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23 septembre 2020

Lutte contre le moustique-tigre

2020 09 23 SO La nouvelle arme anti moustique tigre

Sud-Ouest du 23 septembre 2020 

Des espoirs dans la lutte contre le moustique-tigre 

SCIENCE Des équipes travaillent sur la dispersion de mâles stériles. Elle pourrait provoquer l’effondrement des populations de moustiques dans les zones infestées. Des essais sont programmés à La Réunion

2020 09 23 espoirsAedes albopictus, c’est-à-dire le moustique-tigre, était présent dans 58 départements de France métropolitaine à la fin 2019. PHOTO JAMES GATHANY/CENTERS FOR DISEASE CONTROL 

Les quartiers de l’agglomération de Bordeaux ou d’Agen qui servent de terrain de jeu au moustique-tigre seront-ils, un jour, survolés par des drones, qui lâcheront des dizaines de milliers de mâles vrombissants mais stériles ? L’hypothèse n’est pas si saugrenue. Alors que tous les épidermes de l’Hexagone semblent promis aux horripilantes boufioles provoquées par l’insecte, des équipes de recherche travaillent à des solutions novatrices. 

L’une des plus prometteuses consiste à « élever » des moustiques en laboratoire, à identifier les mâles, à les rendre stériles puis à les lâcher dans la nature. Le but : les faire entrer en compétition avec les mâles sauvages féconds pour tarir la descendance de l’espèce. Pour l’espèce humaine, la technique a l’incomparable avantage d’être, au pire, neutre: le mâle ne pique pas. «C’est une approche que l’on a déjà développée pour d’autres insectes, par exemple la mouche tsé-tsé, qui provoque la maladie du sommeil», indique Jérémy Bouyer, qui a notamment travaillé à son éradication dans une région du Sénégal. 

Entomologiste médical au Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement), coordonnateur du projet ERC Revolinc, l’intéressé travaille avec l’AIEA, l’Agence internationale de l’énergie atomique. Raison de ce partenariat, surprenant de prime abord : les moustiques sont stérilisés par irradiation, qu’il s’agisse de rayons X ou de rayons gamma. 

« On les irradie afin de provoquer des mutations chromosomiques aléatoires qui se retrouvent dans leur sperme. Résultat, les embryons de moustiques qui sont le fruit des accouplements avec les femelles sauvages ne sont pas viables. Toute la difficulté consiste à trouver le bon dosage : il faut que les mâles de laboratoire deviennent stériles sans altérer leur compétitivité sexuelle par rapport aux mâles sauvages. Si la manipulation les rend inopérants, les lâchers dans la nature n’ont pas d’utilité», explique Jérémy Bouyer. 

La lutte contre les frères Dalton 

Le scientifique travaille actuellement à La Réunion sur le moustique Aedes ægypti, le principal vecteur de la dengue, du chikungunya, de la fièvre jaune et de Zika. C’est un proche parent, Aedes albopictus, le moustique-tigre, qui colonise la métropole – 58 départements à la fin 2019 – après s’être installé outre-mer. Albopictus véhicule aussi ces maladies considérées comme tropicales (dengue, chikungunya, Zika). D’où le climat d’urgence qui entoure les travaux sur ces deux frères Dalton de l’ordre des diptères. 

Le Cirad devrait pouvoir procéder à des essais de terrain dès le début 2021 à La Réunion, sur la commune de Saint-Joseph. Les mâles stériles, produits en Autriche, seront porteurs d’une substance biocide (le pyriproxifene) qui fera son œuvre dans les gîtes larvaires. Les lâchers vont être effectués par drone, une technique validée il y a deux ans, au Brésil. «Le drone est idéal pour disperser des insectes dans des milieux urbanisés, où l’accès par le sol n’est pas aisé. C’est plus rapide et moins cher», ajoute Jérémy Bouyer. 

Des essais l’an passé 

À La Réunion, l’Institut de recherche pour le développement (IRD), mène également un programme qui, lui, cible spécifiquement le moustique-tigre. Les chercheurs travaillent depuis dix ans sur la piste de l’insecte stérile. «On a déjà procédé à trois lâchers en 2019, en quantité relativement faible. Il s’agissait de vérifier si les mâles stériles étaient capables de survivre et de se déplacer autant que les mâles sauvages. L’essai a été parfaitement concluant », indique Louis-Clément Gouagna, l’entomologiste médical qui coordonne l’opération. 

L’IRD est maintenant prêt à passer à l’action dans les environs de Saint-Denis. L’Institut peut produire 50 000 moustiques stériles par semaine sur l’île. L’aménagement d’une nouvelle unité devrait lui permette d’atteindre une capacité de 120 à 200000 insectes par semaine. On considère qu’il faut injecter cinq à dix fois le nombre de mâles sauvages dans une zone donnée pour obtenir des résultats significatifs. Les lâchers sont a priori programmés pour septembre prochain. 

« Si on maintient la pression au fil des générations de moustiques, on peut obtenir l’effondrement de leurs populations. Le but n’est pas forcément l’éradication, mais au moins la réduction significative du nombre de moustiques tigres pour prévenir les épidémies », souligne Louis-Clément Gouagna. 

«Un enjeu pour la France» 

Le dispositif actuellement développé à La Réunion pourrait, à l’avenir, être envisagé en métropole. Publié en juillet dernier, le rapport de l’Assemblée nationale sur la lutte contre la propagation des moustiques Aedes et les maladies vectorielles mentionne la technique de l’insecte stérile mais émet quelques réserves. 

Jérémy Bouyer, lui, se montre confiant dans le potentiel de cette piste de recherche : « 31 pays en sont au stade des essais techniques à partir de moustiques stériles. L’enjeu est très important pour la France. À l’avenir, si on ne fait rien, il y aura dans certains départements de la métropole suffisamment de moustiques Aedes pour favoriser la diffusion de la dengue, du chikungunya ou de Zika. Avec les insecticides, l’ambition se limite à assainir temporairement une zone réduite. Il faut viser bien plus haut», argumente-t-il.

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