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GIRONDE VIGILANTE
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5 novembre 2021

Réchauffement climatique

Ouest-France du 5 novembre 2021 

Réchauffement climatique : dix exemples qui montrent que chaque degré compte, des Alpes à l’Amazonie

Six ans après l’accord de Paris, qui fixe l’objectif de limiter le réchauffement climatique à + 1,5 °C, la Cop26 s’est ouverte à Glasgow le 31 octobre 2021. Les dirigeants du monde vont à nouveau devoir s’accorder sur un plan commun pour atteindre l’ambition de 2015 car, pour l’heure, les efforts réalisés ne limiteraient le réchauffement qu’à 2,7 °C. Or, chaque dixième de degré compte. Voici dix exemples qui le montrent.

2021 11 05 ouest-franceLe Mont-Blanc, point culminant des Alpes, a vu sa température augmenter de 4 °C au cours de la seconde partie du XXe siècle. | OUEST-FRANCE

En 2015, l’accord de Paris fixait l’objectif de limiter le réchauffement climatique « au-dessous de 2 °C » et, idéalement, à + 1,5 °C par rapport à la période préindustrielle, alors que la température a déjà augmenté de 1,1 °C. Une moyenne mondiale qui cache d’énormes disparités. Par exemple, en France, dans la région du Mont-Blanc, la température a augmenté de 4 °C entre les années 1950 et 2000.

Le défi ambitieux de l’accord de Paris a été rappelé par Emmanuel Macron à l’ouverture de la Cop26, lundi 1er novembre 2021 à Glasgow. Jean Jouzel, climatologue de renom, attend de cet événement international des « engagements plus importants » car, « même si les ambitions de l’accord de Paris sont tenues, on ne sera pas loin des 3 °C supplémentaires »« C’est beaucoup trop pour les générations futures », explique-t-il. Les efforts nationaux actuels placent la planète sur une trajectoire de 2,7 °C de réchauffement. Avant 2015, ce chiffre était de 3,7 °C.

Les efforts doivent donc se poursuivre, et c’est tout l’enjeu de la Cop26. Mais pourquoi s’attache-t-on au chiffre de 1,5 °C de réchauffement, et pas 2 °C, par exemple ? Pour le co-auteur de Climat, parlons vrai, Jean Jouzel, « chaque dixième de degré compte ». Pour preuve, « le climat actuel est différent de celui des années 50-60 ».

Dans un entretien accordé à Ouest-France en septembre 2021, Karina von Schuckmann, océanographe allemande, expliquait, elle aussi, que « chaque degré de réchauffement a son importance », détaillant : « Nous constaterons des changements plus importants à 2 °C qu’à 1,5 °C dans la majorité des régions. » Voici dix exemples concrets qui montrent que quelques dixièmes de degrés de réchauffement supplémentaires pourraient faire toute la différence.

1. La totalité des récifs coralliens risque de disparaître si le réchauffement atteint les 2 °C

S’il y a un exemple emblématique de la limite de 1,5 °C de réchauffement à ne pas dépasser, ce sont les coraux. Jean Jouzel rapporte qu’un quart des récifs coralliens à travers le monde serait affecté par un réchauffement à 1,5 °C, contre la totalité de ces récifs dans un scénario à + 2 °C. Il ajoute que chaque dixième de degré supplémentaire affecte 5 % de coraux en plus.

Le réchauffement climatique a d’ores et déjà provoqué le blanchiment de coraux, par la hausse de la température de l’eau. S’il n’est « peut-être pas irréversible », comme l’explique Jean Jouzel, le blanchiment d’un corail le rend beaucoup plus vulnérable et est révélateur d’un dépérissement.

2. En Suisse, 90 % glaciers pourraient disparaître avec un réchauffement de 2 °C

En 2019, une étude de l’Espace Mont-Blanc a révélé que, avec un réchauffement de 2 °C, 90 % des glaciers devraient disparaître en Suisse avant 2090. Jean Jouzel estime qu’un demi-degré de réchauffement en moins permettrait de préserver, au niveau des glaciers, 200 à 300 m d’altitude supplémentaires.

En 2007, une étude du Laboratoire de glaciologie et géophysique de l’environnement (LGGE) concluait à la disparition du glacier de Saint-Sorlin, en Savoie, à l’horizon 2060 en cas de réchauffement climatique de + 1,8 °C d’ici à 2100.

Ce qui laisse imaginer une destinée similaire pour les petits glaciers des Alpes situés à basse ou moyenne altitude. « En prenant un scénario climatique moyen, les glaciers qui culminent au-dessous de 3 500 m devraient disparaître avant 2100 », résumait Christian Vincent, ingénieur de recherche au LGGE.

3. À chaque demi-degré supplémentaire, 10 millions d’habitants de plus confrontés à la montée des eaux

Jean Jouzel rapporte que chaque demi-degré de réchauffement planétaire supplémentaire menace 10 millions d’habitants en plus, d’être affectés par l’élévation du niveau de la mer.

Le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), rendu public à l’été 2021, conclut qu’en 2050 des centaines de millions d’habitants de villes côtières seront menacées par des vagues-submersion plus fréquentes, provoquées par la hausse du niveau de la mer, qui entraînera à son tour des migrations importantes.

L’Asie est en première ligne face à cette problématique. L’Europe ne sera pas épargnée par la montée des eaux, mais sera moins concernée. L’océanographe Karina von Schuckmann explique que le niveau de la mer « augmentera dans toutes les régions européennes, à l’exception de la mer Baltique ».

4. En France, des stations de ski en moins, si le réchauffement dépasse les 2 °C

Dans ses projections publiées en février 2021, Météo-France montre comment le pays pourrait conserver ses stations de ski, si le réchauffement climatique se limitait à 2 °C. Le pire scénario, un réchauffement de 3,2 à 4,9 °C en 2071-2100, entraînerait la disparition d’un « certain nombre de stations de ski […] à cause de la faible quantité d’enneigement en moyenne montagne », dans les Alpes et les Pyrénées. Le scénario d’un réchauffement de 2 °C pourrait permettre une meilleure gestion de cette problématique.

Les stations situées au-dessous de 1 900 m devraient être les plus concernées par des difficultés à maintenir leur neige. Une étude publiée sur le site spécialisé Skipass montre que, même dans le scénario le plus optimiste d’un réchauffement de 0,9 à 2,3 °C d’ici à 2100, des stations de ski disparaîtraient dans les Alpes et les Pyrénées d’ici à 2100.

Le pire scénario, celui d’un réchauffement de 3,2 à 5,4 °C d’ici à 2100, fait envisager la disparition de la totalité des stations de ski des Pyrénées et de la majorité de celles des Alpes.

5. 420 millions de personnes supplémentaires menacées par des canicules extrêmes avec + 2 °C

Le dernier rapport du Giec rapporte que, si le réchauffement est de 2 °C au lieu de 1,5 °C, 420 millions de personnes de plus seront menacées par des canicules extrêmes.

Des travaux publiés en 2017, à partir d’un scénario avec 2 °C maximum de réchauffement, pointent le nord de l’Inde, le Bangladesh et le sud du Pakistan comme les régions qui seraient les plus durement touchées, notant qu’1,5 milliard de personnes y vivent. « Nous espérons qu’il sera possible d’éviter que ces projections de vagues de chaleur meurtrières se concrétisent en Asie du Sud en réduisant suffisamment les émissions de gaz à effet de serre pour contenir le réchauffement climatique », commentait Elfatih Eltahir, professeur d’ingénierie environnementale, qui estimait que ce scénario était encore évitable. L’étude expliquait que « l’augmentation des températures et de l’humidité durant l’été pourrait atteindre des niveaux excédant la capacité de l’organisme humain à survivre sans protection ».

6. 50 millions d’habitants supplémentaires confrontés aux pénuries d’eau avec + 2 °C

Ce même rapport du Giec arrive également à la conclusion que, avec un réchauffement de +1,5 °C, dans les villes, 350 millions d’habitants supplémentaires seront exposés aux pénuries d’eau. Avec + 2 °C, ils seront 400 millions.

Comme l’expliquait Ouest-France en 2019, le nord de l’Afrique et le Moyen-Orient, avec des pays comme le Qatar, la Libye, Israël, le Liban ou l’Arabie Saoudite, sont particulièrement à risque face aux pénuries d’eau. Ces zones ont peu de pluie et de réserves d’eau douce, les fortes chaleurs accélérant l’évaporation de cette eau. La croissance démographique aura aussi un impact sur la répartition de ces pénuries d’eau. À ce jour, sur ce critère, certains pays d’Afrique semblent là aussi très à risque. D’autres zones très à risque étaient identifiées, comme l’Asie du Sud-Est ou certaines côtes de l’Australie.

7. Vers une disparition de la banquise l’été en Arctique si la hausse des températures dépasse les 1,5 °C

L’Arctique est une des régions également très en danger face au réchauffement climatique. La région entourant le pôle Nord de la Terre s’est réchauffée trois fois plus vite que la planète depuis 1971. Les probabilités pour que la banquise y disparaisse totalement l’été – avant de se reformer pendant la saison hivernale – sont dix fois plus élevées si la température sur Terre augmente de 2 °C au lieu de 1,5 °C.

La disparition de la banquise, même uniquement l’été, aurait des conséquences dramatiques pour les animaux vivant en Arctique. Les ours polaires, par exemple, sont incapables de se nourrir en l’absence de banquise. Dans ce cas, ils sont contraints de se réfugier sur le continent. C’est déjà qui se passe actuellement l’été dans le nord du Canada, « où ils ne sont pas les bienvenus », explique Jean Jouzel.

Le dernier rapport du Giec souligne que les modes de vie ancestraux de peuples vivant en lien étroit avec la glace en Arctique pourraient aussi disparaître.

8. 80 % de mammifères menacés en Australie si le réchauffement explose à + 4,5 °C

En 2020, une étude réalisée par deux chercheurs de l’université de l’Arizona sur 538 espèces dans 581 milieux naturels différents concluait que la moitié des espèces pourrait s’éteindre dans leur milieu si les températures augmentaient de 0,5 °C supplémentaires. Dans le cas d’un réchauffement de 2,9 °C, 95 % d’entre elles s’éteindraient.

En 2018, une autre étude, publiée dans la revue scientifique Climatic Change, s’intéressait à 80 000 espèces dans 33 régions jugées « prioritaires ». Elle concluait que 48 % étaient susceptibles de disparaître dans un scénario à +4,5 °C. Un chiffre divisé par deux si la température moyenne était contenue à +2 °C.

Dans le scénario d’un réchauffement de 4,5 °C, le sud-ouest de l’Australie voit près de 80 % des espèces de mammifères menacées d’extinction localement. Dans celui à +2 °C, c’est un tiers.

9. En Amazonie, 69 % des plantes menacées si le réchauffement atteint + 4,5 °C

L’étude publiée dans Climatic Change montre que le scénario à 4,5 °C entraînerait également la disparition potentielle de 69 % des espèces de plantes en Amazonie. Un risque réduit de 20 à 25 % en cas de réchauffement limité à 2 %.

« Le réchauffement climatique est la 3e cause de perte de biodiversité », explique Jean Jouzel. Les espèces les plus lentes à se disperser pour fuir les zones chaudes sont les plus menacées. « Plus le réchauffement est rapide, pire c’est », résume le climatologue.

Dans cette course face au réchauffement climatique, les plantes sont les plus mal loties. Chez les animaux, les reptiles et amphibiens ont plus de risques de disparaître que les oiseaux ou les mammifères, plus mobiles.

10. La migration climatique peut être réduite de 80 % si davantage d’efforts sont faits

Au-delà de +2 °C, selon le rapport du Giec, les coûts d’adaptation au réchauffement climatique pour l’Afrique devraient augmenter de dizaines de milliards de dollars par an. Un récent rapport sur l’État du climat en Afrique met également en avant la vulnérabilité du continent face au réchauffement climatique avec, d’ici à 2030, jusqu’à 118 millions de personnes extrêmement pauvres exposées à la sécheresse, aux inondations et aux chaleurs extrêmes en Afrique. Les projections les plus optimistes d’Action contre la faim prévoient que le taux de sous-alimentation en Afrique augmentera de 25 à 90 % d’ici à 2050.

Face à ces constats, les migrations climatiques seront inévitables. La Banque mondiale estime que jusqu’à 216 millions de personnes pourraient migrer d’ici à 2050 dans le monde : jusqu’à 86 millions en Afrique subsaharienne, 49 millions en Asie de l’Est et Pacifique, 40 millions en Asie du Sud, 19 millions en Afrique du Nord, 17 millions en Amérique latine et 5 millions en Europe de l’Est et Asie centrale.

Mais « si les pays commencent maintenant à réduire les gaz à effet de serre, les écarts en matière de développement, à restaurer les écosystèmes vitaux et aider les gens à s’adapter, la migration climatique pourrait être réduite d’environ 80 %, à 44 millions de personnes d’ici à 2050 », selon Juergen Voegele, vice-président de la Banque mondiale chargé du développement durable.

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