Ehpad
Sud-Ouest du 29 mars 2022
Sud-Ouest du 29 mars 2022
Conseil départemental : Davantage de contrôles annoncés dans les Ehpad
Le Département recrute dix contrôleurs supplémentaires. Une mesure qui figurait au budget primitif de décembre mais qui fait aujourd’hui écho au scandale Orpéa
Réuni en plénière hier, le Conseil départemental a longuement échangé sur les Ehpad. CLAUDE PETIT/ « SUD OUEST »
Plus de contrôleurs, la création d’un « comité de coordination des acteurs luttant contre la maltraitance » pour mieux recueillir les signalements. Réuni en plénière hier, le Conseil départemental a voté un ensemble de mesures qui font écho au scandale des Ehpad Orpéa révélé par le livre-enquête « Les Fossoyeurs », entre personnes âgées maltraitées et personnel étrillé sur fond de course aux bénéfices.
Contrôles inopinés
« Une onde de choc », reconnaît volontiers Romain Dostes, vice-président EELV en charge de la politique des aînés, « qui sonne comme un rappel à se saisir de cette urgence. » À commencer par le renforcement des dispositifs de contrôle des établissements, un levier dont use le Département depuis 2020, avec l’instauration d’une « direction en charge du contrôle », rappelait le président PS Jean-Luc Gleyze avant la séance. Dès décembre, « avant l’affaire Orpéa », le Conseil départemental avait voté le budget primitif 2022, lequel prévoyait la création de postes de contrôleurs supplémentaires. Au total, 12 postes en plus, dont dix contrôleurs, sont dans les tuyaux pour augmenter la cadence des inspections, contrôles inopinés et audits rapides dits « flash ».
Autant d’interventions qui ne sont pas l’apanage des Ehpad, dont le Département est l’un des financeurs : elles s’étendront à l’ensemble des établissements médico-sociaux, notamment dans le domaine de l’enfance. D’autres mesures visent à « optimiser les remontées » de cas de maltraitance, notamment à travers la coordination des différents acteurs, Département, préfecture, Agence régionale de santé (ARS), associations, voire Ehpad, est-il énuméré. Objectif : fournir une « réponse adaptée aux situations de maltraitance », y compris sur la base de « signaux faibles », précise Romain Dostes. « Elle pourrait s’appuyer sur une plateforme numérique commune de signalements. »
« Dignité égale bras »
Dans « une large majorité des établissements », ajoute le vice-président à la politique des aînés, « le dévouement est exemplaire ». Et d’ajouter que le « cœur du problème » demeure le « ratio résidents/encadrants ». «Un livre, un scandale, et voilà le pays en ébullition, mais il n’y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir », soupire May Antoun, médecin gériatre et conseillère départementale divers droite du canton de La Teste-de-Buch, remontant le fil d’émissions et de rapports consacrés à la maltraitance depuis une décennie. « Avec toute la bonne volonté que nous mettons, on ne réglera pas la maltraitance institutionnelle », craint-elle, une seule équation en tête : « En gériatrie, on est habitué à dire ‘‘dignité égale bras’’. »
Porte-parole LR de l’opposition, Jacques Breillat (les Coteaux de Dordogne) rappelle en préambule que « les faits dénoncés sont insupportables », mais tient à introduire une précaution : « Gardons-nous de nous parer de vertu en opposant systématiquement public et privé. »
Il espère voir « la logique du contrôle », orientée vers « une aide à la gestion des établissements plutôt qu’un inventaire à la Prévert ».