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GIRONDE VIGILANTE
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6 novembre 2021

Intoxications alimentaires aux champignons

Sud-Ouest du 6 novembre 2021 

Champignons : de la vigilance avant tout 

500 intoxications alimentaires aux champignons sont recensées chaque année dans la région. Le point avec l’équipe du centre antipoison du CHU de Bordeaux

2021 11 06 champignonsL’équipe du centre antipoison du CHU de Bordeaux, autour du docteur Magali Labadie (au centre), chef du service. THIERRY DAVID / « SUD OUEST

Le premier cèpe de l’automne. Il trônait au pied d’un chêne isolé dans une forêt landaise, entre Lit-et-Mixe et Contis. Failli marcher dessus, failli ne pas le voir, camouflé qu’il était entouré de feuilles, blotti au cœur d’un tapis de mousse. Car trouver un cèpe, quand on ne cherche pas, tient du miracle, surtout lorsqu’il a, comme ça, l’air de n’attendre que vous. Chapeau chocolat lisse comme béret, pied charnu et ferme. Mais était ce bien un cèpe ou un ersatz toxique ? Le docteur Magali Labadie, médecin toxicologue et cheffe du centre antipoison du CHU de Bordeaux tique. Elle réclame la photo de la chose, une photo en pied, l’ausculte longuement. Avant de casser les œufs pour l’omelette, il va falloir encore patienter… 

Éviter le bolet de satan 

«Il n’existe pas qu’une seule espèce de cèpe, s’excuse-t-elle, mais quatre. Et toutes ne sont pas comestibles. Savez-vous que les intoxications alimentaires aux champignons les plus fréquentes concernent les cèpes ? Des champignons que le consommateur a pris pour des cèpes. » 

Dans la foulée, elle cite le boletus satanas, bolet de satan, chapeau couleur mastic vraiment trompeur. En revanche, le bolet à pied rouge, le boletus aestivalis (cèpe de Bordeaux) ou le cèpe bronzé, seront succulents avec de l’ail et du persil.

2021 11 06 champignons2

En ce mois de novembre, le centre antipoison du CHU de Bordeaux ne chôme pas. « C’est la pleine saison pour nous. Il n’existe que huit centres antipoison en France et, à Bordeaux, nous couvrons toute la Nouvelle-Aquitaine, reprend le docteur Labadie. 

Environ 500 intoxications aux champignons sont recensées chaque année pour toute la région, malgré les recommandations… » L’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) vient d’annoncer que le nombre d’intoxications alimentaires liées à la consommation de champignons a augmenté cette année en France, depuis le 1er juillet. Les centres antipoison du pays ont déjà enregistré 1 000 intoxications. En 2020 sur toute l’année, il y en a eu 1 300, dont 29 cas sérieux et cinq décès. 

Des symptômes variables 

Le centre bordelais compte, autour du docteur Magali Labadie, une équipe de cinq médecins, deux infirmiers, trois pharmaciens et une secrétaire qui traitent, en plus des intoxications liées aux champignons, toutes les autres formes d’empoisonnement. Chaque année, 20 000 patients sont pris en charge par le CHU. « Les symptômes d’une intoxication alimentaire aux champignons sont très variables, indique la spécialiste. Le plus souvent on observe un syndrome résinoïdien, vomissements, diarrhée, douleurs abdominales propres aux bolets de Satan notamment, chez des gens qui confondent ces bolets avec des cèpes. Des patients présenteront un syndrome phalloïdien, troubles digestifs très modérés mais atteinte hépatique et rénale pouvant conduire au décès et, enfin, il y a le syndrome orellanien, pas évident, car les symptômes d’insuffisance rénale sont observés jusqu’à 15 jours, parfois plus, après l’ingestion du champignon. D’une façon générale, il vaut mieux faire cuire les champignons et n’en manger qu’en petite quantité, après s’être assuré qu’ils sont comestibles, bien entendu. » 

Bien qu’elle soit spécialiste, le docteur Labadie n’est pas mycologue pour autant. Aussi parfois, les photos que lui montrent ses patients lui posent une colle. « Nous travaillons en collaboration avec Mycoliste, un réseau de 70 mycologues répartis sur tout le territoire, des experts. On leur envoie la photo, ils la partagent et cela nous permet d’expertiser les paniers de récolte avec plus de fiabilité, afin de poser le diagnostic le plus adapté. » 

2021 11 06 champignons3

Les très jeunes enfants 

Les morilles, les coulemelles, les rosés-des-prés et les cèpes régalent nos papilles. Certains chercheurs de champignons sont de véritables mycophiles. Ils ont leurs coins secrets. Et leur heure : des petits matins humides, avant toute trace. « Je ne me permettrai pas d’interdire la cueillette, sourit le docteur Labadie. Mais, je conseillerai aux personnes très âgées, ou souffrant de maladies chroniques, ainsi qu’aux très jeunes enfants, d’éviter de consommer des champignons ramassés en forêt. Ils sont plus vulnérables. »

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