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9 décembre 2020

Centrale nucléaire

Sud-Ouest du 9 décembre 2020 

Nucléaire : bientôt l’heure de vérité 

INDUSTRIE Tandis qu’Emmanuel Macron visitait hier Framatome, l’Autorité de sûreté nucléaire dévoile ses conditions pour la poursuite d’exploitation des 32 réacteurs qui vont atteindre 40 ans

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2020 12 09 nucléaireLe cœur du réacteur de la centrale du Tricastin. PHOTO PHILIPPE DESMAZES/AFP

Si les plus vieux réacteurs nucléaires d’EDF étaient autorisés à tourner au-delà de leur quarantième anniversaire, ce serait au prix de travaux colossaux. L’ampleur de la tâche est dévoilée dans un projet de décision que l’Autorité de sûreté nucléaire a publié le 3 décembre. Il est ouvert à la consultation du public sur son site internet jusqu’au 15 janvier. 

Le document concerne les 32 réacteurs les plus anciens du pays, ceux de 900 MW (mégawatts). Ils ont été mis en service entre 1979 et 1988 sur huit sites différents, dont celui du Blayais en Gironde qui compte quatre tranches de ce type. Les deux autres centrales nucléaires du sud-ouest, Civaux dans la Vienne et Golfech dans le Tarn-et-Garonne, sont de conception plus récente. 

La poursuite d’activité de ces 32 réacteurs agite la filière depuis presque une décennie. L’enjeu est de taille. Ils représentent à peu près la moitié de la puissance nucléaire nationale, laquelle a généré 71 % de l’électricité domestique en 2019. S’ils devaient être tous réformés en l’espace de quelques années pour des raisons de sûreté, c’est le château de cartes de la France électrique qui s’écroulerait. 

C’était parti pour 40 ans 

À l’origine, on envisageait de ne pas excéder le cap des quarante ans pour les réacteurs de 900 MW. Mais leur prolongation jusqu’à un âge que les opposants au nucléaire jugent canonique ne serait pas une spécificité tricolore. « En France, l’autorisation initiale d’un réacteur est accordée sans limite de durée. En revanche, son examen approfondi est obligatoire tous les dix ans », rappelle Julien Collet, l’un des directeurs généraux adjoints de l’ASN. 

À cette occasion, on vérifie la robustesse des équipements cruciaux pour la sûreté : l’acier de la cuve où se produisent les réactions nucléaires à haute température et à haute pression, les tuyauteries, l’enceinte de confinement qui doit retenir la radioactivité en cas d’accident grave, etc. L’ASN analyse ensuite l’épais rapport issu de la visite décennale de l’installation et donne, ou non, l’autorisation de continuer. 

Valable au trentième anniversaire des réacteurs, le principe sera semblable au quarantième. Première de la liste des 32, la tranche n°1 de la centrale du Tricastin, dans la Drôme, en a déjà terminé avec sa quatrième visite décennale. L’enquête publique est programmée pour la mi-2021. À son terme, l’ASN statuera sur la prolongation du réacteur jusqu’à cinquante ans. Le gâteau d’anniversaire risque toutefois d’avoir un goût aussi salé que la facture. Préalable au feu vert délivré unité par unité, l’ASN va imposer un renforcement substantiel du niveau de sûreté qui rapprochera les 32 tranches de la nouvelle génération des réacteurs. L’EPR, dont le chantier interminable vire au comique de répétition à Flamanville, dans la Manche, est ainsi doté d’un récupérateur de corium, le magma brûlant composé de combustible nucléaire, d’acier fondu et de béton qui résulterait de la fusion du cœur du réacteur. 

Une telle catastrophe, similaire à celle de la centrale de Fukushima en mars 2011, «n’avait pas forcément été prise en compte lors de la conception» des 32 réacteurs français, indique Julien Collet. Le retour d’expérience du drame japonais commande aussi d’améliorer la sûreté des piscines où les barres d’uranium sont entreposées après usage sous plusieurs mètres d’eau. 

Un défi industriel pour EDF 

Les nouvelles spécifications ont été affinées au fil d’un dialogue entre l’ASN et EDF, avec l’appui technique des experts de l’IRSN, l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire. Quand elles seront inscrites dans le marbre, EDF devra passer aux travaux pratiques. Et les financer. Ce n’est pas le problème de l’ASN, qui évalue toutefois à 25% la part sûreté du coût du programme «grand carénage» d’EDF, estimé à 50 milliards d’euros – il concerne tous les réacteurs en fonctionnement, pas seulement ceux de 900 MW. 

Du côté de l’ASN, la confiance est relative. Le chaos de la construction de l’EPR ne plaide pas pour EDF. «On ne pourrait pas accepter que le calendrier glisse comme pour des installations neuves », avertit Bernard Doroszczuk, le président de l’ASN. « Les trois/ quatre prochaines années seront celles de la montée en puissance. À partir de 2021, quatre à cinq réacteurs seront concernés chaque année jusqu’en 2024 », poursuit-il. La capacité d’EDF et de ses prestataires à faire face au volume de travaux devra être multipliée par cinq, estime l’ASN. Ce sera tout sauf transitoire. En 2026, le réexamen de sûreté de la série suivante, les vingt réacteurs de 1300 MW, démarrera à son tour.

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2020 12 09 SO Centrale du Blayais un appel à la grève jeudi

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