Covid-19
Sud-Ouest du 3 décembre 2020
Un rapport accablant pour l’exécutif
COVID-19 Alors que le plan de vaccination du pays sera présenté ce soir, hier, la droite a étrillé la gestion de la pandémie
Voilà un télescopage servi sur un plateau d’argent. Alors que le Premier ministre présentera aujourd’hui, à 18h30, la stratégie vaccinale du pays, la droite a dévoilé, hier, les conclusions de la commission d’enquête parlementaire –qu’elle a pilotée –sur la gestion de la pandémie. Et celles-ci sont accablantes pour le pouvoir en place. «La France était mal armée et mal préparée», a résumé Damien Abad, le chef de file des députés LR à l’Assemblée. Et d’appuyer : «Nous avons manqué de souveraineté sanitaire sur quasiment tous les sujets.» De quoi placer l’exécutif dans les «meilleures» dispositions à l’heure où va se jouer, avec l’arrivée des vaccins, l’une des étapes les plus importantes pour la sortie de cette crise sans précédent.
Philippe et Raoult
Toutefois, l’atterrissage de ce rapport, qui ne sera rendu public que dans cinq jours, est déjà contesté. En effet, s’il a bien été adopté, les élus LREM ne l’ont pas voté. « Nous ne pouvions voter pour un rapport partial et partiel, et nous regrettons évidemment qu’il ne reflète absolument pas la qualité des auditions et des débats que nous avons menés», a expliqué le président de cette commission, le député LREM Julien Borowczyk. Parmi les personnalités entendues figuraient, entre autres, l’ancien Premier ministre Édouard Philippe et le professeur Didier Raoult, dont les prises de position en faveur de l’hydroxychloroquine ont suscité d’intenses controverses. Allant jusqu’à diviser la sphère médicale et politique.
Masques, tests : un échec
Le désaccord des députés macronistes sur ce rapport, n’a pas empêché Damien Abad de pointer du doigt toute une série de manquements, dont une partie directement imputable au gouvernement. Le député de l’Ain a ainsi dénoncé « un manque d’anticipation » et « une sousestimation du risque pandémique dans la hiérarchie des menaces ces dernières années.» Dit autrement, une absence de vision claire. Laquelle s’est notamment traduite par une «baisse des stocks stratégiques» en particulier de masques. Si cette évaporation s’est amorcée avant le quinquennat d’Emmanuel Macron, Damien Abad a néanmoins ciblé «une doctrine floue et non contraignante pour les employeurs, notamment les hôpitaux». Ce rapport confirmerait aussi ce que nombre de pays européens ont dû affronter : leur trop forte dépendance vis-à-vis de la Chine et de ses usines de fabrications de masques, mais aussi de médicaments. Une réalité qui, depuis, a conduit l’exécutif et le ministre de l’Économie Bruno Le Maire à mettre sur pied un plan de relocalisation de ces produits dits stratégiques.
Dans son exposé, Damien Abad n’a pas non plus manqué de rappeler la communication erratique du gouvernement ces derniers mois. Et ses messages «contradictoires». En particulier «sur les masques». «En Allemagne, souligne-t-il, le port du masque est soutenu par la chancelière dès le 15 avril ; en France, c’est le 20 juillet, trois mois plus tard, troismois de trop.» Un retard à l’allumage qui, selon lui, a «considérablement affaibli la capacité de résilience sanitaire de la France».
«Défaillance»
Au chapitre des ratés figure aussi, comme il l’a rappelé, l’application StopCovid : «Elle a coûté 6,5 millions d’euros pour seulement 300 alertes… » À écouter, les élus LR hier, la gestion de cette crise a révélé « un pilotage trop axé sur le ministère de la Santé, il n’y a pas eu assez de territorialisation ». À cet égard, la droite propose la création d’un ministère chargé de l’anticipation des crises. Et ce, afin de « développer une culture de la prévention des risques ». Dans ses conclusions, la commission revient également sur «les pesanteurs technocratiques » et la « défaillance » de la politique des tests.
Néanmoins, et Damien Abad l’a reconnu : «Le système de santé a tenu.» Toutefois, si tel était l’objectif numéro un du gouvernement, pour le député de l’Ain, l’hôpital n’a résisté « qu’au prix d’une déprogrammation massive de soins dévastatrice pour la santé des Français ». « Deux millions de séjours hospitaliers n’ont pas été réalisés pendant la première vague », a-t-il souligné. Pour la majorité, l’heure des comptes n’a pas encore sonné, mais elle se rapproche. Et, malgré l’importance des filets de sécurité déployés – chômage partiel, prêts garantis par l’État, plan de relance –, la séquence qui s’ouvre avec la vaccination risque de compter double