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7 mai 2021

Covid-19

Sud-Ouest du 7 mai 2021

2021 05 07 SO Ils veulent un vaccin à tout prix

Sud-Ouest du 7 mai 2021 

Devant le vaccinodrome, tous les soirs, l’espoir d’une dose 

Chaque soir, devant les centres de vaccination, ils font les cent pas, espérant obtenir une dose de vaccin restée au tapis. Reportage devant le vaccinodrome de Bordeaux, alors qu’Emmanuel Macron simplifie encore l’accès aux vaccins à partir de lundi

2021 05 07 vaccinsMardi soir, devant le méga-centre de vaccination de Bordeaux, dans l’attente d’une dose restante. GUILLAUME BONNAUD / «SO»

Assis sur la marche d’un escalier, il lit un bouquin de Philip Roth, au milieu d’autres personnes, plus éloignées, sautant d’un pied sur l’autre pour se réchauffer ou titillant un téléphone. Comme tous ici, il porte un masque. Et un sweat à capuche. Ce mardi-là à 19 heures, le ciel était menaçant, face au hall 1 porte B du Parc des expositions de Bordeaux. C’est sa première fois. Il découvre là, le petit monde de ceux qui se retrouvent chaque soir, à la même heure, pour attendre une dose perdue. Un vaccin, presqu’un Graal. 

« Au boulot, on m’a proposé une vaccination avec l’AstraZeneca », raconte Marc, 56 ans. « J’en veux pas. Enfin, en vrai, c’est plutôt ma femme qui refuse que je fasse ce vaccin. Elle a la trouille. J’ai des amis qui sont venus ici la semaine dernière, ils ont fini par trouver un vaccin Pfizer. Je trouve ça incroyable qu’on ait besoin de venir quémander. Je ne me sens pas hors-la-loi, ou transgressif… Il vaut mieux ça, plutôt que les vaccins se perdent », puis il replonge dans son livre, tout en gardant à l’œil l’activité à l’entrée du vaccinodrome. 

« Il n’y a plus personne » 

Bras croisés, les agents de sécurité observent le groupe de guetteur de vaccins d’un air désabusé. Tous les soirs, ils sont un peu plus nombreux à tenter leur chance. Les plus vieux ont la cinquantaine, comme Marc. Refusent l’AstraZeneca, espèrent le Pfizer. Les plus jeunes ont une vingtaine d’années et débarquent en scooter ou en tram. 

Pourtant, selon l’Agence régionale de santé de Bordeaux, personne n’attend plus ici le soir, puisque le nombre de doses attribuées quotidiennement est fixé pile-poil en fonction du nombre de vaccinations prévues et des rendez-vous organisés. 

« Les gens qui sont venus, au début, pour profiter des doses non utilisées ont été refoulés et le message est passé entre eux, il n’y a donc plus personne. Le centre de vaccination appelle directement les inscrits de leur liste prioritaire lorsqu’ils ont un excès de dose », affirme-t-on à tort à l’ARS... De la règle de base à la vie réelle, comme un hiatus. 

« Pas un hold-up » 

Les autorités sanitaires et collectivités locales paraissent devancées sur ce coup-là. Jean-Philippe est venu en short et baskets, au pas de course. Il vit à 30 km d’ici. La petite cinquantaine, frais comme un jeune homme. « J’ai tenté Doctolib et tout le reste, je ne trouve aucun créneau. Je n’ai pas de médecin traitant. Et là, il y a urgence, je veux à tout prix me faire vacciner et vite. Je suis déjà venu lundi, la veille aussi. Chaque fois, on est entre 60 et 80, mais certains jours il y a, paraît-il, jusqu’à 150 personnes. Hier soir (lundi, NDLR), j’ai attendu jusqu’à 20 h 25, et un infirmier est sorti pour nous annoncer qu’il ne restait plus une seule dose en rabiot. Personne n’a moufté, les gens sont rentrés chez eux. On ne sent pas du tout de la colère ou de l’animosité. Ce n’est pas un hold-up ! » 

L’ambiance y est, en effet, plutôt tranquille. Le souffle du vent, un peu frisquet pour un 4 mai, annonce quelques gouttes de pluie. Lydia ferme son livre et se pelotonne contre une grille. Elle a oublié sa doudoune en partant. « J’ai 34 ans, mon mari a mon âge, il a pu recevoir une dose la semaine dernière, mais il est venu tous les soirs, moi je n’étais pas disponible. Je me suis débrouillée pour l’être cette semaine. Il faut prendre son mal en patience. Samedi et dimanche, il y avait des doses, mais comme il y a des gens plus vieux que moi, ils passent en priorité. Franchement, ça m’agace un peu tous ces gens de 50 ans qui pourraient se faire vacciner sans venir ici parce qu’ils ont l’âge ! » D’origine allemande, la jeune femme espère un vaccin pour rejoindre sa famille et passer la frontière. 

« Revenir demain » 

Les habitués décrivent ainsi un mode de fonctionnement récurrent. La séance de vaccination officielle boucle à 20 heures pétantes. Suivent quelques minutes pour connaître le nombre de doses restantes. Vers 20 h 10, les infirmiers sapeurs-pompiers viennent alors annoncer le nombre de vaccins disponibles et chercher les candidats devant les grilles, selon les critères de priorité en vigueur. Sont d’abord appelées les personnes avec comorbidités, puis les 60 ans, 59, 58 etc.. L’appel se fait en fonction du nombre de doses résiduelles, mais toujours en bonne et due forme. 

Yan a 26 ans, Léna 24. Ils boudent un peu. Trop jeunes. « On tente notre chance, mais vu le nombre de gens qui attend et la moyenne d’âge, pour qu’on puisse bénéficier d’une dose il faudrait qu’il en reste plus de 80… Mission impossible. Faut croire qu’on est un peu optimistes ! On espère un vaccin vite, pour pouvoir voyager cet été. Les frontières vont s’ouvrir et on va rester sur le carreau. Y’a que les vieux qui pourront partir ! On dirait que la crise va continuer pour nous. » 

À deux pas, Isabelle, 57 ans, blottie dans son blazer rouge, tremble de froid : « J’avais trouvé un créneau de vaccination, mais seulement de l’Astra et je n’en veux pas. Même si le risque est faible, je ne veux pas faire partie des rares cas de thrombose. Me voilà ici pour la première fois, avec un petit sentiment de honte, de transgression ». 

Dans son cabinet de médecin généraliste à Bordeaux, le docteur Nicolas Brugère rage : « Que des gens viennent mendier un vaccin, alors que j’en ai 55 dans mon frigidaire dont personne ne veut plus, ça me rend très en colère ! Cet AstraZeneca est un bon vaccin, mais comment convaincre aujourd’hui ? Nous, les généralistes et les pharmaciens, avons vacciné 16 millions de personnes. Il faut qu’on nous autorise à utiliser du Pfizer ou du Moderna très vite ! » 

20 heures sonne. Dans un même élan, le groupe s’approche de l’entrée en attente de la fameuse annonce. Suspense. Silence. Portables à l’arrêt, livres fermés. Tendus, debout, ils espèrent encore. Un peu. « Bonsoir, ce soir j’ai une mauvaise nouvelle, pas une seule dose à proposer. Tout a été consommé. L’ARS nous a signalé que les créneaux vont encore s’élargir d’ici quinze jours. Revenez demain et on y croit, on ne lâche rien ! » Le pompier lance un salut à la foule et tourne les talons.

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