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GIRONDE VIGILANTE
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8 septembre 2020

Plan d'intervention concernant une usine classée Seveso III seuil haut

Sud-Ouest du 8 septembre 2020 

Usine de nitrate d’ ammonium : le plan d’intervention interroge 

RIVE DROITE DE BORDEAUX Classée Seveso III seuil haut, l’usine Yara, à Ambès, stocke du nitrate d’ammonium. Le site fait l’objet d’un plan d’intervention en cas d’accident. Mais la nouvelle mouture suscite quelques réserves

2020 09 08 plan d'interventionLa capacité de l’usine Yara, implantée sur la presqu’île d’Ambès, est fixée à 2 500 tonnes sous forme de solution aqueuse. PHOTO FABIEN COTTEREAU 

La catastrophe survenue à Beyrouth, le 4août dernier, suite à l’explosion de 2750 tonnes de nitrate d’ammonium, a braqué les projecteurs sur cette substance utilisée pour produire des engrais. C’est elle qui, en 2001, était à l’origine de la catastrophe à l’usine AZF, à Toulouse. Un événement qui avait poussé les autorités françaises à renforcer la réglementation à laquelle sont soumis les sites stockant cette substance. En Gironde, la capacité de l’usine Yara, société norvégienne implantée sur la presqu’île d’Ambès depuis trente ans, est fixée à 2500 tonnes sous forme de solution aqueuse (NASC), réputée moins dangereuse qu’à l’état solide. Ce qui lui vaut d’être classée Seveso III seuil haut. 

Outre l’obligation de disposer d’un Plan d’opération interne (POI) en cas d’accident, le site d’Ambès doit également faire l’objet d’un Plan particulier d’intervention (PPI). D’autant qu’il est voisin d’un dépôt pétrolier lui aussi classé Seveso III seuil haut. « Établi sous la responsabilité de la préfète de la Gironde par un groupe de travail composé de l’exploitant, des principaux services de l’État, des collectivités et gestionnaires de voiries concernés », et revu tous les cinq ans, le PPI de 210 pages (1) fixe la marche à suivre si un accident survient. Cinq scénarios y sont évoqués correspondant à des périmètres allant jusqu’à 15km autour de l’usine. 80 communes sont ainsi concernées dans les arrondissements de Blaye, Bordeaux, Lesparre-Médoc et Libourne. Soit plus de 592 000 habitants. 

Consultation publique 

Déclenchement de la sirène d’alerte, bouclage de la zone, confinement ou évacuation des habitants, fermeture des routes, forces de secours mobilisées (sapeurs-pompiers, gendarmerie, Samu) services de l’État et collectivités concernées, le PPI définit le rôle que chacun doit jouer afin de protéger la population, selon les scénarii A, B, C, D ou E. «Le présent document décrit les scénarios accidentels, leurs effets, et recense les enjeux humains et matériels pouvant être impactés », décrit la préfecture. 

Soumis à consultation publique du 23 juin au 24 juillet 2020, ce nouveau PPI suscite des réserves chez certaines associations et conseils municipaux. Le Groupement interassociatif du Blayais a ainsi adressé un courrier à la préfète de Gironde dans lequel il regrette que seuls les scénarios A, B et C ne soient détaillés dans le document fourni lors de la consultation publique. Les six associations s’interrogent également sur les moyens d’alerte de la population et relèvent «l’insuffisance des éléments concernant les enjeux pour les établissements recevant du public dans les communes concernées par les scénarios A, B et C (Ambès, Macau, Ludon-Médoc, et Saint-Louis-de-Montferrand, NDLR)». À leurs yeux, «les enjeux en termes de transports collectifs, de personnes valides ou à mobilité réduite, de la présence ou pas de personnel accompagnant» auraient dû y figurer. La préfecture indique qu’un « courrier de réponse est en cours de finalisation par les services de l’État». 

«Réels doutes» 

Du côté des 80 communes, la consultation se poursuit, mais certaines ont déjà rendu leur avis. Le conseil municipal d’Ambès a ainsi exprimé de «réels doutes » sur la capacité des services de l’État à déployer le PPI dans un rayon de 15km en 60 minutes, « compte tenu de la baisse des effectifs de gendarmes et de fonctionnaires ». «C’est pour cela que je plaide pour un exercice une fois par an sur la presqu’île d’Ambès, souligne Kevin Subrenat, le maire d’Ambès. Le dernier remonte à février 2015.» 

Dans sa délibération du 7 juillet, la mairie de Macau s’interroge plus largement sur «la capacité et la volonté de l’entreprise Yara de respecter ses obligations en matière de prévention et de gestion des risques ». Idem à Saint-André-de-Cubzac. Dans ces deux communes, où l’extension du site d’Ambès n’enchante guère, les maires pointent du doigt plusieurs mises en demeure auxquelles Yara ne s’est pas conformé. 

En juillet dernier, après une première mise en demeure en février 2019, l’établissement a été placé sous astreinte financière de respecter certaines mesures de maîtrise des risques. « Cet arrêté ne portait pas sur la sécurité de stockage du NASC ou d’engrais à base de nitrate d’ammonium», dit la Dreal (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement). Il s’agit d’astreindre l’industriel à mettre en place un second dispositif de prévention de dispersion d’ammoniaque dans l’atmosphère en cas de fuite longue au cas où le premier dispositif de maîtrise des risques serait défaillant. 

Contacté, Denis Bathouet, le directeur de Yara à Ambès, assure qu’il répondra « à toutes les questions et remarques » qui lui seront remontées par la préfecture à propos du PPI. Pour ce qui est des mises en demeure, il indique que celles-ci nécessitent des « travaux complexes ». 

  1. Le Plan particulier d’intervention est accessible sur le site Internet de la préfecture de Gironde

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