Covid-19
Sud-Ouest du 5 décembre 2020
Sud-Ouest du 5 décembre 2020
Réveillons : pas de tables à rallonge
COVID-19 Pour les soirées du 25 et du 31, le gouvernement recommande de ne pas être plus de six adultes à table. Un choix beaucoup moins rigide qu’en Belgique. Explications
Selon un sondage, 68 % des Français comptent fêter Noël uniquement avec leur famille la plus proche. PHOTO SHUTTERSTOCK
C’est une certitude depuis plusieurs semaines déjà : ces fêtes de fin d’année ne ressembleront à aucune autre. La fermeture des bars, des restaurants et des boîtes de nuit l’a confirmée. Cependant, face à un virus qui circule toujours, la sphère privée n’échappera pas non plus à un regain de vigilance.
Jeudi soir, le Premier ministre l’a dit: pour les réveillons de Noël et du Nouvel An, il conviendra de ne pas être plus de sixadultes à table, sans compter les enfants. Dit autrement, ce sont donc des soirées en petit comité qui se profilent devant nous. Les plus optimistes se diront qu’ils limiteront, au moins, les risques de voir leurs agapes tourner au vinaigre…
«Cohérence»
Moins ironiquement, et preuve que le sujet ne prête pas à sourire, Jean Castex a saisi, sur ce point, la Haute Autorité de santé publique. Laquelle devrait rendre son avis en début de semaine prochaine.
En attendant, si ce chiffre de six maximum interpelle – pourquoi pas sept ou huit ? –, il fait surtout écho au protocole sanitaire imposé aux restaurants à partir du 6octobre dans les zones d’alerte maximale. En particulier à Paris et à Marseille. Mis en place pour contenir l’emballement de l’épidémie, ce nouveau train de mesures interdisait alors de dépasser sixpersonnes à table – enfants compris – contre dix les jours précédents. Un dispositif que la Haute Autorité de santé publique avait validé. Au ministère de la Santé, on plaide donc «la cohérence» entre cette mesure d’octobre – qui n’a pas empêché le reconfinement – et la recommandation qui entoure désormais les réveillons. «Six, c’est un repère qui permet de se situer, car il faut rester prudent», souligne-t-on avenue de Ségur.
Le 24 novembre, Emmanuel Macron ne disait pas autre chose : « Veillons à ne pas être trop nombreux à table et à aérer toutes les heures les pièces. » Mais, il ne s’agit que d’une recommandation, d’«un appel à l’esprit de responsabilité ». Une précision importante, car elle signifie qu’il n’y aura pas de contrôle, comme l’a précisé, mardi, le chef de l’État: «On ne va pas aller vérifier à la table de nos concitoyens. Il faut du bon sens et faire attention. On sait comment se passent les infections.» Derrière ces retrouvailles familiales, c’est bien la crainte d’une troisième vague qui inquiète aujourd’hui les autorités politiques et sanitaires.
Belgique : sanctions possibles
En attendant, la position française est autrement moins rigide que celle adoptée par la Belgique. En effet, pour les réveillons des 25 et 31décembre, les Belges ne pourront inviter qu’une seule personne. À l’exception de celles vivant seules, qui pourront inviter deux proches. « Chez nous, la deuxième vague a été moins forte en termes de décès, mais elle a touché beaucoup plus de monde et principalement des gens âgés de 40 à 65ans, nous indiquait, hier le député européen belge Marc Tarabella. Les soins intensifs ont failli être submergés. C’est ce qui explique la sévérité des autorités.» Et ce choix a fait consensus au sein du comité de concertation belge. «C’est une décision du gouvernement fédéral, appuyée par les régions, précise-t-il. Certes, la situation sanitaire s’améliore, mais il y a encore près de 120décès par jour.»
Les Français prêts à jouer le jeu
Autre différence notable avec la France, il ne s’agit pas d’une recommandation, mais bien d’une règle. C’est-à-dire que les contrevenants s’exposent à des sanctions. La ministre de l’Intérieur belge, Annelies Verlinden, a d’ailleurs prévenu: « Si un rassemblement festif bruyant ou important est signalé dans un espace clos, la police pourra intervenir. »
À trois semaines des vacances, les Français sont-ils prêts à se montrer raisonnables? Selon un récent sondage Ifop, pour le site médical Oredo, il semble que oui. En effet, deuxtiers (68%) d’entre eux comptent fêter Noël uniquement avec leur famille la plus proche (conjoint, enfants). Et à peine 10% des sondés prévoient d’être plus de 10, contre 33% l’an dernier. La moyenne pourrait être de cinq adultes autour de la table, contre 8,5 en 2019. Pour les familles nombreuses, il reste une option : la Norvège, où une jauge à dix a été autorisée.