Covid-19

Sud-Ouest du 6 novembre 2021

Sud-Ouest du 6 novembre 2021 

Covid : face au regain de l’épidémie, les autorités restent confiantes 

La reprise lente et progressive de l’épidémie ne fait aucun doute mais, selon les spécialistes, grâce à la vaccination et au respect des gestes barrières, la cinquième vague sera maîtrisée

Le masque fait son retour dans les écoles des départements où le taux d’incidence dépasse le seuil d’alerte. XAVIER LEOTY / « SUD OUEST »

Rêvons un peu. Bientôt les chiffres, taux de positivité, taux d’incidence ou de dépistage auront perdu tout leur sens dramatique. Demain, le Covid nous traversera dans la plus grande indifférence, car nous serons immunisés ou presque. Ce satané virus ne sera plus qu’un coronavirus presque ordinaire, saisonnier comme la grippe. On appelle cela une endémie. Le professeur Denis Malvy, infectiologue au CHU de Bordeaux et membre du conseil scientifique en atteste. Avant, « serrons les rangs », conseille-t-il, car l’épidémie, avec les premiers frimas, reprend du poil de la bête. 

« Lente et régulière » 

58,1/100 000 habitants, voilà le dernier taux d’incidence pour la Nouvelle-Aquitaine publié par Santé Publique France. La semaine dernière, nous franchissions à peine le seuil d’alerte, fixé à 50. « La progression est incontestable, remarque le professeur Patrick Dehail, conseiller médical du directeur général de l’Agence régionale de santé Nouvelle-Aquitaine. On a vu grimper les taux depuis trois semaines, rien d’exponentiel, plutôt une progression lente et régulière qui nous permet de prendre les mesures adaptées, sans panique. Creuse, Pyrénées-Atlantiques, Corrèze, Lot-et-Garonne affichent les taux les plus élevés. »

Le niveau de positivité des tests, à 2,6 %, grimpe aussi, mais les épidémiologistes se questionnent à la lecture de ces tests. « Déjà, on en récupère bien moins depuis qu’ils sont payants, justifie Patrick Dehail. Rien qu’en Gironde, en une semaine, nous sommes passés de 3 100 tests sur sept jours à 2 100. Par ailleurs, les populations testées sont ciblées, soit ils ont des symptômes, soit ils sont dans l’entourage de personnes malades, ce qui génère un biais de mesure. »

Phénomène plus inquiétant : l’augmentation des hospitalisations. Le CHU de Bordeaux compte en ce moment 52 patients Covid, dont 23 sont en réanimation. « Parmi eux, 9 sur 10 ne sont pas vaccinés du tout, note le professeur Malvy. Les autres sont soit âgés avec des vaccins antérieurs à 8 mois, soit immunodéprimés. L’hôpital souffre actuellement mais tient la route, les patients y sont soignés, seulement il nous faut le préserver, car les équipes sont épuisées, ont été lessivées par les deux dernières années. » 

Le masque à l’école 

Au regard des derniers chiffres et compte tenu de la règle imposée, les départements où le taux d’incidence dépasse les 50/ 100 000 devront réinstaurer le masque dans les écoles. L’annonce a été faite cette semaine pour les Pyrénées-Atlantiques et le Lot-et-Garonne. Dans la région, en dehors des quatre départements que sont les Landes, la Dordogne, la Gironde et la Charente-Maritime, tous les autres départements vont connaître le retour du masque à l’école. « C’est l’actualité du jour, admet Denis Malvy, et aucune étude n’affirme que le port du masque à l’école est néfaste. En revanche, on ne connaît pas bien cette population réservoir et des campagnes de tests vont s’intensifier afin justement de mieux les appréhender. La France n’est pas encore décidée à vacciner les enfants, car nous n’avons pas le feu vert scientifique, les planètes ne sont pas alignées. » 

La campagne de rappel 

À l’Agence régionale de santé de Nouvelle-Aquitaine, le professeur Dehail explique cette reprise épidémique : « Nous savons que le vaccin protège contre les formes graves mais qu’il ne suffit pas à éteindre l’épidémie, dit-il. L’hiver arrive, on reste à l’intérieur, on a un peu oublié les gestes barrières, se laver les mains, le gel hydroalcoolique, l’aération. La campagne de rappel pour la troisième dose avance trop timidement, les plus de 65 ans sont aujourd’hui à protéger. Nous sommes exposés à d’autres virus hivernaux car nous sommes ‘‘naïfs’’ sur le plan immunologique au regard de ces virus de grippe, de bronchiolite, de gastro et ce, en raison du Covid et des confinements qui nous en ont protégés depuis 18 mois. » 

La fin des vacances de Toussaint laisse craindre de nouvelles contaminations, suite aux regroupements familiaux. L’équilibre est fragile. Selon Denis Malvy, nous aurons bientôt basculé dans une phase endémique : « En effet, l’an prochain, le virus sera saisonnier, un rappel suffira, comme pour la grippe. Aujourd’hui, la France se situe dans une situation entre celle de l’Europe du Nord, où l’épidémie reprend fort, car pas assez vaccinée, et de l’Europe du Sud, très bien vaccinée avec des mesures barrières respectées. Pile entre les deux, c’est nous. On devrait passer l’hiver, on a tous les outils. À nous de jouer, car le variant Delta s’engouffre dès que l’on lui laisse la liberté de s’exprimer. »