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2 août 2021

Covid-19

Sud-Ouest du 2 août 2021

2021 08 02 SO Covid et littoral de la tension dans l'air

 

Sud-Ouest du 2 août 2021 

Mesures sanitaires et vacances : la tension monte sur le littoral 

Le masque en extérieur a fait son retour dans de nombreuses villes du Sud-Ouest. À Biarritz, la mesure est peu appliquée et suscite de plus en plus de crispations. Reportage

2021 08 02 vaccinDepuis le 26 juillet, et jusqu’au 31 août, dans les villes d’Anglet, Bayonne, Biarritz, Guéthary, Hendaye et Saint-Jean-de-Luz, le port du masque est de nouveau obligatoire de 9 heures à 21 heures. BERTRAND LAPÈGUE / “SUD OUEST” 

Pascal Ondarts, ancien pilier du XV de France, balaie devant sa porte. La porte du bar le plus sélect de Biarritz, le Royalty, en plein centre-ville, place Clémenceau. Dernier jour de juillet, il pleut et la foule se presse dans la cité balnéaire. Pascal Ondarts ne porte pas le masque. Et il fait la gueule. Serait-il lui aussi opposé à la mesure préfectorale tombée il y a une semaine ? Port du masque à nouveau obligatoire en ville à Anglet, Biarritz, Guéthary, Saint-Jean-de-Luz, Hendaye et Bayonne en raison d’un taux d’incidence du variant Delta exponentiel. L’ex-pilier s’étonne de la question. Contre le masque lui ? « Eh bien non, pas du tout, je suis pour, très pour même. » 

Balai et pelle à la main, il assène devant ses clients hilares : « S’il faut porter le masque, je le porte ! J’attends qu’on me dise que c’est obligatoire ! » Certains le hèlent : « C’est obligatoire, vous avez une pancarte à 3 mètres ». « Ah d’accord, je croyais que c’était le 9 août, mais de toute manière, je suis vacciné, un vacciné de la première salve. Et mes 82 salariés sont tous vaccinés eux aussi. » S’il a l’air tellement en colère, c’est que cette épidémie commence à lui courir sur le haricot, dit-il. « Au début j’étais triste de voir tous ces gens hospitalisés, mais maintenant plus du tout ! Parce qu’on a une parade, le vaccin, on attend quoi ? » 

2021 08 02 vaccin2

De fait, il suffit de déambuler dans les rues commerçantes du centre-ville pour observer que l’obligation de porter le masque ne fait pas l’unanimité à Biarritz. À la louche, un passant sur trois le porte correctement, les autres l’ont au poignet, sous le menton, dans la poche ou pas du tout. Le menton dressé, arrogant, résistant. La faute à qui ? Au ras-le-bol sans doute, au caractère contrariant des Basques et un peu aussi au docteur Guillaume Barucq. Médecin généraliste, surfeur, leader de l’opposition municipale de Biarritz et pourfendeur du masque en plein air depuis le début de la pandémie de Covid, il jubile.

« On n’y comprend rien » 

« Peut-être commence-t-on à m’écouter ? ose-t-il. Dès le printemps 2020, je suis monté au créneau pour la réouverture des plages pendant le premier confinement. Mon leitmotiv : le plein air fait partie de la solution. Je n’ai rien inventé, les médecins aéristes (théorie attribuant à l’air un rôle primordial dans les infections, NDLR) ont été des précurseurs à Biarritz au XVIIIe , dans les débuts de la thalasso. Le bord de mer a toujours participé à la prévention des infections respiratoires. » Le docteur Barucq suppose que ses arguments ont un peu influé sur la décision préfectorale, puisque désormais, le masque n’est plus obligatoire à la plage et en front de mer. « C’est déjà ça ! » 

Nombreux sont ceux qui, ici, s’étonnent du périmètre de l’obligation. « Pourquoi là, et pas là, rouspète Beñat le nez au vent, qui attend sa femme devant une boutique place Bellevue. C’est politique cette histoire : on masque à Biarritz, on ne masque pas à Bidart, ni à Ciboure, ni à Urrugne où il y a un monde dingue ? On n’y comprend rien. Moi quand je ne comprends pas, je ne fais pas ! » Quant au docteur Barucq, piégé au cœur du chaos polémiste des réseaux sociaux, mêlé à la frange des antivax, il rétorque : « Il a fallu que je publie une photo de moi sur Twitter en blouse blanche en train de vacciner au centre de vaccination. L’hystérie collective autour de cette crise est phénoménale, aucune nuance, personne n’écoute personne, les arguments ne sont pas entendus. Dans mon cabinet, tous les patients tombés malades ont été infectés dans des lieux clos, sans aération : des fêtes privées, des soirées, repas, un CRS coincé dans un fourgon avec un type malade, un pompier confiné en caserne avec un positif. Je n’ai jamais vu de cluster partir de la place Clémenceau à Biarritz. » 

Le risque zéro n’existe pas 

D’ailleurs, il n’est pas à proprement parler contre le masque, il le porte au poignet. Lui comme Ondarts, Beñat, Claudie qui porte le masque dehors à contrecœur et observe les tensions « entre ceux qui le portent et ceux qui ne le portent pas », admettent en avoir « gros sur la patate ». À cause du temps pourri, certes, mais aussi du climat délétère : « On fait passer les non-vaccinés pour des dangers publics, conclut le docteur Barucq. En vérité, les vaccinés aussi peuvent transmettre le Delta, on le sait maintenant, et ils se croient invincibles, donc également dangereux. Cette société du risque zéro brouille les messages. » Samedi, sur la Grande Plage de Biarritz, mer belle, la baignade comme d’habitude n’était autorisée qu’entre deux drapeaux sur 5 mètres de long. Confinés devant l’océan immense.

2021 08 02 SO Le taux d'incidence ne prend pas en compte les touristes

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