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GIRONDE VIGILANTE
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17 août 2021

Centrale du Blayais

Sud-Ouest du 17 août 2021 

Braud-et-Saint-Louis: Au cœur d’un réacteur de la centrale nucléaire du Blayais 

La centrale ne prend pas de vacances en août. La maintenance d’un réacteur à l’arrêt et les travaux du grand carénage nécessitent encore plus de personnel

2021 08 17 au coeurAu centre, le réacteur est inaccessible lorsqu’il est en marche. À droite, l’enceinte du réacteur est rendue étanche par d’immenses portes. À gauche, la piscine où sont entreposés les combustibles pendant l’arrêt du réacteur ; Séverin Buresi, directeur de la centrale du Blayais ; et le rehaussement de la digue de protection contre les inondations. THIERRY DAVID/« SUD OUEST » 

A lors que l’été bat son plein et que beaucoup sont en vacances, à la centrale nucléaire du Blayais, on s’active, encore plus qu’en temps normal. Une fois par an, les quatre réacteurs sont arrêtés chacun à leur tour. En ce mois d’août, c’est le réacteur 1. Pas le moment de partir en congés pour les employés, qui doivent réaliser des dizaines d’opérations de maintenance à l’intérieur. 

2021 08 17 au coeur2

Les arrêts sont programmés en général en été, quand la consommation d’électricité diminue. La centrale peut alors se permettre d’avoir un réacteur de moins en service. 

Le directeur de la centrale de Braud-et-Saint-Louis, Séverin Buresi, explique la manœuvre : « D’abord on descend progressivement la température et la pression du circuit primaire pour pouvoir ouvrir le couvercle de la cuve du réacteur. Ensuite on sort les assemblages combustibles (l’uranium enrichi qui sert à la réaction en chaîne, NDLR) pour les amener dans la piscine du bâtiment dédié. » 

L’accès au réacteur est normalement fermé et le bâtiment étanche, grâce à des portes massives. C’est depuis la salle des commandes que les employés contrôlent la réaction en chaîne. Pour passer la porte blindée, digne d’un énorme coffre-fort, et entrer dans le réacteur, il faut montrer patte blanche plusieurs fois. Avant de travailler à la centrale nucléaire du Blayais, tous les salariés ont d’abord fait l’objet d’une enquête de préfecture, mais une fois à l’intérieur, le contrôle ne s’arrête jamais vraiment. 

Ceux qui travaillent en zone dite « contrôlée », c’est-à-dire au plus proche de potentiels rayonnements radioactifs, portent une tenue spécifique. Combinaison blanche en coton, casque sur la tête, longs gants en coton, chaussures blanches et lunettes de protection. 

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Décharger les combustibles 

Pour les protéger des rayonnements radioactifs, tout le processus de déchargement et rechargement est fait dans l’eau. « C’est comme si on ouvrait une cocotte-minute avec de l’eau pardessus », décrit le directeur. Devant ce grand bassin, l’accès est délimité par une bâche de couleur rose. Pas question de faire tomber quelque chose dans cette piscine alvéolée remplie de combustible nucléaire. 

D’ici à la fin du mois, les trois quarts de ces combustibles feront le trajet inverse pour être rechargés dans le réacteur. Le reste, utilisé depuis quatre ans, sera retraité par une usine. En attendant, le réacteur devient le « bureau » des salariés qui effectuent des opérations de maintenance. Ils s’installent temporairement, environ un mois, avant que la « chaudière de la centrale » ne redémarre. 

Objectif grand carénage 

L’enjeu de maintenance est d’autant plus important dans la perspective du « grand carénage ». Ce vaste programme d’EDF prévoit de renforcer les installations de production d’électricité nucléaire pour en allonger la durée d’exploitation. La centrale du Blayais vient de fêter ses 40 ans. Elle pourrait pousser jusqu’à 50 ans au moins, si l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) donne son aval. 

En juin 2022, le réacteur 1 sera à nouveau arrêté pendant une centaine de jours pour la visite décennale. Il sera contrôlé sous toutes les coutures grâce à une machine d’inspection. Cet arrêt permettra aussi de réaliser des travaux du grand carénage pour obtenir l’autorisation de l’ASN. 

Pour cette visite, 15 000 activités sont en cours de planification, mais certains travaux sont déjà avancés. Et 70 kilomètres de câbles électriques sont en train d’être installés pour doter le réacteur d’une troisième voie électrique. Séverin Buresi ne cesse de le répéter : « Dans une centrale, et encore plus depuis Fukushima, on sait qu’il faut en permanence de l‘eau et de l’électricité, donc on multiplie les sources » 

300 millions d’euros 

À l’extérieur, des ouvriers s’activent pour forer des puits pour capter les nappes d’eau souterraine à 200 mètres de profondeur. Les piscines de combustibles vont aussi bénéficier d’un troisième système de refroidissement. « Le grand carénage c’est tout de suite, certaines réalisations sont déjà engagées. Les travaux vont s’étaler sur dix ans, les visites décennales commencent en 2022 pour le réacteur 1, puis les autres suivront d’ici à 2025. » 

Sur le pourtour de la centrale, des travaux d’envergure sont aussi en cours. La digue, installée côté marais, va être rehaussée pour atteindre huit mètres. «Pendant la tempête de 1999, elle avait été partiellement submergée. On prend en compte le réchauffement climatique et les scénarios pessimistes du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) », assure Séverin Buresi. 

Pour espérer obtenir l’autorisation de l’ASN, la centrale du Blayais devra aussi s’équiper de récupérateurs à corium, sortes d’énormes cendriers placés sous le réacteur. Ils permettront de rendre l’enceinte complètement étanche. 

Tous ces travaux promettent encore de nombreux pics d’activité. L’été prochain, 3 500 personnes devraient intervenir sur le site, contre 2 000 habituellement. « C’est un projet ambitieux pour le territoire », note Charlène Duquesnay, la sous-préfète. À terme, le grand carénage devrait entraîner 600 embauches et 300 millions d’euros de retombées économiques. 

Cette année, 30 millions d’euros de contrats ont déjà été signés avec les entreprises locales et 250 personnes embauchées par EDF et ses prestataires. Un bâtiment de 4 000 m2 est en train d’être construit pour les accueillir d’ici à janvier prochain. Le recrutement se poursuit, en s’appuyant sur les 70 formations spécifiques au nucléaire proposées par le Conseil régional.

 

 

 

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