Sud-Ouest du 20 mars 2021
Sud-Ouest du 20 mars 2021
Les Parisiens débarquent dans la région lassés et résignés
Les trains en direction du Sud-Ouest étaient complets ce vendredi 19 mars au matin. Les Parisiens rencontrés à la gare de Bordeaux disaient avoir prévu leur trajet depuis longtemps. Ils hésitaient entre résignation et colère. Reportage
Une foule compacte sur les quais de la gare Saint-Jean, à Bordeaux. FABIEN COTTEREAU / « SUD OUEST »
Ils connaissent la chanson. Et le refrain commence à les lasser. Face à ce troisième confinement, annoncé jeudi 18 mars par le Premier ministre, Jean Castex, qui concernera dès ce vendredi soir, minuit, 16 départements du nord de la France, de l’Île-de-France et des Alpes-Maritimes, les Parisiens hésitent entre résignation et colère.
Comme lors des précédents confinements, les trains au départ de la gare Montparnasse, à Paris, étaient complets ce vendredi matin. Notamment ceux en direction du Sud-Ouest (et particulièrement de Bordeaux), de la Bretagne ou de Lyon. « Habituellement, à la veille d’un week-end, on est sur des taux de remplissage autour de 70 %, détaille un porte-parole de la SNCF. Si on a vu les réservations multipliées par deux, jeudi 18 mars dans la soirée, on a aussi constaté une multiplication par neuf des annulations. »
SNCF Voyageurs enregistre malgré tout « 20 % de réservations en plus pour ce week-end, au niveau national ». Tous les trains circulent d’ailleurs normalement jusqu’au mercredi 24 mars.
« On subit »
À la gare de Bordeaux, ce vendredi 19 mars, les voyageurs en provenance de Paris interrogés n’avaient pas sauté dans un train à l’annonce de ces nouvelles restrictions de circulation. Leur trajet était prévu depuis plusieurs semaines voire plusieurs mois. Il n’empêche, les annonces gouvernementales pèsent sur le moral.
Marc-André, 52 ans, et sa femme ont réservé depuis deux mois « une location pour quinze jours à Arcachon, histoire de prendre l’air et de faire le plein de vitamine D, après avoir dû annuler la Polynésie puis la Martinique ». Ce Parisien est résigné face à ce nouveau confinement : « On subit, contraints et forcés, mais on n’a pas à critiquer. C’est une question de survie de l’espèce. »
Trentenaires, Marie et Henri sont venus fêter les deux ans de leur fils avec une partie de leur famille, installée à La Réole. « On n’a pas pu fêter son premier anniversaire ensemble l’année dernière parce qu’on était confinés donc là, coup de chance, notre train - réservé depuis deux mois - part au bon moment ! On vient pour le week-end et on rentrera dimanche, comme prévu. »
« Moins peur qu’en mars »
D’autres Parisiens passent également par Bordeaux pour des motifs professionnels. Comme Éric et Isabelle, habitants des Yvelines, qui travaillent ensemble dans le bâtiment. « On passe la semaine à Arcachon sur un chantier, c’était prévu depuis trois mois, mais on a été surpris que le train soit blindé ce matin. Pas une place de libre ! On a moins peur qu’en mars dernier mais on fait gaffe, on s’est fait dépister avant de rejoindre nos équipes. »
Comment vivent-ils la situation ? « On est surtout choqués qu’il n’y ait pas assez de vaccins. Notre voisin de 90 ans n’a toujours pas pu se faire vacciner ! On ne nous autorise pas à sortir mais par contre, il faut qu’on aille faire du pognon et qu’on rentre sagement à la maison ! »
Sur le littoral, le maire de Lacanau, Laurent Peyrondet, confirme une hausse des demandes de réservations de la part de Parisiens depuis jeudi soir.