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GIRONDE VIGILANTE
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5 novembre 2021

Mutuelles santé

Sud-Ouest du 5 novembre 2021 

Mutuelles santé : à quoi devons-nous nous attendre ? 

Elles annoncent des hausses de tarifs que l’État lui-même conteste. Or faire jouer la concurrence est compliqué car il est difficile de les comparer. Ce qu’il faut savoir

2021 11 05 mutuellesLes contrats collectifs d’entreprise, le 100 % santé, la crise Covid et les rattrapages de soins, bouleversent l’économie des mutuelles dont les tarifs en hausse font grincer des dents THIERRY DAVID/”SUD OUEST”

Laurent Petit qui dirige la mutuelle bordelaise Pavillon Prévoyance (70 000 adhérents, 40 millions d’euros de chiffre d’affaires) a accepté pour « Sud Ouest » de décrypter le modèle économique et certaines des questions qui se posent autour du secteur des mutuelles.

2021 11 05 mutuelles2

Quel est le modèle économique des mutuelles ?

Laurent Petit : Si l’on remonte à l’origine des mutuelles, le modèle est simple : il y a des cotisations qui sont versées pour couvrir un risque et qui nous permettent de payer les prestations de santé. En clair, on mutualise les risques, et les cotisations des gens en bonne santé servent à couvrir les dépenses des gens en mauvaise santé. Avec le temps nous avons cherché à limiter les risques financiers avec des tarifs élaborés en fonction de tranches d’âges, des localisations… Les mutuelles ne font toujours pas remplir de questionnaire médical, mais nous proposons une surpondération senior (NDLR : un tarif qui augmente avec l’âge et potentiellement les risques de maladie). Le développement très fort des contrats collectifs des entreprises, qui font l’objet d’une concurrence féroce sur les tarifs, implique une érosion de nos marges. Entre un contrat individuel et un collectif il y a un écart de marge de 30 points pour nous en moyenne. 

Pour beaucoup de mutuelles le seul vrai moyen de s’en sortir consiste à se diversifier, aller chercher des marchés hors de la santé. Pour Pavillon Prévoyance, la partie mutuelle de santé ne représente plus que 40 % de l’activité. 

Les nouvelles augmentations annoncées en 2022 sont-elles une fatalité ? 

Alors qu’on parle d’augmentations des complémentaires santé, je tiens à préciser que sous ce terme générique on parle de trois choses différentes : les assureurs, les prévoyances et les mutuelles. Les mutuelles sont en général dans une démarche modérée d’augmentation. Chez nous, la hausse des tarifs se situera entre 1,5 et 3,5 %, loin des 7 à 10 % annoncés par ailleurs. Mais le fait est que les frais de santé augmentent, le coût de la santé est de plus en plus important et pèse sur nos modèles économiques. 

L’an dernier, pour cause de Covid et de soins remis à plus tard, nos prestations ont beaucoup reculé, c’est vrai. Environ 2,2 milliards d’euros à l’échelle de la France (lire par ailleurs), or l’État nous a imposé une taxe Covid de 1,5 milliard. À l’arrivée notre « gain » s’élevait donc à 700 millions d’euros en 2020, mais en 2021 nous faisons face à un rattrapage très fort des dépenses de santé. 

Au niveau national les deux années vont se solder finalement par 280 millions de dépenses supplémentaires… Via la taxe Covid – 4 % de notre chiffre d’affaires - l’État nous a demandé de restituer une partie de cet argent non versé, mais, dans le même temps, l’Autorité de contrôle prudentiel nous fixe un niveau de solvabilité toujours plus important pour qu’on puisse continuer à exercer. Le seul moyen d’être solvable, c’est d’avoir une réserve. Pour avoir ces réserves il faut du résultat… Sur lequel, depuis quelques années, les mutuelles sont fiscalisées. 

Quel est l’impact du 100% pour les mutuelles ? 

La réforme qui vise à supprimer le reste à charge des Français sur les frais d’optique, dentaires et d’audioprothèses, soins très mal remboursés par la Sécurité sociale, est une bonne chose. Mais si les offres sans reste à charge ont bien fonctionné dans l’audioprothèse et le dentaire et ont généré des surcoûts pour nous, le 100 % santé dans l’optique, secteur où nous devions faire des gains, n’a pas bien fonctionné: les assurés sont allés sur des produits aux prix élevés avec de forts restes à charge qui impactent aussi nos comptes. 

La « grande Sécu » et la fin des mutuelles, est-ce possible ? 

Derrière cette idée évoquée par le Haut Conseil pour l’avenir de la Sécurité sociale se dessine une volonté politique de nationaliser, de centraliser notre système de santé. Ce n’est pas un énième rapport de plus. La réflexion est sérieuse, d’ailleurs il nous a été demandé les chiffres de nos effectifs salariés pour savoir comment pourrait se passer socialement cette fusion qui entraînerait la disparition de 50 à 60 % du chiffre d’affaires, ce qui condamnerait les mutuelles. 

Nous estimons que la complémentarité entre mutuelles et Sécurité sociale est une chance. Beaucoup d’innovations en matière de santé, comme la télémédecine, des opérations de prévention, ou encore la mise en place du deuxième avis médical, ont été apportés par les mutuelles. Les défenseurs de cette grande Sécu vont dire aux gens qu’ils n’auront plus rien à payer, mais les 30 milliards que nous collectons chaque année il va falloir les trouver. En augmentant les charges sociales ?

2021 11 05 SO Comment choisir sa complémentaire santé

2021 11 05 SO Comment choisir sa complémentaire santé2

2021 11 05 SO Une hausse des tarifs difficile à justifier

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