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27 septembre 2021

Perturbateurs endocriniens

Sud-Ouest du 27 septembre 2021 

Perturbateurs endocriniens : ils sont partout 

La liste de ces substances toxiques ne cesse de s’allonger. Le point avec Sakina Mhaouty-Kodja, directrice d’une équipe de recherche CNRS à Sorbonne-Université

2021 09 27 perturbateursLes perturbateurs endocriniens ont un impact sur l’organisme humain dès la vie embryonnaire. ARCHIVES TIM SLOAN/AFP

Pour faire simple, on peut résumer les perturbateurs endocriniens comme étant des substances capables d’interférer avec notre système hormonal, entraînant des effets néfastes. L’évaluation de ces effets sur la santé est aujourd’hui un défi scientifique, qui représente un enjeu massif en matière de santé publique. Des centaines d’équipes de recherche travaillent d’arrache-pied, depuis les années 1990, à énumérer où se nichent ces perturbateurs, et observer ce qu’ils perturbent dans nos organismes. 

Malformations, cancers… 

Sakina Mhaouty-Kodja dirige une équipe CNRS à l’université Paris-Sorbonne et préside un groupe sur les perturbateurs endocriniens depuis 2017, en tant qu’experte à l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation). Elle était l’invitée, la semaine dernière, du congrès international de neuroendocrinologie, qui aurait dû se tenir à Bordeaux et a finalement eu lieu en virtuel, derrière les écrans de nos ordinateurs. Sa mission fut d’expliquer comment agissent les perturbateurs endocriniens et peut-être comment s’en débarrasser, un jour. En préambule, elle a rappelé que la première alerte date de 1962, lorsque Rachel Carson publia « Le Printemps silencieux », qui dénonçait l’utilisation des DTT (Dichlorodiphényltrichloroéthane, un polluant organique persistant) impliqués dans la disparition prématurée des oiseaux. 

« Les DTT sont des insecticides parmi les premiers mis en cause, comme perturbateurs endocriniens, mais depuis les années 1990, des études se sont multipliées, qui toutes ont montré les effets délétères sur l’organisme humain. Augmentation des malformations urogénitales, de l’incidence des cancers des testicules, de la prostate, du sein, de la thyroïde, puberté précoce chez les filles, désordres neurocomportementaux chez les enfants. Nous observons que les perturbateurs endocriniens ont une action néfaste, même à faible dose d’exposition. » 

Ils sont présents surtout dans des produits qu’on utilise tous les jours et qui peuvent se montrer particulièrement résistants. Ainsi, on en touche, on en avale et on en respire à peu près tout le temps, puisqu’on retrouve des perturbateurs endocriniens dans les lubrifiants, les fluides de refroidissement, retardateurs de flamme, les condensateurs et surtout les plastiques… 

Effet cocktail 

« La vulnérabilité est liée à la période d’exposition, ajoute Sakina Mhaouty-Kodja, les moments critiques étant le prénatal, le postnatal et la puberté. Une exposition précoce in utero induit des maladies à l’âge adulte. » 

La chercheuse rappelle qu’un rapport de l’Organisation mondiale de la santé, qui recense l’ensemble des résultats de travaux de recherche, est lisible sur Internet. Aujourd’hui, malgré la multiplication des travaux scientifiques sur ce sujet, les perturbateurs endocriniens n’ont pas tout révélé de leur toxicité. « En effet, il faut encore que soient observées les substances émergentes, remarque Sakina Mhaouty-Kodja. Les substances désormais interdites comme le Bisphémol A, les phtalates ou le DTT sont toujours présentes dans l’environnement. Il faut aller plus loin dans la recherche et financer des travaux sur les effets de ces résidus de substances sur la reproduction animale et humaine, le système nerveux, les os, les intestins, les glandes surrénales. Commencent à émerger de nouvelles questions sur les effets des mélanges de substances, associés au stress, au régime alimentaire. La réglementation doit aller encore plus loin. » 

Comment s’en sortir ? 

Comme chaque individu ordinaire, l’experte se questionne sur la manière d’éviter les perturbateurs endocriniens. « Je suis comme vous, je tâtonne, je tente… Manger bio, c’est mieux, ça diminue la charge de pesticides. Mais ça ne suffit pas. Éviter le plastique, les plats préparés. Ne manger du poisson que deux fois par semaine, car les gros poissons sont très chargés en métaux lourds, leur préférer les petits… Éviter les produits d’entretien avec agents antibactériens, l’eau en bouteille, limiter la consommation de sodas en canettes, de conserves. La liste est longue… La France a développé des stratégies nationales sur les perturbateurs endocriniens, mais là encore, il faudrait aller plus loin. » 

L’experte évoque le fameux concept One Health qui signifie « une seule santé ». Il s’agit de traiter la problématique non en s’intéressant qu’à l’homme, mais en prenant en compte la santé humaine, celle des animaux et l’état écologique global, de promouvoir une approche pluridisciplinaire et globale des enjeux sanitaires.

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