Covid-19

Sud-Ouest du 12 décembre 2021

Sud-Ouest du 12 décembre 2021 

Covid-19 : la vague Omicron s’étend à travers la planète 

Supplantant le variant Delta, Omicron circule plus vite mais serait moins virulent. À l’OMS, on s’inquiète de l’inégalité vaccinale entre pays riches et pauvres, qui freine la lutte contre la pandémie

Un médecin militaire du Sri Lanka vaccine une femme pour sa dose de rappel le 10 décembre dans la capitale Colombo. AFP

«Éradiquer la pandémie suppose d’avoir une perspective mondiale plus rationnelle. » Kate O’Brien s’occupe de la vaccination à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et pour elle, « c’est depuis les zones où la transmission des virus se perpétue que les nouveaux variants vont venir ». La conséquence coule de source : d’un point de vue global, l’urgence est moins sur la vaccination des habitants des pays riches qu’une meilleure répartition des vaccins à l’échelle mondiale. 

La flambée épidémique en Afrique du Sud, pays le plus touché du continent, est le bon exemple : les gens y sont peu vaccinés et c’est là que le variant Omicron, détecté par un laboratoire de Johannesburg, a été découvert début novembre et officiellement désigné le 25 du mois. 

Depuis, la contamination y est exponentielle avec trois millions de cas positifs et désormais 90 000 morts. Ce qui a entraîné la mise à l’écart – la « stigmatisation », déplore le président sudafricain Cyril Ramaphosa –, de toute l’Afrique australe. 

Moins sévère ? 

Pour l’OMS, la panique face à ce nouveau variant accentue la fracture sanitaire Nord-Sud : « On risque de voir les stocks mondiaux à nouveau redirigés vers les pays à haut revenu qui veulent accumuler les vaccins pour protéger leurs populations jusqu’à l’excès. » Or, souligne l’instance de l’ONU, le monde commence juste à s’attaquer aux inégalités avec des livraisons croissantes de doses vers les pays pauvres et très peu vaccinés. 

Très contagieux, le variant Omicron est-il pour autant plus dangereux ? Le professeur Anthony Fauci, conseiller sanitaire de l’administration Biden, tempère : « Il est quasiment certain que ce variant n’est pas plus grave que le Delta, et il y a même quelques signes montrant qu’il pourrait même être encore moins sévère. » En Afrique du Sud, il frappe certes de plein fouet, mais sans provoquer d’avalanche de cas graves. Une bonne nouvelle, bien sûr. 

Un boulevard pour le Covid 

La question est désormais de savoir si Omicron résistera à la vaccination, ou si, comme l’affirment les labos fabriquant les vaccins à ARN messager (Pfizer, Moderna), ces derniers resteront efficaces, moyennant la troisième dose. Les pays disposant de stocks ont déjà choisi cette voie du « booster », mais là où l’argent manque, des centaines de millions d’hommes et de femmes attendent toujours la première dose, ouvrant un boulevard à la pandémie. 

Et l’on sait déjà qu’elle continuera en 2022. Le Ghana exige désormais des certificats de vaccination à l’entrée du pays. Et le Nigeria, géant démographique du continent noir, est touché à son tour par Omicron. Le Maroc, lui, a voulu s’en préserver en fermant ses frontières aériennes dès le 29 novembre. Et le royaume chérifien a prolongé la fermeture jusqu’au 31 décembre pour ralentir la circulation du virus. 

Le cas du Maroc, prisé des touristes européens, illustre le risque d’une rechute d’un secteur économique vital. L’île Maurice, classée « rouge » par les tour-opérateurs après être passée par « l’écarlate », fait partie de ces pays à nouveau menacés de perdre leur principal revenu. Rien qu’en France, quatre millions de personnes envisagent des vacances au soleil cet hiver, et on assiste aux premières annulations de voyages, aussi causées par le climat social dégradé aux Antilles. 

Tristesse au Pérou 

L’Europe reste un épicentre de la pandémie. En Pologne, un des pays les moins vaccinés de l’Union européenne, les hôpitaux commencent à manquer de respirateurs. L’Autriche, qui avait reconfiné ses habitants le 22 novembre, va relâcher la pression le 13 décembre mais seulement pour les personnes vaccinées. Et au Royaume-Uni, un durcissement est annoncé le même jour, avec extension du télétravail, masque au cinéma et au théâtre et passeport vaccinal en discothèque. 

À Londres, le respect des mesures sanitaires se heurte à la colère des Anglais contre le gouvernement Johnson, empêtré dans le « partygate », scandale causé par les révélations sur la tenue de fêtes privées au 10, Downing Street, pendant le Noël 2020. « Faites ce que je dis, pas ce que je fais », ironisent les tabloïds britanniques à l’intention d’un « Bojo » très fragilisé malgré le succès de la campagne pour la troisième dose avec 21,3 millions de personnes vaccinées. 

Pendant ce temps, le Pérou pleure ses médecins. Ils sont 551, soit 6 % du nombre total de la profession, à avoir succombé à l’épidémie à cause du sous-équipement des hôpitaux et du retard vaccinal. Déplorant plus de 200 000 morts, il est le pays le plus touché du monde au regard de sa population.