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3 février 2021

Inondations

Sud-Ouest du 3 février 2021

2021 02 03 SO Barie en état de siège face aux crues

Sud-Ouest du 3 février 2021 

Un village se barricade derrière sa digue 

La digue qui ceinture Barie, village du Réolais, dans la plaine girondine de la Garonne, menace d’être débordée. Les habitants sont sur le pied de guerre

2021 02 03 un village se barricadeLes villageois se sont barricadés en attendant le pire. PHOTOS LAURENT THEILLET/ “SUD OUEST” 

Barie, mardi 2 février, 7 heures du matin. Les hommes de la réserve de la sécurité civile de ce village du Sud-Gironde sont sur le pont. Bottes aux pieds, béret ou casquette sur la tête. Depuis la veille, la Garonne s’est répandue dans la plaine alluviale du méandre de La Réole. Sur la rive gauche, Barie fait figure de camp retranché derrière la digue qui l’entoure et que l’on appelle ici « le casier de Barie ». 

L’eau passera-t-elle par-dessus ? C’est probable. « On fera de notre mieux, comme d’habitude. On verra bien ce soir », annonce le maire Bernard Pagot qui a l’œil rivé sur le niveau de l’étiage à Tonneins (47), en amont. Si la Garonne atteint 9 mètres là-bas, la digue de Barie prendra l’eau six heures après. 

Trois batardeaux à ériger 

Dans la petite mairie, la plupart des hommes réunis sont agriculteurs. Des anciens et des jeunes. Pour certains néoruraux, c’est le baptême de l’eau. Le maire et Guy Fazembat, l’ancien président du Syndicat des digues de Barie-Castets, distribuent les ordres de missions. Sans attendre que le jour se lève, il faut ériger trois batardeaux au niveau des routes qui coupent la digue en plusieurs endroits. 

Environ 8 km de digue en terre ceinturent tout le village. Les hommes se dirigent vers le séchoir à tabac, reconverti en hangar municipal. Le matériel est déjà chargé sur la remorque. Le tracteur s’élance, l’aube pointe à l’Est. Depuis trois ans, la commune s’est équipée de poutres en aluminium qui s’empilent dans des glissières pour empêcher l’eau d’entrer par les routes. Le fleuve est déjà là, de l’autre côté, à deux mètres. Il y a du courant. 

Aux jeunes de mettre en place les batardeaux sous le regard des anciens. « Avant, on utilisait des poutres en chêne. Elles se voilaient et puis ça pesait. On colmatait avec du plastique et encore avant avec du crottin de cheval », se rappelle Guy Fazembat, qui a connu la crue de 1952, « plus haute de 60cm que la crue de 81 ». 

Plan de sauvegarde activé 

Pendant ce temps à la mairie, Bernard Pagot s’apprête à diffuser un message d’alerte à tous les habitants. L’édile, agriculteur à la retraite, a activé le plan communal de sauvegarde (PCS). La veille, les habitants ont reçu un premier message d’avertissement. 

Ce mardi matin, c’est le coup de feu. Il faut évacuer les véhicules vers la commune voisine de Castets-et-Castillon. Il faut monter les biens dans les étages. « Il y a plus de matériel électroménager que dans le temps », fait-on remarquer. La solidarité entre voisins opère naturellement. 

Dans son message vocal, le maire indique aussi qu’il ne faudra pas dormir en rez-de-chaussée la nuit suivante. « L’automate appelle en cascade tant que la personne ne décroche pas. Ce matin, sur 150 appels, deux n’ont pas répondu. On va les voir ou on les rappelle. » 

La mairie déménage 

Le PCS prévoit aussi le déménagement de la mairie dans celle de Castets-et-Castillon à partir de 14 heures, au cas où. Et un lieu de repli pour les éventuels naufragés, dans la salle des fêtes du village voisin où ils seront accueillis par d’autres membres de la réserve. 

« La réserve, c’est 22 personnes. J’ai fait en sorte d’intégrer des nouveaux habitants. On est quelques anciens, mais on ne va pas durer. Ce que l’on sait, il faut qu’on le transmette. Il faut qu’ils aient les bonnes réactions et qu’ils connaissent le système », souligne Bernard Pagot. Dans le village où les maisons sont groupées sur des talus, on s’active. Ici on démonte le moteur du portail électrique. Là on utilise déjà le tracteur pour rejoindre des habitations. 

Annie Cams a évacué depuis la veille sa mère, Jeanine, âgée de 92 ans. Elle s’assure que tout est en ordre. « À 9 mètres à La Réole, l’eau entre dans la maison. On a monté à l’étage la tondeuse, les fauteuils et les pommes de terre. Il reste la gazinière. » 

Plus loin, les bêtes aussi ont été évacuées. Chèvres, chevaux, ânes, moutons et même « Dalaï » le lama ont migré ce mardi, à pied ou en bétaillère. Tout est en ordre à Barie, cernée par les eaux. L’assaut est imminent.

2021 02 03 un village se barricade2

 

2021 02 03 SO Sud-Gironde inondé le pic de la crue est redouté

2021 02 03 SO Sud-Gironde inondé le pic de la crue est redouté2

2021 02 03 SO Sud-Gironde inondé le pic de la crue est redouté3

2021 02 03 SO Des riverains contraints de réparer les digues

2021 02 03 SO Des riverains contraints de réparer les digues2

2021 02 03 SO Une voiture emportée par le Ciron en crue

2021 02 03 SO Une voiture emportée par le Ciron en crue2

2021 02 03 SO Un plan d'urgence à Villandraut

2021 02 03 SO Castets inaccessible depuis la rive droite

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