Covid-19
Sud-Ouest du 28 décembre 2021
Sud-Ouest du 28 décembre 2021
Covid-19 : sous pression des variants, Jean Castex serre la vis
Télétravail, jauges, passe... Face à l’explosion des contaminations, le gouvernement renforce son arsenal sanitaire. Un fragile exercice d’équilibriste
Jean Castex assume désormais de faire « peser la contrainte sur les non vaccinés. » AFP
C’est donc le Premier ministre Jean Castex, accompagné du ministre de la Santé Olivier Véran, qui s’est présenté devant la presse, en début de soirée hier, et non Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement, comme initialement prévu. Preuve que les lignes ont bougé au fil de cette journée marquée par un nouveau Conseil de défense sanitaire et un Conseil des ministres, lui aussi, dédié à cette nouvelle explosion des contaminations au Covid-19.
Samedi, jour de Noël, la France a franchi la barre des 100 000 cas en 24 heures, un record depuis le début de l’épidémie. Dans ces conditions, il aurait été curieux de ne pas voir le locataire de Matignon monter au créneau. Ce d’autant plus que les prévisions ne peuvent qu’inviter à la plus grande prudence. En effet, comme l’a souligné Olivier Véran, nous pourrions atteindre, du fait de la très forte contagiosité du variant omicron, les « 250 000 cas par jour » début janvier. Soit, là encore, du jamais vu. En clair, la situation d’aujourd’hui, aussi inquiétante soit-elle, pourrait n’avoir rien de commun avec celle des prochains jours. D’où ce renforcement de l’arsenal sanitaire annoncé par Jean Castex.
Les nouvelles mesures
Ainsi, pour lutter contre ces deux variants Delta et Omicron qui frappent simultanément en France, comme en Europe, le gouvernement a pris une nouvelle série de mesures impactant notre vie quotidienne. Tout d’abord, le télétravail va redevenir obligatoire à raison de trois jours minimum par semaine. Et ce pendant les premières trois semaines de janvier. De même, toutes les cérémonies de vœux en janvier seront annulées et le port du masque redeviendra obligatoire dans les centres-villes.
Par ailleurs, dès lundi, les grands rassemblements seront limités à 2 000 personnes en intérieur et 5 000 en extérieur. Toujours pour freiner la circulation du virus, les concerts debout seront interdits. La consommation debout sera également proscrite dans les bars et les restaurants à compter du 3 janvier. Plus question non plus de boire ou de manger dans les cinémas, les théâtres, les équipements sportifs et les transports collectifs, y compris longue distance.
Le but est clair : limiter au maximum les interactions sociales, y compris lors du réveillon du 31 décembre. Pour cette dernière soirée de l’année, Jean Castex a, en effet, appelé les Français à limiter « les grands dîners » et « les grandes fêtes » : « Portons les masques, testonsnous, aérons les fenêtres », a-t-il souligné. Une consolation cependant : aucune mesure de couvre-feu n’a été retenue.
Passe vaccinal
Mais au-delà de ces dispositions conjoncturelles, le gouvernement n’entend pas relâcher la pression sur la vaccination. Ainsi, dès ce mardi, il suffira de trois mois et non plus de quatre pour bénéficier du rappel vaccinal. Jean Castex l’a répété : « La vaccination reste au cœur de notre stratégie. Elle réduit le risque d’être contaminé et de transmettre le virus mais surtout elle prémunit contre les formes graves. » Le Premier ministre l’a assuré : « L’immense majorité des personnes hospitalisées ne sont pas vaccinées ou vaccinées mais atteintes de comorbidités graves. » De plus, Jean Castex a annoncé l’adoption par le Conseil des ministres du projet de loi destiné à transformer le passe sanitaire en passe vaccinal. Si cette mesure est votée, à compter du 15 janvier, pour entrer dans tous les lieux qui exigent un passe sanitaire, il faudra « justifier d’être vacciné » et la présentation d’un test ne suffira plus. En outre, les sanctions contre les faux passes seront durcies. « C’est un acte délibéré de mise en danger d’autrui », a insisté le Premier ministre qui assume désormais de « faire peser la contrainte sur les non-vaccinés ».
Cas contacts ?
Enfin, pas question non plus de reporter la rentrée scolaire. Celle-ci aura bien lieu comme prévu le 3 janvier et en présentiel. Le locataire de Matignon a été clair : le retour des cours en distanciel n’est pas à l’ordre du jour. Et comme il l’a rappelé : la fermeture des établissements n’interviendra « qu’en dernier recours » (lire ci-contre).
Néanmoins, malgré ses engagements, c’est à un fragile exercice d’équilibriste auquel s’est livré le Premier ministre. Car, si ces restrictions doivent freiner la propagation du virus, elles ont aussi pour objectif de préserver autant que possible l’économie. Ou comment contraindre sans paralyser et raviver le spectre des précédents confinements : telle est, une fois encore, l’équation à résoudre. Mais avec cette inconnue de taille cette fois : le variant Omicron. Preuve en tout cas que le gouvernement avance sur des œufs, Jean Castex a donné rendez-vous dès le 5 janvier pour un point de situation. Et d’ici-là, le gouvernement devrait préciser les nouvelles règles d’isolement des cas contacts.