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5 février 2022

Erosion du littoral

Sud-Ouest du 5 février 2022

2022 02 05 SO Lacanau face au scénario du repli

 

Sud-Ouest du 5 février 2022 

Lacanau : Le scénario du repli n’est pas encore dans tous les esprits 

Alors que la station médocaine va intégrer une liste de communes concernées par le risque érosion, la question de la relocalisation des biens et des activités vers l’intérieur des terres peine à être admise

2022 02 05 lacanau2

2022 02 05 lacanauLe scénario du repli est difficile à imaginer pour ceux qui connaissent la station balnéaire de Lacanau. J. L 

C’est un scénario difficile à imaginer pour ceux qui vivent ou fréquentent Lacanau-océan. Les collectivités locales frappées par les effets du changement climatique et l’érosion du littoral doivent se préparer à reculer. Pour cette station girondine, cela passerait par la relocalisation des biens et des activités de toute la première ligne de son front de mer vers l’intérieur des terres. C’est-à-dire 1 200 logements et la centaine de commerces se trouvant dans la zone rouge délimitée par le plan local d’urbanisme (PLU). 

Un premier calendrier a été fixé à horizon 2050 pour commencer à dérouler ce plan. Dans le cadre de la loi portant sur la lutte contre le dérèglement climatique et le renforcement de la résilience (dite « loi Climat »), un décret précisera dans les prochaines semaines une liste des communes concernées par ce risque érosion. Lacanau en fera partie. Ce qui lui permettra de trouver les premiers outils pour préparer l’avenir. 

Houles cycloniques 

Alors que, chaque année, le trait de côte est « grignoté » en moyenne de 2 à 3 mètres, les prévisions du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) disent bien que le niveau de l’océan pourrait avoir augmenté de 1 à 3 mètres d’ici une vingtaine d’années. La balafre laissée par l’hiver 2013- 2014 qui avait entièrement détruit les protections du front de mer a marqué les esprits. Les paquets de vagues envoyés par des houles cycloniques étaient passés par-dessus le cordon dunaire pour atteindre les parkings. 

Mais, voilà, une fois les travaux de renforcement de la dune et de ses protections réalisés, la vie avait repris comme avant. Depuis, trois immeubles ont été édifiés sur le boulevard de la Plage. Si les permis de construire avaient été accordés avant cette séquence hivernale destructrice, la question de l’érosion était pourtant déjà prégnante et abordée dans le cadre de réunions publiques avec le groupement d’intérêt public (GIP) Littoral. 

Front de mer gelé 

Aujourd’hui, c’est l’ancien hôtel L’Oyat, posé face à l’océan, qui est en cours de transformation. Par changement de destination, ce sont une dizaine d’appartements qui vont remplacer les 33 chambres. Ses terrasses donneront sur la plage centrale qui ne cesse de perdre du terrain face à l’avancée des flots. 

Si les collectivités locales et l’État ont bien pris en compte le risque érosion, la nécessité pour ces espaces balnéaires de rester attractifs et de maintenir leur activité économique a aussi été retenue comme une priorité. À Lacanau, il reste possible de réaliser des constructions « temporaires ou précaires et considérées comme réversibles » et de donner une « nouvelle vie » à des biens existants. 

Mais la municipalité, dirigée par le maire MoDem Laurent Peyrondet, a envoyé un signal fort en gelant le front de mer. Sur une surface de 900 mètres de long et de 200 mètres de profondeur qui inclut le boulevard de la Plage et les allées Ortal – poumon touristique de la station –, toute nouvelle construction ou extension est désormais interdite. En 2018, cette orientation avait été fixée dans le PLU. 

Si le sujet érosion est donc difficilement évitable, le front de mer garde bien toute son attractivité. La station n’a jamais aussi bien marché que ces dix dernières années. Chez de nombreux propriétaires de biens situés dans la fameuse zone « rouge » directement concernée par la relocalisation, on ne croit d’ailleurs pas vraiment au scénario du repli. 

Serge Roy, ancien adjoint au maire dans les années 1970-1980, assure que « les sols sur le front de mer et la dune sont parfaitement stabilisés ». L’ex-élu peine à imaginer « que ce qui a été en partie financé par l’État dans les années 1970, à l’époque de la Mission interministérielle d’aménagement de la côte Aquitaine (Miaca), comme la Maison de la glisse et les parkings, puisse un jour être détruit par cette même puissance publique ». 

« L’attrait de l’océan » 

Pour David De Freitas, le patron du Café Maritime, restaurant implanté sur le boulevard de la Plage dans un nouvel immeuble de deux étages qui avait été inauguré en juillet 2011, la question de la relocalisation ne se pose pas vraiment. « Dans le Pays basque et en Bretagne, on a des exemples de bâtiments et d’ouvrages qui résistent bien depuis plusieurs décennies. D’ailleurs, cela fait cinq ou six ans que cela ne bouge pas trop ici. L’investissement que nous avons réalisé valait le coup. Et puis, lorsqu’on se met à trop réfléchir, on finit par ne plus rien faire. » 

Sur ce même front de mer, dans un appartement de la résidence Les Océanides, Océane, 32 ans, raconte être venue s’installer avec son mari et leurs deux fillettes « pour changer de vie ». En 2020, le couple a acheté un 65 m2 pour 200 000 euros. « Nous avons été prévenus du risque d’érosion et de relocalisation. Mais l’attrait de l’océan a été plus fort. Nous pensons aussi que la mairie continuera à défendre son front de mer. Ce qui va être fait jusqu’en 2050. Après, on verra bien. »

2022 02 05 SO Un premier plan inscrit dans le court terme

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