Privées de téléphone, des familles ne peuvent appeler les secours en cas d'urgence
Sud-Ouest du 24 octobre 2020
Ces familles sont isolées du monde depuis août
GAILLAN-EN-MÉDOC Privées de communications filaires depuis plus de deux mois, plusieurs d’entre-elles lancent un cri de détresse
«On en a ras la casquette». Domiciliés route du Luc-Blanc, dans la commune de Gaillan-en-Médoc, Robert et Liliane Cassou ont le sentiment d’être coupés du monde. «Depuis le 13 août, nous n’avons ni Internet, ni téléphone fixe, ni télévision», expliquent-ils. Une panne qui pèse de plus en plus sur le moral de ce couple de retraités âgés de 84 et 78 ans, d’autant que les nombreuses démarches effectuées depuis deux mois et demi pour obtenir un dépannage restent aujourd’hui vaines.
«Au début, l’assistance téléphonique d’Orange nous a fait vérifier si le problème ne venait pas de notre installation intérieure, mais ce n’était pas ça. Je me suis également rendu au point Orange de Lesparre où l’on m’a changé ma box d’origine pour une version plus moderne. Ils m’ont même fait les branchements. Pour me dire en conclusion que le problème venait du réseau», relate Robert Cassou.
La peur d’un problème de santé
Une panne confirmée par les services d’Orange, dont il reçoit régulièrement des messages sur son téléphone portable, lui indiquant que le désagrément subi a bien été pris en compte, et lui annonçant régulièrement des dates de dépannage. «Ce qui a poussé notre exaspération au maximum, c’est le dernier SMS du 12 octobre », poursuit-il. Un message dans lequel leur opérateur les informe que la date butoir du dérangement collectif est fixée au 31 octobre. Et que celui-ci attend une autorisation de travaux et de voiries pour intervenir sur le réseau enterré. « À intervalles réguliers, ils m’appellent pour me donner toujours la même réponse !»
Privés ainsi d’Internet, de téléphone et de télévision, Robert et Liliane Cassou se sentent d’autant plus isolés que leurs enfants et petits-enfants vivent loin d’ici. «Ce qui me manque le plus c’est de voir mon arrière-petit-fils, qui est en Martinique. On recevait des photos via un boîtier connecté à la télévision mais plus rien», s’attriste Liliane Cassou, qui s’inquiète également de ne pas pouvoir joindre les secours en cas d’urgence, le réseau mobile étant capricieux dans cette zone rurale. Comble de l’ironie : Robert Cassou a reçu sur son téléphone des SMS promotionnels de son opérateur et des informations sur le déploiement de la fibre optique.
«J’ai passé la nuit sur le sol»
«Ils ne sont déjà pas capables de réparer l’ADSL en deux mois et demi», réagit leur voisin Ludovic Saignac, lui aussi privé de toute communication filaire depuis le mois d’août. «Quand on a un coup de fil important à passer, on passe par la ligne fixe», explique ce papa d’une petite-fille polyhandicapée qui a récemment dû faire appel au 15.
Des secours dont aurait bien eu besoin Nicole Perroux, la sœur de Liliane Cassou, qui vit dans une maison à côté. «Un soir, je suis tombé, vers 23 heures. Mon compagnon n’a pu me relever. J’ai passé la nuit sur le sol», raconte cette femme de 80 ans qui ne se déplace plus qu’en déambulateur et porte un bracelet connecté à une assistance via Internet. Faute de réseau, elle a dû attendre l’arrivée de l’infirmière, le lendemain matin, pour être prise en charge.
«C’est grave!», alerte Robert Cassou, qui a informé le maire de la commune Gilles Cuypers. «Je suis intervenu auprès d’Orange, explique ce dernier. Le problème aurait son origine dans la défaillance d’un câble de très grande dimension qu’Orange doit changer. J’attends un retour sur la date d’intervention prévue mais cela semble être une opération lourde.» Mais pour les familles concernées, le temps commence à presser.