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5 février 2021

Inondations

Sud-Ouest du 5 février 2021

2021 02 05 SO Pourquoi de telles crues

Sud-Ouest du 5 février 2021 

« On n’avait jamais vu l’eau monter aussi haut » 

Voilà quarante ans que le Marmandais n’avait pas subi une telle crue. Sur place, les riverains du fleuve oscillent entre placidité et désarroi

2021 02 05 On a jamais vu çaBlandine dans sa maison inondée. LOÏC DÉQUIER/ “SUD OUEST”

Bienvenue sur son île. Maryse, 67 ans, est coupée du monde depuis ce lundi 1er février. Les militaires de la brigade nautique d’Arcachon ont rejoint l’île de la sexagénaire, un îlot plus exactement, après plus d’une demi-heure de bateau sur le fleuve en crue depuis Sainte-Bazeille. Il est près de 16 heures et la Garonne redescend en pression depuis que le pic de la crue a été atteint mercredi vers minuit, à 10,20 m. Du jamais vu depuis quarante ans et la crue de 1981. 

La crue rapproche les gens 

Maryse n’est pas tout à fait d’accord. « Ici, il a manqué 60 cm pour l’égaler. » Une demi-heure plus tôt, tandis que les militaires d’Arcachon, emmenés par l’adjudant-chef Jérôme Goussard et son adjoint l’adjudant-chef Christophe Corberand, préparaient l’intervention au pied de la départementale 3 inondée, Johann et Blandine s’employaient à nettoyer les outrages de la crues commis à leur maison de la rue du Moulin. Une triste première pour eux. 

« Je crois bien qu’on a été la dernière maison à être inondée », se désole la jeune femme. « Nous sommes là depuis vingt ans et jamais elle n’était montée si haut. Nous avons eu ce matin jusqu’à 20 cm dans le salon », confirme son mari. Mais dès mardi, ils avaient compris que Garonne ne se contenterait pas de leur « rendre visite » comme elle en l’habitude en se satisfaisant de laper leur jardin. « Nous avons pu déménager tous les meubles et les stocker chez nos voisins qui ont été extraordinaires. La veille, les pompiers et les agents de la mairie nous avaient également aidé à mettre à l’abri nos affaires de cuisine. » 

Dans ce coin du Marmandais, on est rompu aux débordements du fleuve. Et si le Covid s’emploie à éloigner les gens, paradoxalement la crue les rapproche. 

Plus loin à Taillebourg, au lieu-dit Bernus, Maryse a fait appel aux gendarmes pour qu’ils puissent mener son bateau, qu’elle ne sait pas conduire, à son fils. Celui-ci les attend de l’autre côté de sa peupleraie à 500 m environ. Mais c’est bien la seule contrariété de la retraitée qui vit seule avec ses deux chiens dans sa maison, depuis le décès de son mari il y a un peu plus d’un an. « Je suis née au village. La rivière, je la connais. Les crues, j’en ai vues et je peux dire qu’aucune ne se ressemble. Mais je n’étais pas inquiète. J’ai encore l’électricité et le téléphone. Et puis nous avons construit notre maison au niveau 1952. » 

Slalom entre les peupliers 

Comprendre par là que le niveau de l’habitation bâti sur une digue, correspond à celui de la crue de 1952, qui avait atteint alors des hauteurs exceptionnelles. « Nous sommes des gens du fleuve. Dès dimanche, on a bien vu qu’avec toute cette pluie et l’eau qui montait, il fallait anticiper. On connaît ses caprices », s’esclaffe-t-elle. 

Son fils, David, qui ne l’a pas vue depuis lundi soir, est bien moins serein sur l’autre rive. « Je n’aime pas la savoir seule. On ne sait pas ce qu’il peut arriver », confie-t-il, un bidon d’essence à la main et un sac sur le dos garni de pains. 

L’eau glacée et boueuse jusqu’aux genoux, les adjudants Goussard et Corberand tirent le bateau qui permettra à David d’aller rejoindre sa mère. Les gendarmes ont dû quitter leur embarcation barrée par la digue après avoir vainement essayé de trouver un passage en slalomant entre les peupliers et en se gardant d’heurter les panneaux de signalisation et les clôtures qui affleurent à la surface de l’eau. Le matin, ils avaient mené une infirmière prodiguer des soins à une autre personne isolée dans le quartier de Coussan à Marmande avant d’aller à Meilhan évacuer une autre naufragée de la crue qui n’avait plus le téléphone et l’électricité. Elle avait pourtant la veille refusé son extraction. C’est tout le contraire de Philippe. Ce retraité serait bien monté dans le bateau que les gendarmes ont convoyé jusqu’à ce bout de route inondée de Taillebourg afin de se rendre dans sa maison cernée par les eaux, à 300 m de là. « Je suis inquiet, avoue-t-il. On ne sait pas dans quel état elle est. Nous avons acheté il y a trois mois. On savait que c’était inondable, mais tout de même on pensait être peinard. » Comme un long fleuve tranquille. Mais tranquille, il ne l’est pas. « Garonne ne fait pas de cadeau », lui aurait dit Maryse.

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2021 02 05 SO Crues en Nouvelle-Aquitaine des records qui s'expliquent

2021 02 05 SO Crues en Nouvelle-Aquitaine des records qui s'expliquent2

2021 02 05 SO Une centaine de foyers restaient privés d'électricité

Sud-Ouest du 5 février 2021 

Des villages submergés et isolés 

INONDATIONS Les villages de Barie et Bassanne ont fini par être noyés sous la crue de la Garonne que l’on n’attendait pas si forte. Des dizaines d’habitants sont réfugiées dans les étages des maisons

2021 02 05 inondationsJeanine Tauzin, 84 ans, est ramenée sur la terre ferme. La dame, qui vivait seule à Barie avec son chat, a fini par être évacuée hier après-midi. PHOTO J. J. 

Les digues de Barie et de Bassanne, dans le Sud-Gironde, n’ont pas rompu. Mais elles ont été submergées comme personne ne s’y attendait. Vers minuit, dans la nuit de mercredi à jeudi, l’eau a quitté les champs du village de Barie pour se déverser dans le bourg et monter à plus de 1,50 mètre dans les maisons. 

« Les digues ont fait leur boulot, mais il y a trop d’eau», explique le maire Bernard Pagot, replié dans la mairie annexe du village de Castillon-de-Castets. La veille, tout le monde tablait sur une crue pas plus terrible que celle de décembre 2019. Mais, au petit matin, c’est la crue historique de 1981 qui faisait référence. 

«Un truc de pas normal» 

«On nous annonçait l’étal l’après-midi. À 9,30 mètres ça va. Mais en fait, on ne savait rien, peste l’élu. C’est Bruno Marty, le maire de La Réole, qui nous a mis la puce l’oreille le soir. Il a appelé pour nous dire qu’il y avait un truc de pas normal, que la Garonne remontait de 8 cm par heure.» 

À 9,60 mètres à minuit, la Garonne s’est déversée de toute part dans le casier de Barie-Castets, qui continuait de se remplir hier soir encore. Dans les yeux, des étendues d’eau à perte de vue. Dans les oreilles, le grondement de l’eau qui submerge les digues. Dans le nez, l’odeur du gas-oil des cuves qui se sont déversées. «Notre maison est devant la digue qui se fissurait par le bas. L’eau est montée jusqu’à la moitié du rez-de-chaussée. On a perdu toutes nos affaires en bas », raconte Sabrina et Jerry, qui avaient quitté les lieux dès mercredi soir. « Nos voisins sont âgés, ils ont demandé d’être évacués.» 

Évacuations 

Sur les 300 habitants du village de Barie, la moitié avait décidé de rester. Mais 14 personnes avaient finalement dû être évacuées hier après-midi en barque par les pompiers. Et aussi par Pascal, un habitant de Barie qui a fait le taxi avec son bateau. 

Vers 14 heures, Jeanine Tauzin, 84ans, accoste avec son chat et un sac d’affaires. Elle est sauvée. Un peu perdue, la dame a le regard embué. Au même moment, les pompiers ont embarqué les agents de la régie d’électricité pour gagner le village coupé du monde. Un transformateur électrique est en panne. Une quinzaine d’habitations sont sans électricité. 

Le téléphone de la secrétaire de mairie chauffe. Il faut prioriser les évacuations. D’abord les personnes âgées. Il faut aussi prévoir le ravitaillement de ceux qui n’avaient pas pris leurs dispositions malgré les alertes répétées depuis mardi matin. Et donner une réponse à un habitant qui demande le secours des pompiers car une couleuvre s’est réfugiée dans sa cuisine inondée. 

Plus tôt, dans la matinée, c’est le village voisin de Bassanne qui a connu le même destin que celui de Barie. En dix minutes, l’eau a recouvert la dernière route d’accès au bourg. Il est 10 h 45, on fuit à vélo, en voiture, en tracteur. Les agriculteurs sauvent en catastrophe un troupeau de moutons. Le maire Richard Gauthier tente de joindre les pompiers pour évacuer le moulin de Flaujague. « La personne qui y vit n’est plus en sécurité. La Garonne est là. Ça monte très vite de tous les côtés. Les nouvelles ne sont pas réjouissantes pour les heures à venir», glisse le maire, qui a aménagé son PC dans sa maison située sur les hauteurs. 

Plus la crue durera, plus ceux qui sont restés dans les villages auront besoin d’aide. «Ça ne redescendra pas avant samedi ou dimanche. À condition que la Garonne baisse à La Réole. On annonce la décrue partout, sauf ici », s’inquiète le maire de Barie, qui n’a pas dormi depuis deux jours. Ou quelques heures seulement et tout habillé. «Comme à l’armée», sourit Bernard Pagot, solide dans la tempête

2021 02 05 SO Un vendredi noir et humide en prévision

2021 02 05 c'est la désolation

2021 02 05 SO C'est la désolation

2021 02 05 SO A Sablons et à Guîtres l'eau a fait son retour

2021 02 05 SO En images le sud-gironde et le libournais sous les eaux

2021 02 05 SO En images le sud-gironde et le libournais sous les eaux2

2021 02 05 SO En images le sud-gironde et le libournais sous les eaux3

2021 02 05 SO Des villages prennent l'eau

2021 02 05 SO Des villages prennent l'eau2

2021 02 05 SO Des villages prennent l'eau3

2021 02 05 SO L'ensemble des réseaux d'eau est sinistré

2021 02 05 SO L'ensemble des réseaux d'eau est sinistré2

2021 02 05 SO L'ensemble des réseaux d'eau est sinistré3

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