Covid-19
Sud-Ouest du 1er avril 2021
Sud-Ouest du 1er avril 2021
Un reconfinement qui ne dit pas son nom
C’est un tour de vis nuancé qu’a annoncé Emmanuel Macron, mercredi soir. Les mesures de freinage – et leurs exceptions – vont s’étendre à tout le pays. Détails
Si, mercredi soir, Emmanuel Macron a, une nouvelle fois, demandé aux Français de tenir face à cette troisième vague, force est de constater que lui aussi a – presque – tenu… sa ligne. Certes, lors de son allocution, il a un mis un terme à la territorialisation, cette stratégie inaugurée il y a seulement quelques semaines pour répondre département par département, et ville par ville à la progression du virus.
Preuve que cette approche n’a pas eu tous les effets escomptés face à la virulence du variant anglais. Mais alors que ses détracteurs le pressaient de reconfiner le pays avec des mesures strictes, c’est un tour de vis nuancé que le chef de l’État a annoncé. En clair, un confinement qui ne dit pas son nom. Et qui, dans le détail, est tout sauf uniforme.
Justificatif au-delà de 10 km
Concrètement, les mesures de freinage déjà en vigueur dans 19 départements d’Île-de-France et des Hauts-de-France, notamment, seront étendues à tout le pays, dès samedi soir. Mais, contrairement au confinement de mars dernier, ce dispositif n’entraînera pas la fermeture de tous les commerces. Ainsi, les coiffeurs, les librairies, les cordonniers, et les concessions automobiles, entre autres, pourront rester ouverts.
En revanche, là où l’étau se resserre, c’est pour les déplacements au-delà de 10 km. Pour eux, un justificatif sera nécessaire. Ce qui devrait limiter les échanges inter-régionaux en particulier. Autre restriction : les rassemblements festifs sur la voie publique, comme on a pu le voir ces derniers jours, seront interdits.
L’école en distanciel
Mais surtout, le chef de l’État était attendu sur la situation des écoles (lire ci-contre). Sur ce point, il a annoncé une nouvelle série de mesures, jouant à plein sur le calendrier scolaire. Le lundi de Pâques étant férié, dès le lendemain, le mardi 6 avril donc, l’enseignement en distanciel sera de retour dans l’ensemble des niveaux. Et ce jusqu’au vendredi 9 avril, date à laquelle commenceront les vacances de Pâques pour tout le monde. Et ce, pour deux semaines.
C’est l’une des annonces de cette allocution : les vacances par zones sont suspendues. La rentrée est fixée au 26 avril. Mais là encore avec des nuances. Les crèches et les écoles reprendront en présentiel, tandis que les collèges et les lycées reprendront, eux, en distanciel, pour une semaine supplémentaire. Les collégiens et les lycéens retrouveront leurs établissements le lundi 3 mai. Traduction : l’enseignement ne s’interrompra pas. Précisément le point sur lequel, il ne voulait pas céder.
Accélérer la vaccination
Également attendu au tournant sur le front des hôpitaux, Emmanuel Macron a annoncé un renforcement des capacités dans les services de réanimation. Ainsi, le nombre de lits, qui est déjà monté à 7 000, doit passer à 10 000. Mais c’est bien sur une nouvelle accélération de la vaccination qu’il compte s’appuyer (lire ci-dessous). « Le vaccin est efficace au bout de quinze jours après l’injection de la deuxième dose, a-t-il insisté. Notre enjeu principal, c’est d’accélérer encore et encore. » En particulier en direction des plus fragiles : « C’est ainsi que nous sauverons des vies », a-t-il ajouté. En attendant, cette montée en puissance, la logistique, elle, est en place. Comme l’a rappelé le locataire de l’Élysée, « 1 700 centres » sont déjà ouverts et quelque « 250 000 professionnels » prêts à vacciner : médecins généralistes, infirmières, les pharmaciens, vétérinaires, sapeurs-pompiers… Quant au calendrier de vaccination, il s’établit ainsi : à partir du 16 avril, elle s’ouvrira aux personnes de 60 à 70 ans ; le 15 mai, aux 50-60 ans, et mi-juin à l’ensemble des moins de 50 ans.
Mi-mai : le bout du tunnel ?
« D’ici à la fin de l’été, tous les Français de plus de 18 ans qui le souhaitent pourront être vaccinés, a-t-il rappelé. C’est la clé pour rouvrir notre pays. »
Rouvrir le pays, justement. Au-delà des mesures annoncées, Emmanuel Macron s’est aussi attaché à tracer des perspectives. À donner de la lisibilité. Comme il l’a indiqué, « les efforts d’avril et le déploiement de la vaccination » doivent opérer comme « une tenaille ». Pour contenir le virus. Et amorcer la suite. C’est-àdire, le retour à un début de vie normale. Un horizon qu’il a fixé à la mi-mai, période à laquelle les commerces, les lieux de culture, les restaurants et les cafés pourront commencer à envisager une reprise. Avec, a-t-il précisé, « des règles strictes ». Cependant, à ce stade, il ne s’agit que d’une projection. En effet, il reste à bâtir, comme il l’a dit, « un calendrier de réouverture ». Mais d’ici là, il va falloir tenir. Encore.