donc possible d’être infecté bien qu’ayant été vacciné, le risque de contracter une forme grave est diminué. « La protection contre les formes graves reste bien plus stable dans le temps, grâce à une protection appelée immunité cellulaire, qui dure plus longtemps », nous explique Yannick Simonin.
« Les personnes vaccinées ont neuf fois moins de risque d’être hospitalisées ou de décéder de la Covid-19 que les personnes non vaccinées », selon l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Cette protection vaut contre les formes symptomatiques, à plus de 90 % pour les vaccins Pfizer et Moderna après 2 doses.
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Un sous-variant Omicron BA.2 plus contagieux
Autre élément dont il faut tenir compte, la nature de notre système immunitaire, qui est « plus ou moins performant pour lutter contre l’infection », poursuit Yannick Simonin. Chacun a, face au virus, une « sensibilité individuelle différente », qui varie « selon l’état de notre système immunitaire et nos facteurs génétiques ».
Cela vaut pour toutes les infections virales. « Certaines personnes sont ainsi plus sensibles au virus de la grippe ou du rhume, et c’est également le cas pour le Covid », compare le virologiste.
Quant aux gestes barrières, ils ont connu un affaiblissement progressif ces dernières semaines. Dans sa note du 11 mars, le Conseil scientifique cite « le relâchement des mesures de protection et des comportements individuels » comme l’un des facteurs de la reprise épidémique.
L’organisation consultative indique que « désormais plus de 50 % des nouvelles contaminations sont dues au sous-variant Omicron BA.2, plus transmissible que le sous-variant Omicron BA.1 (+30 %) ». Une contagiosité qui peut certainement expliquer que vous ayez été contaminée, Simone, malgré votre vigilance.
Ouest-France du 30 mars 2022
Covid-19. Sept questions sur cette sixième vague qui n’en finit pas
Le sommet du rebond épidémique de coronavirus n’est pas encore atteint et l’épidémie de grippe bat son plein en France. L’hôpital a les lits pour encaisser la vague, mais le répit ne sera que temporaire.
Si la sixième vague se comporte de la même façon que dans des pays limitrophes, le pic de contaminations devrait être atteint dans les prochains jours, estime le professeur Antoine Flahault. | ARCHIVE OUEST-FRANCE/FRANCK DUBRAY
Le rebond de la vague de Covid-19, liée au variant Omicron BA.2, pourrait bientôt atteindre son pic, un peu plus tardif qu’espéré. Voici les sept questions que pose cette sixième vague de coronavirus qui semble ne pas finir.
À quand le pic des contaminations ?
« Ça augmente tous les jours. On est passé à 47 % de tests positifs. On n’a aucune idée de ce qui va se passer », souffle François Blanchecotte, président du syndicat des biologistes médicaux. Qui s’attend à de nouveaux records en matière de tests réalisés quotidiennement.
Évoquant les modélisations de l’Institut Pasteur, le ministre de la Santé, Olivier Véran estimait le 16 mars, sur France-Info, que le pic du rebond épidémique serait atteint « pour la fin mars ». Un excès d’optimisme ? Et d’ailleurs, faut-il parler de rebond ou de nouvelle vague, liée au sous-variant BA-2 d’Omicron (qui représente près de 70 % des contaminations mondiales) ?
Pour le professeur Antoine Flahault, directeur de l’Institut de santé globale de Genève, il faut bien parler de nouvelle vague : « Elle a démarré en France début février. Si elle se comporte de la même façon que dans des pays limitrophes, comme les Pays-Bas, la Suisse et l’Allemagne, le pic devrait bien être atteint dans les prochains jours, avec une décrue peut-être rapide. »
Jusqu’où les contaminations peuvent-elles monter ?
En raison d’une immunité croisée (même imparfaite) entre le sous-variant BA.1 et BA.2 d’Omicron, le nombre de cas positifs « ne devrait pas dépasser 60 % de la première vague Omicron », estime l’épidémiologiste. C’est en tout cas ce qui a été constaté dans des pays aux caractéristiques vaccinales proches de celles de la France. « Le cas du Danemark a été particulier. Les vagues BA.1 et BA.2 se sont recoupées. Cela a donné une vague plus haute mais plus courte. »
Peut-on être réinfecté une deuxième fois par le variant Omicron ?
La réinfection par le variant Omicron après avoir été touché par Delta est commune, et être recontaminé par le sous-lignage Omicron BA.2 après avoir subi Omicron BA.1 ne semble pas exceptionnel. « Dans les labos, on voit des jeunes qui ont été positifs au sous-variant BA.1 d’Omicron être de nouveau positifs au sous-variant BA-2, dans un délai assez court, inférieur à deux mois », assure François Blanchecotte.
Se basant sur une étude danoise, Santé publique France estimait, dans sa dernière analyse de risque des variants, que le phénomène était rare. Pour Vincent Enouf, responsable adjoint du Centre national de référence des infections respiratoires, il « n’est pas important en population générale ». Plusieurs études montrent également que les anticorps agissent de la même façon sur les deux sous-lignages.
Cependant, les réponses immunitaires à Omicron diminuent plus rapidement qu’avec les autres variants, et une infection modérée par Omicron ne génère pas une très bonne protection. Le taux de réinfection BA.1-BA.2 est sans doute sous-estimé.
Lire aussi. Covid-19. Pourquoi peut-on être infecté malgré 4 doses de vaccin et le respect des gestes barrières ?
Quelles conséquences attendues pour l’hôpital ?
« On n’a pas d’inquiétudes immédiates », reconnaît le professeur Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital Tenon. La tension hospitalière est modérée, aux alentours de 30 % et les prévisions de l’Institut Pasteur ne font pas craindre de saturation. Mais l’état des forces de l’hôpital public continue à se dégrader, avec plus d’absentéisme, plus de burn out, plus de départs. On essuie une vague moindre dans un hôpital plus affaibli. »
Antoine Flahault craint plus les conséquences sanitaires à moyen terme : « Y a-t-il une épidémie dans l’épidémie, avec les Covid longs ? Va-t-on avoir une épidémie de maladies chroniques résiduelles ? Je suis un peu inquiet. »
L’épidémie de grippe peut-elle changer le pronostic ?
Pas facile de détecter d’emblée qui est grippé de qui est covidé. Le biologiste François Blanchecotte regrette que « l’assurance maladie ne rembourse pas des tests PCR grippe et Covid », qui permettraient de mieux discriminer les maladies aux symptômes similaires, tout au moins pour les cas bénins.
« L’épidémie de grippe est une caricature cette année, pas très forte mais complètement décalée dans le temps, constate Gilles Pialoux. C’est un plaidoyer en faveur des gestes barrières. Elle a décollé quand on les a relâchés. »
Faudrait-il se re-masquer temporairement ?
C’est une question laissée à l’initiative individuelle, sauf dans les établissements de santé, les Ehpad et les transports en commun. « On l’a imposé dans nos labos », souligne François Blanchecotte. Et de nombreuses pharmacies affichent encore un « port du masque obligatoire » à leur entrée.
« J’ai exprimé mon agacement qu’on ait lancé les masques par dessus la tête dès le 14 mars, en oubliant qu’il y a 9 millions de personnes non vaccinées, grince Gilles Pialoux. J’ai utilisé une formule provocatrice en disant que l’on aura les vagues qu’on mérite. Mais le message est qu’on n’est pas obligés de lâcher la vaccination et le masque quand ce n’est plus obligatoire. »
Y a-t-il déjà des signes d’une future vague ?
La forte circulation du virus dans le monde favorise l’émergence de nouveaux variants. Si le variant XD (le fameux hybride de Delta et Omicron) ne semble pas prendre, d’autres succéderont certainement à Omicron. « On constate que les vagues se succèdent à un rythme de plus en plus rapide, constate Antoine Flahault. Il n’y a eu que quelques semaines entre BA.1 et BA.2. Il est possible que nous ayons un répit estival mais d’autres variants vont remplacer Omicron. »
Il faudra au minimum revacciner les plus fragiles. Gilles Pialoux constate : « On voit déjà arriver à l’hôpital des personnes assez jeunes avec comorbidités, qui ont eu leur rappel début novembre. »